dimanche 30 mars 2014

mapplethorpe, vivant

Ce n'est donc pas avec ce qui est donné à voir dans l'exposition "taxidermiée", désincarnée, du Grand-Palais que l'on rencontrera Robert Mapplethorpe.

Il est plutôt à faire surgir entre les lignes.

Un seul polaroïd il me semble montre David Croland : c'est pourtant le jeune homme à l'origine de la rupture avec Patti Smith qui découvrira (plus ou moins choquée selon les versions) que les deux hommes ont une liaison depuis plusieurs mois. 
Importance biographique, c'est David, à l'époque mannequin, qui ouvrira à Robert les portes d'un certain milieu artistique et mondain dans lequel lui est déjà introduit. On les voit tous les deux, à cette époque, sur cette vidéo : "Robert Having His Nipple Pierced". 
C'est aussi par l'intermédiaire de David que Sam Wagstaff et Robert se rencontreront, Sam dont j'avais dit quelques mots précédemment ici, et qui, lui, est assez présent dans l'exposition : plusieurs polaroïds et un grand portrait.

La drôle de photo décentrée qui montre une moitié de visage et deux prises électriques, c'est le portrait de John McKendry : encore un initiateur. C'est lui qui offre son premier Polaroïd à Robert. Conservateur du département photo au Métropolitan Museum, il est aussi de ceux qui élargiront l'univers culturel et social du jeune Mapplethorpe.

Dans l'exposition, on ne coupe pas au petit cabinet interdit au moins de 16 ans qui contient les photographies soi-disant sulfureuses. Sans commentaires. Seul amusement, l'entrée est surveillée par deux gardes que l'on pourrait imaginer modèles d'un jour de Mapplethorpe. En sortant, avec l'amie qui m'accompagne, on les photographie maladroitement (c'est-à-dire trop loin pour que la photo soit bonne et trop près pour être discrets), et ils s'en amusent.
Enfin un peu de vie.
City Boy, de Edmund White (éd. Bloomsbury),
Dans la vie noire et blanche de Robert Mapplethorpe,
de Judith Benhamou-Huet, (éd. grasset), Polaroids
Mapplethorpe,
Sylvia Wolf (éd. Prestel).



vendredi 28 mars 2014

mapplethorpe, mort

C'est parti et cela dure jusqu'au 13 juillet.

L'exposition Mapplethorpe a ouvert ses portes au Grand palais. Petite déception pour ceux qui, comme moi, connaissent assez bien l'oeuvre et auraient eu envie d'une déferlante d'images inédites.

À vouloir insister sur la dimension "classique" du travail du photographe, la scénographie laisse peu de place à la personnalité de l'artiste et au contexte des années 70-80.
Disons que, singulier paradoxe, l'exposition manque cruellement de chair. Les pièces les plus touchantes, du coup, sont sans doute les Polaroïds montrés à la fin du parcours, et cette petite boîte à la Joseph Cornell dont Patti Smith raconte la genèse dans l'émission "Comme on nous parle", lien ici.

Le plaisir esthétique s'en trouve, pour moi, légèrement alourdi de nostalgie, souillé d'une tristesse sourde. Comme s'il fallait comprendre que, décidément, de Robert Mapplethorpe il ne nous reste que des images, et rien de son souffle, de son esprit. 
Exposition n'est pas résurrection, ok, c'est noté.



mercredi 26 mars 2014

le regard de l'autre

Il ne m'a pas trop plu le livre de Mezescaze que je citais ici. Les passages qui m'ont le plus touché sont ceux qui relatent les moments passés avec Denis Dailleux au Caire, vignettes cependant anecdotiques dans le texte centré autour des morts qui ont marqués la vie de l'auteur.


