lundi 29 octobre 2012

gossip

- Non mais Stephanie, c'est pas possible, elle est trop refaite. À l'intérieur ça passe encore mais sur la cover c'est pas possible.
(J'assiste à une conversation entre deux journalistes. Il s'agit de Stephanie Seymour, qui fait la couverture du Vogue entourée de deux autres mannequins.)
- Tu trouves ?
- Elle est botoxée de partout elle a la bouche refaite... Ah oui, moi ça me choque sur la cover. 
À mon intention cette fois : 
- Stéphanie moi je l'ai connue chez Elite, on lui faisait mettre des pantalons. Parce qu'elle prenait le métro avec des shorts comme ça (elle montre là où s'arrêtait le tissu du short, vers la ceinture de son jean). Elle avait seize ans mais elle couchait déjà avec John Casablancas qui avait trente ans de plus qu'elle. Ah le John, celui-là...
L'autre nuançant, façon bonne copine magnanime :
- Oui mais elle s'en est bien sortie après. Parce qu'elle était tellement tombée dans la drogue...


Moi ma drogue à moi, c'est l'amour. J'ai passé un bon week-end.

mardi 23 octobre 2012

le doux, le dur

Dimanche soir, dans l'appartement qui se situait dans la partie gauche d'une tache de Rorschach (voir le billet d'hier), j'assieds un moment sur mes genoux le petit garçon à la tête ronde. Il n'a toujours pas un an.
Avec application, il passe la paume de sa main ouverte sur ma joue, mon maxillaire et mon menton qui sont rugueux — je ne me suis pas rasé le matin. Sa main reste en l'air, ouverte encore à la suite de son mouvement, le visage est interrogatif, la bouche ouverte. L'expression d'étonnement le gagne sur celle de l'amusement.
Il recommence, à nouveau, plusieurs fois, comme pour mémoriser cette impression cutanée qu'il ne connaît pas. Il le fait sans fixer mon visage, pour garder cette sensation dans sa main. Le dur doux.

Ce lundi, j'ai rendez-vous tard le soir avec une amie qui veut me parler de je ne sais quoi. Je me déplace pour la rencontrer, à sa demande, et comme d'habitude elle est en retard. Elle ne s'excuse pas parce que c'est toujours de la faute de quelqu'un d'autre si elle est en retard, elle le dit avec une douceur qui m'apparaît, à cette occasion, proprement sadique.
Elle reste un long moment silencieuse sans savoir comment amorcer la conversation qu'elle souhaite tenir. Je ne peux guère l'aider car je n'en connais pas la teneur : j'imagine simplement qu'elle veut me faire payer un service qu'elle prétendait me rendre gratuitement, ce que de mon côté j'avais déjà anticipé depuis des mois.
La conversation pourtant s'envenime rapidement. J'en suis le premier surpris car je suis pas familier de ce mode de communication. Je m'aperçois que c'est impossible, pour moi, de discuter réellement avec elle : d'un côté elle distord la réalité, de l'autre elle refuse de regarder ce qui pourrait être de l'ordre de l'imaginaire, des projections. Il ne reste pas grand chose, donc, pour se rencontrer.
Je suis face à un mur de briques qui se décrit comme une douce brume. Le doux dur.

Je vais demain lui envoyer un chèque d'une somme que, malgré mes efforts, elle s'était arrangée pour que je ne lui paye pas, et que maintenant que je le lui fais remarquer, elle revendique d'un air outragé. C'était couru d'avance ; malgré la prévision, cela me semble pesant.

Je repense à la petite main du garçon à la tête ronde, et le o de sa bouche sans un mot, son application à apprendre et sa capacité à l'émerveillement. Cette immense gravité dans tant de légèreté.

