jeudi 31 octobre 2013

baie rouge

En attendant la voiture qui va nous conduire à la baie d'Ha Long, je surfe sur le Net pour vérifier des informations lues hier sur le salaire moyen au Vietnam. On m'indiquait 40 euros. Mais les différentes sources d'Internet donnent des résultats très divergeants à ce sujet et même pour le smic : de 39 à 85 euros selon les publications. 
Ici la monnaie est le dông. On compte environ 30000 dôngs pour 1 euro. Autant dire que l'on est facilement millionnaire. 
Le trajet en minibus vers Ha Long permet d'avoir un aperçu des libertés prises, ou non, avec le code de la route. Par exemple rouler à contresens est concevable alors que ne pas respecter les vitesses autorisées semble tout à fait inimaginable. Ce qui est permis et ce qui ne l'est pas décrit parfois une société. Tout le long du chemin je remarque des banderoles rouges à la typographie jaune, des drapeaux vietnamiens (etoile jaune sur fond rouge) alternant d'autres qui portent la faucille et le marteau. Plusieurs fois les textes des calicots, incompréhensibles pour moi, montrent le chiffre 50 : j'imagine que l'on fête les 50 ans de quelque chose, mais quoi ? Ma connaissance de l'histoire du pays est trop limitée pour le deviner. 
Quelques jours auparavant, à l'aéroport de Hong Kong, entre les magnets, les porte-clefs et d'autres babioles "souvenirs de Hong Kong", j'étais tombé sur un petit cahier rouge, reliure ficelée à l'asiatique, qui affichait Mao en couverture.
Le grand timonier réduit à l'état de gadget graphique, comme la Marilyn Monroe de Warhol. Alors que les faucilles et les marteaux dans les rues vietnamiennes n'ont rien de second degré. 
Arrivé à Ha Long, jje questionne Marc, le français chez qui nous avons booké notre balade en bateau. C'est son beau fils, natif du pays, qui connaît la réponse à l'énigme des drapeaux : ce sont les 50 ans de la province de Quang Ninh que l'on celebre aujourd'hui. La fête est une affaire d'état.



mardi 29 octobre 2013

Hanoi la nuit

L'aéroport d'Hanoi est loin de la ville, une quarantaine de kilomètres. Nous arrivons vers 18h00, heure de Hong Kong, mais il faut retarder sa montre d'une heure. En taxi, avec la circulation, compter quarante cinq minutes pour rejoindre la ville. Le paysage est déjà nocturne, troué de lumières de toute sorte, aux habitats ridiculement bas par rapport aux forêts de buildings que nous venons de quitter. La campagne décline des gammes de verts sombres éminemment romantiques.
Nous arrivons à bon port, malgré les récits d'entourloupe qui entourent souvent les taxis à l'étranger (incompréhension feinte sur le prix de la course, arrêt chez un hôtelier ami, etc).
Les jeunes gens qui nous accueillent à l'hôtel sont d'un professionnalisme parfait. Nous logeons près du lac Hoan Kiém qui est dans la ville, dans le vieux Hanoi. 
Au fil des rues, nous découvrons des odeurs nouvelles, agréables, épicées. Et pour dîner un charmant mini restau absolument délicieux : le Gao De, rue Ta Hien. À conseiller. 






Arrivée à l'aéroport : ce qu'il ne faut pas faire, c'est s'en remettre à l'hôtesse d'accueil des informations touristiques. Loin de vous aider à vous y retrouver dans les vrais et les faux taxis, elle va plutôt tenter de vous vendre un service de taxi à 30 dollars américains ou plus, tout en tentant de vous inquiéter sur les taxis qui attendent dehors. Alors qu'en réalité c'est assez simple : à peine vous êtes sortis de l'aéroport, quelqu'un vous aborde pour vous proposer un taxi à 350000 dong. Et c'est le prix fixe classique, habituel, que payent les touristes, une douzaine d'euros. Et voilà, vous êtes en route !

