jeudi 15 décembre 2016

la guerre (suite 2)

Quand Benoist Rey fait lire son manuscrit à son retour d'Algérie, d'après Jean-Marc Raynaud, des éditions Libertaires, plusieurs grands éditeurs n'en veulent pas : "Vous mentez, l'armée française ne peut agir ainsi" se serait-il entendu opposer.

Il est aussi question dans le livre  de l'usage répétée et banalisée de la torture, des exécutions sommaires de prisonniers ou de simples suspects, certains égorgés dans le maquis afin que l'odeur du sang attire les sangliers, qui seront ensuite servis à la table des militaires. La guerre, ça donne faim.

La France est pourtant, à cette date, signataire de la convention de Genève.

On trouve sur le Web le pdf du livre de Paul Aussaresses, Services spéciaux Algérie 1955-1957, édité en 2001 chez Perrin.
On peut y lire :

" Nous avons fait une centaine de prisonniers qui ont été abattus sur-le-champ.
Il y a eu d'autres exécutions sur mon ordre après la bataille de Philippeville. Nous avions capturé environ mille cinq cents hommes, des rebelles arrêtés le jour même ou le lendemain. [...]
Bien sûr, parmi ces prisonniers, il y avait des montagnards,des types de la campagne qu 'on avait enrôlés de force. Souvent nous les connaissions. Ceux-là, nous les avons vite libérés.
Mais il y avait les autres, les acharnés, ceux qui étaient prêts à recommencer le lendemain si on leur en donnait l'ordre.[...]
Alors j'ai désigné les équipes de sous-officiers et je leur ai donné l'ordre d'aller exécuter les prisonniers." (Page 67-68)

"Le couvre-feu décidé par  Massu fut rapidement mis en place. Les patrouilles exécutèrent les ordres et tirèrent sur tout ce qui bougeait. On laissa les morts sur place. On n'avait pas le temps de s'en occuper et il fallait qu'on les voie bien. Pour être crédibles, les parachutistes devaient en effet se montrer plus redoutables que le FLN.
Des exécutions sommaires ainsi pratiquées dans les rues d'Alger prouvaient la détermination du gouvernement dont nous étions le bras armé." (Page 109)

"Nous procédions aux interrogatoires au fur et à mesure que les prisonniers arrivaient. Aux Tourelles, comme dans les régiments responsables de secteurs, la torture était systématiquement utilisée si le prisonnier refusait de parler, ce qui était très souvent le cas.[...]
La plupart du temps, mes hommes partaient à une vingtaine de kilomètres d'Alger dans des maquis lointains et les suspects étaient abattus d'une rafale de mitraillette puis enterrés. Les exécutions n'avaient jamais lieu au même endroit." (Page 147)

"Il était rare que les prisonniers interrogés la nuit se trouvent encore vivants au petit matin. Qu'ils aient parlé ou pas, ils étaient généralement neutralisés.
Il était impossible de les remettre dans le circuit judiciaire. Ils étaient trop nombreux et les rouages de la machine se seraient grippés. [...] Parmi les assignés à résidence, quelques-uns étaient dirigés vers le circuit judiciaire. C'était de mon ressort et ça se décidait dans la journée.
Plus de vingt mille personnes sont passées par ce camp : trois pour cent de la population de l'agglomération d'Alger. Comment confier tous ces gens à la Justice?" (Page 154)

On pourrait multiplier les extraits.

la guerre (suite)

Septembre 1959. Benoist Rey arrive en Algérie.

"[...] Le commando se scinde en deux : deux sections descendent vers un oued. Le jour est levé quand le ratissage commence. cette région est une zone interdite, c'est-à-dire que les gens n'ont pas le droit d'y habiter ou d'y travailler. C'est un moyen pour l'armée de la contrôler. Chaque habitant qu'on y trouve est suspecté d'être au F. L. N. Mais les gens sont trop attachés à leur maison, à leurs bêtes, à leur lopin de terre, à leurs morts, au paysage qui les entoure, pour gagner les postes français.
L'ordre nous est donné de tout "cramer", de tout brûler. [...] Bientôt toute la vallée est en feu. Les femmes hurlantes, traînant ou portant les enfants, fuient vers la piste où nous sommes. Un vieil homme est resté à la porte de sa maison. Un soldat l'égorge.[...]
Et nous repartons. [...] Nous approchons d'un autre village. J'entends alors l'aspirant P... crier à sa section : "Vous pouvez violer mais faites ça discrètement." Même déroulement : on incendie les maisons ; les mulets ne sont pas comestibles, on les abat ; on ne peut pas emmener les cruches de terre cuite ornées de motifs grossiers, on les casse. L'aspirant P... qui a dû voir mon trouble, me lance : "C'est ça la pacification. De toutes façon, les Arabes ne sont bons qu'à être descendus." [...]" (Pages 18-19)

En novembre, le capitaine B..., à la tête du commando, "un ancien officier de la légion, un dur", rentre de permission. Après avoir questionné les nouveaux venus, dont fait partie Benoist Rey, il propose à celui-ci de devenir infirmier. Rey accepte volontiers et continue de noter ce qu'il voit.