lundi 22 octobre 2012

au-delà du miroir

J'ai bien suivi les instructions (code, bâtiment, escalier, étage) et pourtant je sonne à la porte de parfaits inconnus. Je suis dans l'immeuble miroir de celui où je dois me rendre, comme si je me promenais dans la tache de droite d'un test de Rorschach. Ce pourrait être aussi le début d'un film à la Matrix ou à la Inception où le réel se dédoublerait de lieux symétriques.
Une fois ma méprise comprise, je recommence le même trajet (code, bâtiment, escalier, étage), cette fois dans l'immeuble d'à côté, reconnaissant la cour commune, séparée en deux par une grille, que j'ai déjà traversée. Je ramène de mon excursion dans la quatrième dimension cette image de carrelage : les teintes me font penser à d'anciens tissus coptes, le motif m'évoque les taches d'un pelage et, dans un deuxième temps, les fleurs chères à Murakami.


jeudi 18 octobre 2012

labeur

Il faudra bien que je dise pourquoi le livre de Michaud, que dans un premier temps je qualifiais de satisfaisant, s'avère finalement un grand flop. Je fais allusion à Ibiza mon amour, enquête sur l'industrialisation du plaisir, dont j'ai aussi publié un extrait le 13 septembre.

Mais que signifie mon revirement d'appréciation ?
Si l'on s'en tient au titre principal, Ibiza mon amour, il n'y a rien à dire. On sent effectivement l'amoureux de l'ïle, et la dernière ligne du livre indique qu'il a été terminé à "Cala Tarida, San José, Ibiza, le 21 août 2011". Moi aussi, si j'avais trouvé quelqu'un pour me payer des mois d'écriture et de lecture à Ibiza, j'aurais dit oui, et rêvé de mettre un point final à l'ouvrage les yeux perdus dans la mer. 

No volem autopista. Les banderoles
fleurirent ici et là quand la construction
de l'autoroute se rapprocha. Moi j'avais
confectionné un débardeur militant
avec de l'eau de javel. Il existait un blog
en espagnol, bien nommé la cicatrice,
dénonçant jour après jour
les manœuvres politiques et financières
autour du projet.
À un premier niveau, Yves Michaud nous raconte Ibiza, et c'est un vrai plaisir pour qui, comme moi, partage sa passion : soit que l'on apprenne des choses que l'on ignorait (pour ma part, par exemple, le meurtre de l'assassin de Jaurès, Raoul Villain, réfugié là-bas), soit que l'on se délecte que des faits connus des habitués soient portés à la connaissance du plus grand nombre (les magouilles incroyables de la famille Matutes, dont l'affaire de l'autoroute et du golf par exemple).
Autour de l'histoire des discothèques, il restitue l'environnement festif qu'ont connu les gens de ma génération et d'avant. Et c'est bien de cela que vient l'attente du thème avancé en sous-titre de l'ouvrage : il est en effet impossible d'avoir vécu cet Ibiza-là sans s'être posé des questions précisément sur ce sujet, l'industrialisation du plaisir et de la fête.

Malheureusement j'attends toujours ce qu'Yves Michaud a à dire sur ce thème... Car si l'ouvrage débute par quelques chapitres tentant de nous démontrer que l'intellectuel a vraiment mouillé sa chemise, -– oui il y était dans la nuit ibicenca, oui il était dans telle boîte, oui il était sur le parking de telle autre... –, la plupart du temps, autant le dire, Yves Michaud plane à 5000 km au-dessus du sol.

Des touristes sur le départ interviewés à l'aéroport, qui ne sont venus que pour quelques jours, Michaud nous assure : "ils ont visité toutes les plages et les criques (calas) — qui ne sont pas nombreuses". Difficile de proférer une telle ânerie : les calas sont dizaines (ou centaines) et ces "voyageurs" de quelques jours se rendent invariablement vers les même spots, qui sont généralement un bar sur une plage plutôt qu'une plage en elle-même.