départ


lundi 28 octobre 2013

au quotidien

Le temps file vite ici et j'imagine que tout séjour bref paraît trop court et trop long.
Trop long car les spots touristiques, les incontournables des guides professionnels, sont finalement peu nombreux ; trop court car la ville s'offre donc comme un lieu à vivre, à expérimenter. 
Un petit détail qui fait se sentir agréablement intégré, c'est la carte Octopus : une carte qui permet d'accéder à tous les transports publics, et qui se recharge à loisir (on peut aussi payer d'autres choses avec). Le genre d'objet qui simplifie la vie de tout le monde mais que notre RATP n'a toujours pas inventé. 
Donc, à Hong Kong, on circule facilement en bus, métro, tram et bateau. Sans compter les téléphériques ou le train qui gravit le Victoria peak avec parfois une pente de 45 degrés! 
Pour se déplacer à pied, on a parfois des surprises. Aller d'un point à un autre qui paraissent très proches sur un plan peut être plus compliqué que prévu : de grandes artères infranchissables obligent l'utilisation des footbridges, qui obligent, eux, à quelques détours ; ces passages relient halls d'immeuble ou lobbys d'hôtel lesquels se retrouvent ainsi servir d'espace public. 
On traverse aussi des centres commerciaux qui font passer l'avenue Montaigne pour un obscur LeaderPrice. 


Les transports et la carte Octopus : il existe différentes cartes Octopus, nous en avons utilisé deux modèles. 
L'une qui donne accès à deux trajets ville/aéroports et trois jours de métro illimités. Elle est valable aussi pour le Peak Tram, incontournable train qui permet d'accéder au Victoria Peak. En revanche, elle n'est pas acceptée dans les bus ou les ferrys.
L'autre est un modèle classique, que l'on recharge à volonté, acceptée partout. On l'a utilisée aussi pour payer les entrées à la piscine ! C'est d'autant plus pratique que dans les bus, le chauffeur ne rend pas la monnaie, il ne gère pas d'argent. On met son argent dans une sorte de tirelire, et si on met trop, tant pis pour vous. le chauffeur n'a pas accès au tiroir caisse pour vous rendre quoi que ce soit. Le prix est fixe, quelque soit la distance parcourue.

samedi 26 octobre 2013

pomme et gaufres

On m'a dit que Lee Keung Kee a désormais 11 adresses à Hong Kong et que celle-ci, proche de mon hôtel, est l'originale. Si j'en crois ce que je decrypte sur le petit sachet en papier dans lequel les gaufres sont servies, ça semble exact. 492 King's Road (vers North Point) est un coin de rue, et le petit guichet qui se signale par sa file d'attente se trouve en réalité dans la rue Kam Hong Street. 15 dollars la pièce, 28 les deux gaufres au lieu de 30, on a le sens du commerce en Chine.
Pendant que je donne ces détails utiles seulement au voyageur amateur de dessert, la batterie de mon iPhone se vide dangereusement. L'appareil n'a plus d'autonomie depuis mon arrivée sur l'île, il se décharge au bout de quelques heures. L'électricité y était-elle de mauvaise qualité?!!
Au magasin Apple que nous trouvons par hasard ce matin non loin du métro Causeway Bay, la foule est importante (c'est la sortie du iPhone 5) mais les vendeurs en nombre. Une jeune fille m'explique en souriant que non, une batterie ne peut se changer ainsi, il faut ouvrir la bête comme les crabes vus ici sur les marchés. Mon traducteur intégré Français/Apple affiche : c'est pour ta pomme. Je lui réponds par un sourire design de circonstance. 
Plus tard, me dirigeant vers le port pour prendre un ferry direction Lamma, je passe devant un autre magasin Apple que l'on m'avait décrit précédemment, tout transparent, au pied de la magnifique tour Two Ifc signée César Pelli. À Hong Kong, les gens semblent nés avec un smart phone dans la main, qu'ils consultent sans cesse. 
Lors de cette excursion sur l'île de Lamma, j'ai fait des photos de la centrale électrique, énorme avec ses trois cheminées, qui jouxte la plage la plus peuplée de l'endroit : drôle de spectacle qui serait impossible en Europe.
De retour, je m'interrogeais sur l'approvisionnement énergétique de Hong Kong quand je remarque que, sans explication, mon iPhone est toujours chargé après une journée de balade. Un vrai miracle! Est-ce la fée Apple que j'ai rencontrée ce matin en boutique ? Enfin, grâce à cela, j'ai pu faire ce soir ces photos de LKK, temple des gaufres de Hong Kong.

Les dollars locaux : 15 dollars la gaufre ? Il s'agit évidemment de dollars de Hong Kong. 10 dollars valent environ 1 euro.