"Et tant d'autres mots qui font d'un homme un instrument précis et meurtrier, tel ce parachutiste qui me racontait à Philippeville : "Là où nous passons, il ne reste plus rien. Pas de prisonniers. On dépouille les cadavres : dents en or, montres, argent, chaussures, vêtements... Un jour on a découvert un hôpital rebelle souterrain. On a achevé tous les blessés et les malades. C'était marrant..." (Page 31)

Un hôpital rebelle : les algériens sont les rebelles du moment.

"Lors d'un ratissage, un autre commando a blessé accidentellement un jeune garçon d'une dizaine d'années - une balle dans le bras, une autre dans le poumon. Un sergent, réputé pour sa dureté, un vrai baroudeur, l'a pourtant remonté sur la piste où nous attendent les camions pour rentrer. Mais le commandant de compagnie a refusé de l'évacuer. L'enfant est laissé sur le terrain.
Le lieutenant-colonel B... nous attend sur la route. Nous avons déjà fait fuir à  coups de fusil les femmes courant après leurs hommes prisonniers. Il nous ordonne d'ouvrir le feu sur un troupeau de vaches : "Allez, tirez, tirez!" crie-t-il. Les bêtes s'écroulent, une à une. " (Page 37

"Embuscade géante, par demi-sections, dans la zone du sud de T... Tous les gens ramassés sont dirigés vers notre section de commandement, ou le sergent G..., pied noir de Oran, interroge, aidé de ses harkis. Comme d'autres compagnies font un vaste bouclage, les gens, apeurés, se réfugient dans la forêt où nous attendons et se jettent dans nos filets.[...]
D'autres gens arrivent. Un père, déjà vieux, soutient son fils, vingt ans à peine, tuberculeux. Tous deux marchent difficilement. A l'heure de "décrocher", de rentrer au camp, les hommes nous accompagne jusqu'à T..., pour un contrôle d'identité. Le père et le fils ont du mal à suivre. Comme nous marchons vite, ils nous retardent. Ils sont égorgés sur place, dans la forêt, tandis que les avions de chasse s'éloignent. Tout le monde est d'une humeur parfaite." (Page 47)

Extraits de Les égorgeurs, de Benoist Rey, éditions de Minuit, réédité aux éditions Libertaires.

mercredi 14 décembre 2016

Aled ! (la guerre)

Ils auront été entendus, lus, ces appels à l'aide venus d'Alep, mais rien n'y a fait.
Ah, si : aujourd'hui la tour Eiffel sera éteinte en signe de solidarité..., ce qui fera une très belle jambe a ceux qui ont perdu un membre dans les bombardements.
Donc aujourd'hui Alep est sur toutes les lèvres, de tous les éditos de presse, de tous les flash infos télévisés. "On savait, on n'a rien fait, c'est la honte, etc" lit-on partout en substance. Je me demande qui est ce "on", qui apparemment se pensait tout puissant, capable d'éteindre un conflit en quelques jours. 

Il y a plus d'une semaine, j'ai regardé un documentaire tourné au Liban : Bernie Bonvoisin, le chanteur de Trust, va à la rencontre d'enfants syriens vivants dans des camps de réfugiés (et, pour avoir entr'aperçu les camps de réfugiés palestiniens là-bas, et eu des témoignages sur les conditions de vie dans ces lieux, j'étais intéressé de voir ça). Le doc se présentait entouré de critiques élogieuses, j'en avais entendu parler un matin, à la radio, dans l'émission l'Instant M, de Sonia Devillers. 