Grande thèse de l'ouvrage, l'hédonisme, "trait constant de l'expérience d'biza" a "été mythifié". Ah bon, auprès de qui ? Ces mêmes touristes qui viennent sur l'île ne connaissent en général rien de l'histoire du lieu (certains ignorent même tout de l'Espagne, la plupart seraient incapables de dire qui sont Raoul Hausmann et Lluis Sert).
La drogue a envahie la nuit d'Ibiza, et par là, elle est partie prenante du tourisme local. Pour Michaud, rien d'inquiétant ("Les discothèques font-elles tant de mal ? En tout cas elles n'en font pas aux affaires. Et pour les overdoses, il y a maintenant l'organisation adéquate. De quoi se plaindrait-on ?") si ce n'est l'arrivée des narco trafiquants!... Il faut dire que Michaud zappe singulièrement deux thèmes pourtant centraux de son enquête : la notion du groupe (et du plaisir en groupe) et la question de l'argent, balayée d'un revers de main dans la conclusion, page 330 du livre qui en contient... 331 :
"...la production industrielle du plaisir [...] prétend pouvoir satisfaire tous nos désirs.
Avec quel argent rétorquera-t-on ? Ce n'est pas un problème ! L'argent, on le cherchera par tous les moyens de la cupidité. [...] À Ibiza, le couple emblématique de la nuit c'est l'oligarque et la (le) putain, le milliardaire de la mode et la (le) putain, la vedette de publicité et la (le) putain".
À en croire Michaud, tous les touristes se payeraient leur vacances en se prostituant... Ben voyons.

C'est sans doute qu'il y a quelque chose du corps et de son inscription qui échappe à Michaud. C'est amusant de voir l'application qu'il met à décrire la nouvelle scène musicale (bibliographie à l'appui), quand il oublie de décrire les mutations de la danse, de ce que ces évolutions entraînent et signifient. De la même façon les effets des drogues ne sont pas analysés comme affectant l'être, le duo et le groupe. Non, c'est un thème traité quasiment uniquement du côté commercial, marchand. Et la sexualité : Michaud nous tartine des pages navrantes sur l'hédonisme, à aucun moment il ne questionne comment les gens vivent-ils vraiment leur sexualité ? Ces touristes qui pour la plupart louent des appartements et des chambres d'hôtels où ils sont entassés à plusieurs, qui sont surveillés dans les discothèques, sont bourrés d'alcool et/ou de drogue... : où quand, comment accèdent-ils à ce plaisir physique promis ?

Tout cela est donc bien rapidement vu.
Pour ma part j'en aurais tiré un autre ouvrage que l'auteur, Vicent Mari Tur, rencontré sur la plage grâce à des amis, m'a gentiment offert : Dones de Pagesa, Els treballs i els dies ( mot à mot : femmes de la campagne : les travaux et les jours). Un livre, cité dans celui de Michaud, qui a eu un grand succès local à sa sortie : il s'agit d'une succession de textes, portraits de vieilles femmes qui continuent de s'habiller à l'ancienne. Les photos, dont celle ci dessous qui fait la couverture du bouquin, sont aussi de l'auteur.


lundi 15 octobre 2012

nébuleux


Ce matin, incrédule, après le week-end gris et pluvieux, je considère le ciel dégagé. Je pointe le nez sur le balcon : je suis assailli par une bouffée d'odeur de jasmin. Quel bonheur ! 
Mais rien à faire, je ne suis vraiment pas matinal, la photo est aussi floue que mon esprit brumeux. Peut mieux faire.

lundi 8 octobre 2012

vos papiers !

Dimanche soir je rentre chez moi après quatre jours de séminaire intensif. Assez fatigué, mais heureux de ce qui s'y est déroulé. Encore dans le couloir du métro, je parcours les derniers mètres jusqu'aux marches qui mènent à la surface quand un bruit extrêmement violent, à la fois sourd et métallique, se fait entendre. Impossible de comprendre d'où cela provient. Du dehors, de l'intérieur ?
Arrivé dans la rue, je constate que, de l'autre côté du carrefour, se déroule une intervention de police "musclée". Il ne semble pas s'agir d'un simple contrôle de papier, plutôt d'une arrestation. Deux ou trois hommes appréhendés, au moins une dizaine de policiers... Je vois la scène de loin sans être sûr de rien, continuant mon chemin, je me questionne : ce bruit, serait-ce la détonation d'un flash ball ? Du coup, je lève les yeux vers les immeubles alentour : certains ont-ils entendu le bruit, y a-t-il des gens qui regardent l'arrestation depuis leur fenêtre ?
Rien. Personne (ou alors 38 témoins ?). Il fait presque nuit. Est-ce la fatigue, la luminosité particulière de la ville à cette heure ? Impression de marcher dans un film coloré où tout est banalité, indifférenciation, impression d'être dans le film et spectateur moi-même.
Mon regard s'arrête sur une fenêtre éclairée de rouge. 
Je me souviens qu'enfant, mon lit était collé contre une large fenêtre à trois battants coulissants qui donnait sur une cour immense, plus exactement un espace grand comme un stade, une succession de cours arborées enserrées ensemble dans une couronne d'immeubles. Quand l'heure était venue de dormir, que dans ma chambre la lumière avait été éteinte, mon regard errait sur toutes les façades assombries et leurs fenêtres illuminées, et elles étaient nombreuses. Je collectionnais les couleurs : une fenêtre éclairée de rouge, une plus orangée, une très bleu, une violemment blanche... Combien de différentes en aurais-je ce soir ? J'associais cette collection de lumière à d'autres carreaux de couleur : les petits papiers translucides qui emballaient les bonbons et que je conservais.