Un reste de gaufre de chez LKK (ci-dessus l'échoppe de King's road)
Le magasin Apple de la tour Two Ifc.

vendredi 25 octobre 2013

vieilles branches

La ville et la nature entretiennent de drôle de rapports, assez semblables à ceux de la modernité et de la tradition qu'évoquait mon billet précédent. La juxtaposition n'est jamais sans effet. Parfois la nature semble choyée, vénérée, parfois elle est corsetée, réinterprétée comme dans l'art pictural asiatique, pouvant sembler, à des yeux occidentaux, une caricature d'elle-même.
Extrêmement touchant pour moi est le savoir-faire local de l'échafaudage en bambou. C'est à la fois la tradition et la nature au secours des monstres de béton qui s'élèvent ici. Ces cages de bambou empaquettent littéralement des immeubles entiers, ménageant coursives et passerelles, prenant à l'assaut les façades ou les footbridges, ces passages qui permettent de passer par-dessus les artères à grand trafic. Il y a de la sauvagerie et de l'humilité dans ces constructions faussement fragiles. Elles me rappellent toujours les cabanes de bois de l'artiste japonais Tadashi Kawamata, qui à dû intervenir ces jours-ci place Vendome, dans le cadre de la Fiac. 



chiffres

Ici la chambre 2806 n'est pas au deuxième étage, mais bien au vingt-huitième. Pourtant, l'immeuble paraît bien petit comparé à ses voisins qui le dépassent de beaucoup. Il ne possède pas d'étage 4, ni d'étage 14, ni de 24... : le quatre se prononçant comme le mot "mort", il est soigneusement évité.
Aujourd'hui nous sommes allés à la plage : Repulse Bay, Middle Bay, South Bay, Stanley Bay (à éviter!). Au sud de la première, un petit temple multiplie les divinités colorées façon parc d'attraction. Telle pierre gravée, telle statue, tel bol de métal sont à toucher ou caresser pour se voir accorder chance, vitalité, argent. Le petit pont arqué propose aussi son bonus magique : longévité accrue de trois jours. C'est peu, non ?


Les plages : ce qui est bon à savoir, c'est que l'eau est très sale. Toutes les plages, même les plus isolées, sont équipées de   cabines pour se changer, de douches, de wc publics, de filet anti requins, et protégées par des maîtres nageurs qui se relaient sans cesse. Si on se baigne (je l'ai fait deux fois) douche impérativement en sortant...
Contrairement à ce que certaines cartes laissent penser, on ne peut pas rejoindre à pied Repulse Bay et Stanley Bay, distantes de seulement 2 km environ. Une seule route, sans bas côtés ni trottoirs, rend la balade pédestre impossible : bus ou taxi obligatoires.

vendredi 18 octobre 2013

exercices de style 6

Au grand magasin Printemps Hommes, où décidément je ne trouve jamais rien à acheter, j'entends à côté de moi un jeune homme dire à un ami : 
- Mais ?... Il est en robe de chambre ?
Je me retourne pour découvrir l'étonnante silhouette commentée qui me fait plutôt penser à un quelqu'un échappé du salon Japan Expo. Et qui marche sans mouvement, tout en translation, comme s'il ne voulait pas que sa masse de cheveux bouge d'un iota. Occasion de publier un nouveau billet exercices de style...

"Dans un  parallélépipède rectangle se déplace le long d'une ligne droite d'équation 84 x+S=y, un homoïde A présentant une calotte sphérique entourée de deux sinusoïdes, au dessus d'une partie cylindrique de longueur l > n, présente un point d'impact avec un homoïde trivial B[...]"
 
Extrait du chapitre Géométrique, Exercices de style, de Raymond Queneau, Gallimard.

lundi 14 octobre 2013

wonder women

"La chair est triste, hélas!...", voici une phrase que, n'en déplaise à Mallarmé, le Cabaret New Burlesque rend définitivement has been. 

Les artistes, stars du film Tournée en 2010 (Matthieu Amalric), sont jusqu'au 18 octobre au Rond-Point, salle Renaud Barrault, pour 1 h 25 de strip tease comico-poetico-rebelle. Expertes en épices et en assaisonnement, ces femmes savent que tout l'art de la "bonne chair" est affaire de doigté et de mesure. Avec Pierrick Sorin à la mise en scène, digne fils d'un accouplement partouzard de Mélies, Tati et Mr. Bean, tout est subtilement décalé, moderne, déglingué, merveilleux, drôle, enfantin..., sans rien perdre de l'esprit cabaret d'origine.
Les numéros des "filles" (Mimi le Meaux, Dirty Martini, Julie Atlas Muz, Catherine D'Lish... + un dresseur d'orque...) sont présentés par Kitten on the Keys qui nous régale d'un répertoire de chansons éclectique (Satellite of Love, Lollipops of Anises...)
Un concentré de belle énergie, joyeusement dissident, inclassable.