Parmi les modèles de Dailleux il y a ce jeune photographié sur la tombe de son grand-père, des glaïeuls à la main et qui "propose que nous revenions le photographier demain encore : il s'habillera mieux". Tellement égyptien !
Ou cet autre, qui fait la couverture du livre, saisi au sortir du Nil, un endroit où les enfants plongent à loisir : un visage ingrat, entre poisson et tortue, mais qui est préféré par Dailleux aux autres garçons.
"Il sait qu'il n'est pas beau, qu'il est différent des autres. D'ailleurs, ses copains accourent et font valoir leurs muscles et leurs minois avenants pour capter l'objectif. Mais Denis persiste, il tourne autour du garçon et lui parle pendant qu'il le mitraille. Après quelques instants d'inquiétude et de réserve, le visage du gamin s'épanouit, il esquisse un sourire, son regard s'agrandit et s'éloigne de l'appareil pour englober tout le panorama des berges. (...) A la fin de la pose il s'est échappé sans vouloir répondre aux questions de Denis, il a seulement baisé la paume de sa main et jeté le bras dans notre direction en guise de salut."

Il y a une vingtaine d'années, je faisais régulièrement des croquis lors de mes voyages, et j'avais noté le plaisir des égyptiens à être regardés, pris en photos, dessinés. 
Dans les cafés où, après des heures de marche dans la poussière de la ville, je m'installais et croquais quelques consommateurs, il n'était pas rare que certains d'entre eux, notant mon regard,  prennent la pose, rechignant ensuite à changer de position quitte à s'extraire de l'animation de la table qu'ils partageaient. Ce furent des moments de rencontre et de complicité muettes très intenses.






instinct primaire


Marre, parfois, des choses "bonnes" pour la santé. Merde à l'émincé de fadeur sauce nada, servi avec ses graines germées, son quinoa à l'oméga 3 et ses baies de canneberge séchées.

Ce midi je veux du lourd, qui ralentit le sang, qui bouche les artères, qui ternit le teint, qui encombre les boyaux. Du qui gargouille. 
Du qui empourpre et qui flamboie.

(A propos de couleurs, connaissez-vous ce formidable dictionnaire, Pourpre.com ?)

mardi 25 mars 2014

bec et ongles

Je suis passé voir ma mère dimanche en fin d'après-midi, après une journée de travail avec des collègues qui s'était déroulée non loin de chez elle. J'achète quantité de gâteaux avec l'idée de prendre le thé avec elle, il est environ 17h30 quand j'arrive à son appartement.

La dernière fois que je lui ai rendu visite, je n'étais pas très fier : j'ai senti qu'elle m'énervait et que mes réponses s'en ressentaient. Je me suis souvenu d'une amie qui, lorsque sa propre mère a commencé à devenir sourde, s'en avouait extrêmement agacée.

La gentille dinguerie de maman transforme la communication en un exercice fatiguant : percevoir, interpréter, faire répéter, répéter soi-même, évaluer ce qui est important ou non de comprendre (ou de lui expliquer) et ce sur quoi on peut glisser... Le tout avec une petite dame qui passe du coq-à-l'âne, oublie instantanément ou au contraire insiste sur les mêmes phrases et les mêmes questions plusieurs fois, sans assimiler les réponses pour autant.

Quand j'arrive donc, je retrouve cette femme qui diminue, un peu maigre et tordue, qui ouvre la porte en disant : "je suis contente." Ce ne sont jamais des retrouvailles pourtant : l'inquiétude est là, à guetter ce qui va être pire, ce qui va être nouveau, quel nouveau talent lui aura donné la folie.
Ce qui se retrouve : la robe noire qu'elle ne quitte pratiquement plus, et quelques anecdotes qu'elle relate sans cesse. Pour le reste, faire avec.

Je m'aperçois que je ne sais pas si elle possède du thé chez elle. Elle-même n'en sait rien. Je cherche dans les placards et tombe rapidement sur deux boîtes. Nous mettons de l'eau à chauffer. Maman me demande s'il faut mettre du sel dans l'eau.
-"Non maman, pour le thé on n'en met pas."
-"Oh, il y en a qui en mette", répond-elle avec un aplomb tranquille. Elle se voit devenir folle dans ces petits détails et s'en défend toujours, bec et ongles.