En réalité le film est naïf, et en cela par moment odieux, mais fait avec tellement de bonne volonté qu'on peine à pointer du doigt sa bêtise. C'est toujours gênant d'être témoin de la puérilité d'autrui, mais là c'est dérangeant de voir ce gros bonhomme aux allures de baroudeur découvrir que la misère existe, et poser aux gens qui rament pour se procurer de la nourriture des questions aussi décalées que : "Depuis combien de temps n'avez-vous pas mangé de viande ?" (Et les cinq fruits et légumes par jour pendant qu'on y est, Bernie ?). Bref, cerise sur le gâteau, le focus mis sur les enfants, comme si la guerre ne concernait pas les adultes, et que c'est trop mignon ces petits acteurs gratuits si spontanés qui gribouillent des dessins colorés avec des bombes et que c'est triste. Re bref.

Dans ce livre, interdit deux jours après
sa publication en 1961, Benoist Rey  raconte
ce qu'il a vu et vécu en Algérie en 59-60.
En me rendant au Liban il y a quelques semaines, j'avais emporté pour lire dans l'avion un très mauvais ouvrage signé d'un galeriste parisien (je préfère taire le nom de l'homme et du bouquin). Ce sont des souvenirs, et quelques vagues considérations sur l'art contemporain qui n'ont que peu d'intérêt. Cependant, dans les premières pages, l'auteur y évoque la guerre d'Algérie (il était appelé à l'époque) et le livre interdit de Benoist Rey, Les égorgeurs (les Editions de Minuit).
Ce qui m'a donné envie de regarder de plus près cette guerre-là.

Il faut bien que je prenne conscience de ma naïveté à moi,et que j'en fasse état : je ne sais pas ce qu'est la guerre. J'ai vu des films de guerre, j'ai vu des photos de guerre, j'ai lu des lettres de poilus, des articles sur les guerres contemporaines. Mais rien de cela n'est la guerre.
La vraie guerre, il faut se rendre à l'évidence, c'est la liquidation systématique et sans scrupule des civils qui gênent pour faire la guerre entre adversaires officiels.




lundi 5 décembre 2016

presque Noël

Je la rejoins plus tôt que d'habitude : la salle du réfectoire bruisse des conversations des pensionnaires, ma mère est encore attablée avec son compagnon de repas, la troisième personne qui visiblement occupait leur table a déjà déserté les lieux et j'en profite pour m'asseoir à sa place. Je salue l'homme avec lequel, à force de le croiser, j'ai une forme de complicité, bien que ses capacités intellectuelles semblent comparables maintenant à celles de ma mère.
Une des femmes de service ce soir-là s'approche de lui :
- Je vous emmène, vous allez regarder la télévision.
Il la regarde, surpris :
- On va regarder la télévision ?
- Non, VOUS ! Je vous accompagne, VOUS, vous allez regarder la télévision.
- Ah oui, j'aimerais beaucoup regarder la télévision.

Pendant cet échange ma mère les observe affichant des mimiques outrées, secouant la tête en guise de désapprobation. Je me demande si cette attitude est un désaveu de la présence de la femme de l'équipe encadrante (elle n'en aime quasiment aucune), ou si c'est parce qu'elle aurait le sentiment qu'on lui enlève son camarade de table. 
La conversation entre les deux continue, la femme précise :
- Je vous emmène parce que si vous montez seul, vous vous perdez dans les étages.
Lui ne rétorque rien et sagement, se lève pour la suivre. Ma mère continue à secouer la tête pour bien marquer qu'elle assiste à un spectacle qui me lui plait pas. 
- Qu'est-ce qu'il y a maman ? Tu fais une drôle de tête...
- Ah ben oui, il y a de quoi ! poursuit-elle avec son air scandalisé.
- Mais que se passe-t-il ?
- Ben, (elle les montre) y'en a aucun qui comprend l'autre.

Je ris beaucoup devant cette remarque hyper réaliste. Ma mère elle n'a évidemment pas conscience du comique de la situation. A ce moment, elle est d'ailleurs mobilisée par autre chose :
-Je me demande ce que c'est que cette sale bête qu'ils ont accrochée là-bas, blanc rouge et bleu.
En réalité, ce n'est pas bleu, c'est vert, c'est un Père Noël de carton, en 2 D, fixé sur un mur. Les décorations de fêtes ont fait leur apparition.
- Tu veux que je t'explique ce que c'est que le truc accroché là-bas ?
- Non. Mais vraiment on se demande ce qu'il leur prend.

Plus tard dans sa chambre je tente de la faire se souvenir de Noël.
- Tu sais à Noël on fait quelque chose de spécial avec un arbre.
- Non je ne sais pas.
Je lui chantonne Mon beau sapin, sans les paroles. Elle ne voit toujours pas mais retrouve rapidement la mélodie qu'elle chante avec joie.
- La chanson commence par Mon beau..., ça parle d'un arbre. Mon beau...
- Mon beau châtain ?