Algérie, années 50 et 60

« Les hommes du village découvrent la situation tragique qui les condamne à fuir dans la nature à chaque ratissage. Ils sont contraints de laisser les femmes affronter seules les soldats. Retenant leur souffle, à l'écoute du moindre bruit, ils ne peuvent que serrer les poings dans leur trou. Le travail de la terre ne se fait plus et la famille en subit les conséquences. C'est encore plus de misère. Mais leur vie ne tient qu'à un fil. S'ils se cachent et qu'ils sont découverts, une rafale ou une grenade les attendent. S'ils ne se cachent pas, ils risquent de se faire tirer dessus, ou s'ils sont arrêtés d'être torturés, car l'armée française va les prendre pour des "fellaghas". Mais si, par chance, l'homme est libéré et revient au village, il devient suspect aux yeux de nos chefs. Le raisonnement de ces derniers est simple : si l'homme est libéré, c'est qu'il a parlé. Il se voit infliger un premier avertissement. S'il réchappe une seconde fois des griffes de l'armée, alors c'est le risque d'une grave suspicion. Il n'y a pas beaucoup de solutions pour rester en vie... »

Extrait de La Temesguida, une enfance dans la guerre d'Algérie, de Aïssa Touati avec Régis Guyotat, éd. Gallimard, coll. Témoins.

jeudi 10 octobre 2013

la vie rêvée

J'ai déjà parlé de la curiosité que suscite en moi l'étrangeté de ma mère, la façon souvent inattendue dont s'exprime un dysfonctionnement nouveau ou que je n'avais pas encore noté.
Ces derniers jours je fais de nouvelles découvertes, et je serais presque tenter d'explorer son univers mental actuel si je ne savais trop bien que dans une semaine les observations faites n'auront déjà plus de sens. 
Certaines de ces bizarreries font irruption dans le cours d'un processus qui paraissait simple et le foutent par terre. Exemple : impossible maintenant de demander à ma mère par téléphone qu'elles sont les quelques denrées présentes dans son réfrigérateur, dans le but de faire des courses cohérentes. Elle lâche le combiné, va à la cuisine, peut être se perd en chemin ou oublie le but de sa recherche ? Bientôt je l'entends m'appeler au loin dans l'appartement, elle s'attend à ce que je m'extraie du fil du téléphone pour venir la rejoindre. Par chance elle revient et re saisit le combiné, incapable pourtant de s'acquitter de la mission qui lui avait été confiée.

La dernière fois, je lui donne ce vernis bleu pâle, elle avait les ongles
argent. Cette fois ils sont rouge corail, et plutôt mal laqués.
Je me demande si elle va devenir maladroite manuellement à l'avenir.
Elle dit : "même mes doigts sont moches maintenant".
D'autres étrangetés ouvrent en revanche sur un monde fantastique. Ce soir au cours du dîner qui nous réunit, maman me montre une nouvelle bouteille de vin, un madiran, qui n'est pas celui qu'elle à coutume d'acheter. 
-"D'habitude il est là, dit-elle en montrant un niveau de la bouteille, alors que maintenant il est là", pointant une ligne imaginaire à un niveau plus élevé du verre.
Je pense qu'elle fait allusion à des quantités de vin qui diffèrent dans la bouteille. En réalité il n'en est rien. Elle associe joliment la hauteur du rayonnage où elle a trouvé ces différents vins dans le magasin, et l'endroit où le mot madiran est inscrit sur la bouteille.
Celui qu'elle achète d'habitude est présent sur les rayonnages bas du magasin, et le mot madiran est inscrit dans la partie basse de l'étiquette. Celui qu'elle a pris cette fois était rangé sur un rayon plus haut, et le mot madiran est inscrit dans la partie haute de l'étiquette.
Et tout cela a donc l'allure d'une évidence parfaite.

mercredi 9 octobre 2013

Penone


















A Versailles les sculptures de Giuseppe Penone sont encore visibles jusqu'à la fin du mois. Il y a celles mises en place dans le jardin, mais aussi trois œuvres à l'intérieur du château, dont une étrange installation de mur de feuilles de thé, Respirare l'ombra, (photo en bas à gauche).


mardi 8 octobre 2013

hardis radis

Balcon bio contre jardin pro, le match des radis s'achève ex aequo côté gustatif. 
Pour le look en revanche, c'est un peu Laurel et Hardy...


mardi 1 octobre 2013

la vie des automates

Depuis que j'ai reçu un commentaire spam auquel je faisais allusion dans le billet couleur Maroc, j'en reçois régulièrement. C'est peut-être ce qui arrive aux blogs consultés, je n'en sais rien. Le tout dernier m'a fait rire, sur mon "post" titré courant. Le voici.