Après elle confesse qu'elle ne va pas bien, qu'elle a regardé des photos, qu'elle n'aurait pas dû. Sur la table traîne un album que j'ai déjà mentionné ici, un recueil de photos d'amoureux.
-"je l'ai encore engueulé de m'avoir quitté trop tôt, ça fait longtemps".
Elle fait évidemment allusion à mon père, mort en fin d'année 2000. Ce sont des photos qu'elle regarde souvent mais cette fois elle a les larmes au yeux : cela ne lui arrive que très rarement, elle adopte plus volontiers un mode défensif, vaguement agressif ou blagueur. Elle dit :
-"Je me suis prise en photo", puis s'arrête, bloquée par l'émotion.
-"C'est papa qui a pris les photos". Je n'ai plus de repères concernant l'intérêt de lui restituer la réalité. Elle fait une moue qui signifie aussi bien qu'elle sait, ou que cela n'a pas d'importance, et sans doute cela n'en a plus.
-"Qu'est-ce qui te fait de la peine dans ces photos ? C'est de voir papa ou de te revoir toi ?"
-"C'est de nous voir ensemble."

Cette humeur maussade s'efface comme le reste, le vent de l'oubli balaye tout dans la pièce.
-"Tu veux du vin ?" propose-t-elle. 
-"Mais non maman, on va prendre le thé maintenant."
-"Oui. Tu veux du café ?"

J'accepte qu'elle m'accompagne jusqu'au métro. Elle se montre toujours très heureuse de marcher dans la rue avec moi, maintenant elle m'agrippe la main comme le ferait un enfant. Je sais qu'elle connaît le chemin pour y aller, et pour revenir chez elle.
Elle redit comme elle est contente de me voir puis que c'est dommage que je mange trop. Je comprends assez vite ce qu'elle tente de signifier, j'essaye de lui faire trouver le bon mot mais quand elle fait trop d'efforts, parfois cela la rend plus dingue encore et je n'ai pas envie qu'elle panique alors qu'elle doit rentrer seule ensuite.
-"Tu veux dire que tu trouves que je travaille trop ?"
-"Oui, c'est ça. Arrhh, j'ai vraiment l'impression d'avoir cent ans!"

mercredi 19 mars 2014

un blanc


Un blanc, comme on dit avoir un blanc, une absence.

Je "re-post" assez rarement les envois que l'on m'adresse, mais ce matin cette image m'arrive alors que je me laissais justement bercer par l'imaginaire que suscite l'étrange disparition du Boeing de Malaysia Airlines.

Disparaître. "Devenir transparent", me chuchotait l'autre jour un homme sur le mode de l'aveu, comme une délicieuse soumission à ne devenir rien, pouvoir se soustraire, donc se permettre tout.

Plus prosaïquement je tenais le compte des personnalités (politiques, humoristes etc.) qui ont fait l'actualité ces derniers mois et que j'enverrais bien dans le grand nulle part du triangle des Bermudes.

(Merci pour l'envoi Marina...)

lundi 17 mars 2014

ranger


Je n'ai pas encore eu le temps d'aller jusque la rue Lamarck (75018) pour voir la boutique de La Manufacture nouvelle. 
Mais à priori j'aime bien ce concept d'étagère tout simple : deux faux livres dissimulent le système de fixation d'une planche de chêne, et maintiennent les ouvrages qui viendront s'y poser.
Plusieurs longueurs et profondeurs sont possibles.

Je me laisse tenter ? Qu'en pensez-vous ?

dimanche 16 mars 2014

rêves et cauchemars

Et puisque j'en étais, avec Joselito, à partager ce que je découvre après tout le monde, voici deux autres univers très différents.