Les petits plaisirs de ma mère :
s'amuser avec la couleur de ses ongles.
Quelques jours auparavant j'ai rendu visite à ma mère. 
Subitement, en sa présence, je me souviens que, lors de ma visite précédente, je l'avais vue avec un livre que j'aurais eu plaisir à lire. Je lui avais alors demandé de me le garder. 
Ma mère, en effet, une fois qu'elle a terminé la lecture d'un ouvrage, l'expédie par la poste pour en faire profiter une de ses sœurs.
Cette fois c'est ma mémoire qui fait défaut.
- Tu te souviens, maman, quel livre tu étais en train de lire la dernière fois et qui m'avait fait envie ? Tu as pensé à me le mettre de côté ?
- Oui, bien sûr, il est là, dit-elle en quittant la pièce précipitamment et en revenant quelques secondes plus tard avec La carte et le territoire en main.
- Ah oui, le Houellebecq, c'est bien ça. C'est gentil, merci.
Je m'étonne intérieurement qu'elle ait pensé à me le réserver. Avant de comprendre ce qui s'est passé. Comme elle se sait oublieuse, ma mère développe des stratégies pour compenser ce symptôme. Elle a donc cessé la lecture du livre immédiatement après ma demande pour le mettre de côté. Sinon, le temps de finir sa lecture elle aurait bien entendu oublié ma requête et posté ce bouquin avec d'autres. Et elle le sait.
- Mais prends le temps de le terminer puisque tu l'avais commencé (je viens de trouver un marque page à la page 81). Regarde, tu avais déjà lu quatre-vingt pages.
-Mais non, ça ne fait rien, je le reprendrais après.
Je la regarde avec surprise prendre un petit bout de papier sur lequel elle note le numéro 81, papier qu'elle glisse au hasard dans un programme télé qui traîne sur sa table. Je sais qu'elle a pris l'habitude de noter les choses pour parer l'incapacité de les mémoriser. Je me demande si bientôt nous allons trouver ici et là, autour d'elle, des petits papiers cachés n'importe où, avec des mots et des chiffres sibyllins, censés lui rappeler on ne saura quoi, si ce n'est autant d'oublis, cette fois matérialisés.

mardi 2 octobre 2012

migration

Parce que j'ai promis à une ancienne connaissance, revue dimanche soir, de lui prêter le DVD des arrivants, j'ai pris le temps de le regarder à nouveau. Histoire de vérifier aussi que le film en ma possession, copie pirate venue des trottoirs de Marrakech, était tout bonnement utilisable. La deuxième vision n'émousse pas le choc et l'impression de tension extrême que j'avais ressentis la première fois au cinéma.