I think what you publisheԁ was very lοgical.
Howeveг, thіnk about thiѕ,
supposе you ωrote a catсhiеr title?
І am nott suggesting youг infοrmаtіоn іѕn't good.,
however suppose yοu added а post tіtle that grаbbed peoрle's attentiοn?

Ι mean "courant" is kinda borіng. Yoou mіght look
at Yahοo'ѕ home pаge anԁ wаtch hоω they creatе poѕt titles tο grab viewers іnterested.

You mіght try addіng a viԁeo or a
picturе or two to gгаb reaԁers intereѕted abοut everything've
ωritten. Just my οpinion, it would
make youг pοѕtѕ a little livеlier.


A la fin il tente de renvoyer sur un lien Dubai hotels qui ne fonctionne pas.

Le même billet, je m'en rends compte maintenant en cherchant dans ma boîte mail, avait aussi reçu celui-ci, glissant au final le lien pour un site de bus équipé façon discothèque :

Wonderful post but I was wanting to know if you could write a litte more on this topic?
I'd be very thankful if you could elaborate a little bit further.
Thank you!

Tout ça sur un billet de quelques lignes qui n'était que tendresse pour le gentil A.

étoiles

idées reçues

C'est au square, celui que j'évoquais dans le billet pelouse, et ce sont des mini-histoires entrevues là-bas. Il n'est plus temps d'y retourner malgré la clémence de la météo, et je vous les livre comme pour clore l'été.
D'abord il y a cette scène sans parole. Trois jeunes gens, des grands ados d'aujourd'hui avec barbes naissances et tornade capillaire sur le crâne, plutôt cinquième que dix-huitième arrondissement. Trois, mais curieusement deux seuls d'entre eux sont en grande conversation, le troisième plongé dans un livre, comme moi au moment où je les observe, trop loin pour entendre ce qui se dit. Le temps passe sans rien changer à cette configuration, l'un rivé à son bouquin, les deux autres bavards, s'esclaffant, s'animant, gigotant. Cette cohabitation dure tant que j'imagine un moment que peut-être ils ne sont pas ensemble. Je me redresse, les regarde mieux : si, ils partagent bien le même paréo posé sur le gazon. 
C'est ainsi que je remarque le format du livre qui monopolise l'attention du jeune homme : visiblement un format plus grand qu'un roman classique, une couverture qui parait rigide, cartonnée. La curiosité me fait m'extraire de mes travaux pour observer ce lecteur d'été. Il est concentré et expressif. Par moment il semble opiner du chef pour donner son consentement, parfois encore il a une mimique appuyée qui dirait "ah ben ça c'est culotté" ou bien "chapeau, c'est gonflé". Je reste longtemps l'air faussement tourné vers mon livre mais en réalité guettant le sien, espérant un mouvement, quelque chose qui me fasse entrevoir la couverture. Soudain ça y est, va se découvrir quel auteur, quel savoir nourrit cet esprit délaissant ses amis, exclusivement tourné vers le texte ? C'est un livre de cuisine : La Cuillère d'argent, spécial pâtes, chez Phaidon.

L'autre scène est au contraire toute de paroles. C'est un jeune homme, seul, en débardeur et pantalon de sport blancs, les cheveux noir corbeau et la peau pain d'épices. Il est au téléphone :
- Oui je prends le soleil, enfin, c'est pas le soleil du pays mais c'est déjà ça.
(...)
- La Turquie.
(...)
- Mais non, la Turquie, je ne suis pas arabe.
(...)
- Mais faut arrêter de tout mélanger, nous on n'est pas arabes, ça n'a rien à voir, y'a que la religion qui est pareille. Nous on est évolués, on est en voie de développement.

Ajoutée après coup, la photo de ce tee-shirt stambouliote
qui m'a toujours amusé...