Dressie et Casie, frères jumeaux, Transvall
Occidental, 1993. www.kamelmennour.com


Le premier est celui du photographe Roger Ballen : sud-africain né à New York, vivant à Johannesburg, il travaille en noir et blanc. Ses séries de portraits de "petits blancs" d'Afrique du Sud, et notamment celle des jumeaux ci-dessus, ont fait sa célébrité. Mais rapidement il sort du simple constat photographique et fait évoluer ses images, s'inspirant des taudis rencontrés sur sa route (dont l'étonnant lieu  "l'asile des oiseaux"), mêlant graffitis, dessins, animaux, masques, dans des mises en scènes plus ou moins cauchemardesques. Ce style trash a séduit le duo Die Antwoord qui a demandé au photographe de réaliser en 2012 le clip de I fink U freeky : 36 millions d'internautes ont vu le clip, c'est dire si l'info est vraiment réchauffée !
On trouve ce clip (qui fait froid dans le dos par moment) plus un court reportage intéressant sur le site d'arte, lien ici, et plus d'images et de films sur le site du photographe lui-même, ici, dont la vidéo sur l'asile des oiseaux (ci-dessous, www.asylumofthebirds.com)


L'autre photographe est une femme, que j'ai découverte grâce à mon amie N., blogueuse frénétique... Il s'agit de Grete Stern, photographe allemande proche du Bauhaus, passée en Angleterre à l'arrivée d'Hitler au pouvoir, puis installée à Buenos Aires avec son mari argentin à la fin des années trente. Ce n'est pas tant son travail de photographe que ses photomontages qui attirent l'attention : des images réalisées pour illustrer des rêves dans la rubrique psy d'un magazine. Grete Stern en a créé plus d'une centaine, faciles à trouver sur google images.
Rêve n°89. La rubrique psy du magazine
Idilio s'appelait, ça ne s'invente pas :
el psicoanalisis te ayudara.

mardi 4 mars 2014

trésor andalou

Après avoir publié le billet d'hier soir, je commence le livre de Philippe Mezescaze et, suite à une anecdote qui ravive mes souvenirs de la cité des morts, au Caire, et d'autres situations égyptiennes, me voici soudain plongé en... Andalousie. Mezescaze évoque en effet des films de son enfance qui mettaient en scène Joselito, "l'enfant à la voix d'or". Que je découvre à l'occasion.
Me voici donc, en pleine nuit, à regarder et écouter des vidéos, et aujourd'hui encore : il y en a tant à découvrir sur le Net (des plus touchantes aux plus kitschs, très largement majoritaires...).


J'aime particulièrement celle-ci, car Joselito y chante en compagnie d'un adulte, Antonio Aguilar (acteur mexicain qui a son étoile sur Hollywood boulevard), alors que, dit-on, peu osaient se confronter à Joselito. On y sent la puissance de la voix de l'enfant, et ce duo à cheval, comme l'allure de son trot contenu (sur le mode piaffer?), donne à la scène un air cocasse vraiment particulier.

Et celle-ci, pour l'austérité de ses premiers instants.


(Ayant noté que la consultation sur certains supports, tablettes ou smartphones, ne permet pas de lire ces vidéos, j'indique ici leurs adresses :
https://www.youtube.com/watch?v=_NFMreAau14
et https://www.youtube.com/watch?v=DPhzXq5-dvI)



lundi 3 mars 2014

mausolées égyptiens

J'ai agrandi ma collection de livres du photographe Denis Dailleux.

Un ouvrage ancien de quelques années (2007), où son nom n'apparaît que sur la quatrième de couverture (le verso du livre), mais qui est illustré d'une dizaine de ses images reproduites en noir et blanc : De l'eau glacée contre les miroirs, méditations/narrations de Philippe Mezescaze, en Égypte, au sujet de ses amours anciennes, ses amis, ses parents. 