Documentaire de Claudine Boris et Pascal Chaignard (2010), le long métrage est tourné presque exclusivement dans les locaux de la Cafda (Coordination pour l'accueil des familles demandeuses d'asile). Arrivants et accueillants se partagent presque toujours l'écran, saisis dans le même plan, dans le même cadre : celui de la législation auxquels ils sont tous soumis, ceux qui demandent de l'aide et ceux qui demandent à en donner. 
Pas d'angélisme. La balance ne penche ni d'un côté ni de l'autre, exaspérants et touchants ils le sont tous tour à tour : le fléau est au centre. C'est Babel. La salle d'attente semble un radeau de naufragés. Certains viennent juste d'apprendre qu'ils sont en France, d'autres peinent à faire comprendre d'où ils viennent. On suit les péripéties d'une jeune Érythréenne enceinte de huit mois, d'un couple arrivé de Mongolie, d'une famille tamoule et d'un Éthiopien avec femme et bébé... Problème de traduction, pétage de plomb, paperasserie, mensonge et ignorance, tout s'imbrique, c'est parfois Kafka chez les Marx brothers. 
Pas de démonstration. Ce qu'il en reste, c'est l'impression d'une immense énergie vitale qui balaye tout.

lundi 1 octobre 2012

speed dating



-"C'est vrai, Marraine, que tu allais tous les dimanches à la messe!!?"
-"Bien sûr. À l'époque il n'y avait pas de discothèque, c'était la seule façon de voir du monde. Et de voir de quoi ils avaient l'air, les garçons du bourg, une fois qu'ils étaient rasés, lavés, bien habillés."
Ensuite, de savants jeux de regards, œillades appuyées et battements de paupières codaient  silencieusement le langage de l'intérêt et du désir, à la grâce de Dieu.

L'anecdote m'est racontée samedi midi par un cousin plus âgé que moi. La femme en question, qu'il avait questionnée, avait environ vingt ans dans les années trente. La scène décrite se passe dans un village du centre de la France, en Creuse. 
Autres temps.



"Lorsqu'une jeune fille a atteint l'âge de se marier, elle va tous les dimanches en robe de fête avec sa famille pour entendre la messe. Elle est ornée de chaînes d'or à son cou, une partie de la richesse de la famille (le même genre de chaînes qu'on voyait déjà sur les statuettes carthaginoises). Devant l'église, la jeune fille a la permission d'adresser des paroles cérémonieuses à de jeunes gens qui lui plaisent. À un jour fixé, les jeunes gens, parfois plus d'une douzaine, arrivent à la maison des parents de la jeune fille. Ces soirées, la plupart du temps c'est le jeudi ou le dimanche, se répètent chaque semaine. Alors, les garçons disant qu'ils vont a festajar (esp. cortejar - faire la cour, ibiz. faire la fête).

C'est une coutume inviolable que l'heure de la visite, c'est-à-dire deux heures, est divisée en minutes entre les aspirants. Arrivés à la sala de la maison des parents de la jeune fille, ils s'asseyent le long du banc de pierre ou sur des chaises rangées. Au milieu de la sala il y a trois chaises. Maintenant la jeune fille entre en robe de fête et traditionnellement un mouchoir à la main. Elle étale un drap de laine (abrigall) sur la chaise de gauche et s'assied dessus. Et la cour commence. Chacun à son tour, en observant sévèrement la règle des minutes permises, l'un des garçons après l'autre s'assied sur la chaise de droite, laissant celle du milieu libre, il met le pied gauche sur le rayon de la chaise du milieu. En cette position on fait une conversation très innocente en chuchotant. Les minutes de conversations passées, les autres garçons jettent des petites pierres, réservées dans leurs poches, pour le forcer de faire place à son successeur. Si la jeune fille est d'une beauté reconnue – et il y en a quelques unes –, et s'il y a plusieurs sœurs à a maison, les garçons amènent leurs amis et il y a parfois une grande société. En ces circonstances, la jeune fille peut festejar avec deux garçons à la fois, ce qu'elle sait faire très habilement et spirituellement ; car jusqu'au moment qu'elle a choisi, elle n'a pas la permission de préférer personne."
Raoul Hausmann, extrait de Recherches ethno-anthropologiques sur les Pituyses, Revue anthropologique, cité dans Raoul Hausmann architecte. 1933 1936, Ibiza, édition Fondation pour l'architecture.

Les photos d'aujourd'hui sont prises dans la lounge Cathy et David Guetta à l'aeroport d'Ibiza.
Les photos d'hier sont tirées, en haut du livre Ibiza de 1967 que j'ai déjà cité en légende dans le billet du 13 septembre (photo Joaquim Gomis), et en bas du livre noté ci-dessus.