L'autre est tout à fait contemporain (2014), avec un titre qui me rebute : Les Martyrs de la révolution. Qu'y puis-je, le simple mot de martyr me hérisse et me fait froid dans le dos...
Mais pas de portraits héroïques ou de discours grandiloquents : de petits textes sobres, qui relatent des vies simples. Et chaque fois, trois photos par jeunes disparus en 2011, et célébrés ici : l'environnement urbain, la famille, les photos souvenirs du défunt (parfois sur un mug comme le montre la couverture du livre). C'est brut, frontal, délicatement intense. 


Les dernières phrases du dernier portrait, titré : "C'est l'histoire de deux frères. "
"(...) L'État lui a donné de l'argent. Il a juré qu'il n'y toucherait pas. Avec, il a construit un sabil, une fontaine d'eau publique. 
Celui qui boira son eau portera dans son cœur un peu de l'âme de son frère. "

Pour le livre de Mezescaze : éditions du Rocher. Pour le livre de Dailleux (textes d'Abdellah Taïa) :  Le Bec en l'air éditions.

gentiment

Récemment une amie avait remarqué l'usage du libellé folie, et m'avait interrogé : "mais depuis quand ?" Mais depuis quand osais-je utiliser ce mot là ?
Aussi naïf que cela va apparaître, je dois avouer que je ne m'étais pas posé beaucoup de questions au sujet de la maladie d'Alzheimer et que la perte de mémoire me semblait la grande affaire de cette affection. Un ami, dont la mère était atteinte aussi, me relatait souvent des anecdotes autour de cela : ce dont elle se souvenait, ce qui du passé revenait etc.

C'est presque par surprise donc, que j'ai découvert que ma mère devenait folle. Gentiment folle. J'insiste sur le gentil : ma mère est plutôt agréable d'une part, et d'autre part sa folie ressemble pour aujourd'hui à une dinguerie presque sympathique, qui ne la met pas, ni ne met autrui, en péril.Sa folie n'est pas nourrie d'imaginaire ou d'hallucination. C'est pour l'instant une simple perte de faculté logique. 

Je me souviens très bien du jour où cela m'est apparu pour la première fois. Maman avait peur d'un arbre qu'elle soupçonnait d'avoir énormément grandi, et elle craignait que les branches ne viennent heurter sa fenêtre. L'arbre était si loin que même couché par une tempête il n'aurait pas atteint ses carreaux. Malgré l'évidence et les arguments fournis, elle a baissé ses volets.
Parfois les conversations en deviennent difficiles. Elle tente de se rappeler d'une personne dont elle connaît le nom mais qu'elle n'a jamais rencontrée. Je tente de la rassurer : 
- "C'est normal que tu ne saches pas à quoi elle ressemble, tu ne l'as jamais vue."
-"Oui j'ai bien compris, mais tout de même, ça m'agace de ne pas me souvenir au moins de son visage."
La Cantatrice Chauve n'est jamais très loin.

De jour en jour dans son appartement les petites bizarreries s'accumulent. Des petits riens. Une brosse à cheveux qui a subitement trouvée sa place dans un pot où sont rangés louches, spatules, cuillère en bois dans la cuisine. Des photos réparties sur le dessus d'un meuble et qui sont maintenant immuables car elle ne se souvient plus qui les a mises là et ne veut pas prendre la responsabilité de déranger cette exposition. Un lave-vaisselle qui a été transformé en espace de rangement et accueille un étrange bric à brac...

Ce soir je l'ai amenée chez mon frère où nous avons dîné, et je l'ai ramenée chez elle. Sur le chemin du retour, croyant m'avoir entendu renifler, elle me tend deux cigarettes en disant :
-"Tiens, j'ai des mouchoirs, prends-en!"
Je sais qu'il lui est arrivé déjà deux fois de vouloir payer dans un magasin avec des cigarettes, elle s'était vexée du refus de la caissière. Là, entre nous, il était facile de faire comme si de rien n'était, mais ça fait un petit choc tout de même.

C'est en relisant l'extrait publié ici de Marie Depussé que le mot folie s'était imposé. 
Pour l'instant maman est gentiment folle.