Presque maman, presque (il s'en faut d'un cheveu).


vendredi 18 novembre 2016

élections, primaires etc

"[...] La sphère de la représentation politique se clôt. De gauche à droite, c’est le même néant qui prend des poses de cador ou des airs de vierge, les mêmes têtes de gondole qui échangent leurs discours d’après les dernières trouvailles du service communication. Ceux qui votent encore donnent l’impression de n’avoir plus d’autre intention que de faire sauter les urnes à force de voter en pure protestation. On commence à deviner que c’est en fait contre le vote lui-même que l’on continue de voter. [...]"

L'insurrection qui vient, Comité invisible, La fabrique éditions. 

lundi 14 novembre 2016

ma mère, Trump et Melania

Pour la distraire, je saisis un Paris Match amené ici vraisemblablement par une de ses soeurs qui lui rend visite régulièrement.
- "Tu vois maman, c'est le nouveau président des Etats-Unis d'amérique, il vient juste d'être élu."
Elle regarde le gros monsieur à la coiffure étrange imprimé sur le papier.
- "Lui ? Quelle drôle d'idée ! Je ne le trouve pas... (elle hésite)... magnifique."

On regarde la couverture du magazine, où Donald pose avec sa femme Melania.
-"Trump", lit ma mère, prononçant comme d'habitude le u à la française.
-"Treumpe, maman, tu sais bien les mots anglais, ça se prononce différemment, on dit Treumpe."
-"Treumpe ?!" Elle éclate d'un rire qui dure longtemps.
-"Tu ris. Qu'est-ce qui t'amuse ?"
-"Oh, c'est quand je vois des choses comme ça (elle fait de curieux gestes avec ses poings fermés, comme s'il fallait les poser alternativement l'un sur l'autre en une grande colonne à la Brancusi, en continuant à rire), qui n'ont pas l'air d'aller bien ensemble."

Je suis déconcerté. Je regarde l'image. Parle-t-elle de Trump et de sa femme ?
-"Tu penses que sa femme et lui ils ne vont pas très bien ensemble ?
-"Ah non, pas du tout", réplique-t-elle soudain toute sérieuse.
Et elle insiste : "Je n'en sais rien."
Ce n'est pas parce qu'elle est dingue qu'on lui fera dire autre chose que ce à quoi elle pense.

mercredi 9 novembre 2016

lundi 7 novembre 2016

Beyrouth fin

Il nous reste quelques heures dans la ville avant le départ vers l'aéroport. Certains profitent de la piscine de l'hôtel, d'autres partent se balader en ville seuls, goûtant la joie ou le déplaisir de la solitude pour ces derniers moments beyrouthins. Je retourne vers la maison jaune, futur musée centré sur la guerre, entraperçue hier soir en nous rendant au Al Falamanki (lieu agréable pour une chicha, un apéro ou plus) qui jouxte le bâtiment. Puis je déambule sans but dans le quartier cossu proche du musée Sursock (qui n'ouvre que cet après-midi), et plus tard dans un quartier plus populaire. L'équivalence quartier cossu/chrétien quartier populaire/musulman est-elle systématique? À voir... Enfin, sur mes photos rien de cela n'est visible, puisque j'ai tendance à ne photographier que les ruines...

La maison jaune. Le bâtiment, à la limite 
des quartiers chrétien et musulman, 
abritait des snippers : il est doté d'une extension 
contemporaine et deviendra musée dédié à
la mémoire de la guerre.




mercredi 2 novembre 2016

Saïda, Tyr et... Hezbollah

Voyager en groupe est un art du compromis. Aujourd'hui il a fallu parlementer et jouer d'alliances et de concertation pour finalement nous décider au programme suivant : aller à Saïda, à Mlita puis à Tyr. À Mlita se trouve un étonnant musée du Hezbollah, sorte de Disney Land de propagande à la gloire de la résistance contre Israël.
Mais avant toute chose la journée commence par un petit déjeuner traditionnel. Ici on mange décidément trop, mais il est difficile de résister, tout est "trop" bon. C'est chez Al Baba que l'on trouve les meilleurs knéfés faits de fromage, semoule et sirop de sucre. Une version existe avec de la crème de lait à la place du fromage, ce qui rend la spécialité plus légère : c'est celle que je choisis.

Un knéfé à la crème de lait chez Al Baba

La citadelle des Croisés à Saïda. Rien à voir à part cette
petite carte postale.

A Saïda les touristes visitent le caravan sérail,
les souks et le musée du savon. ici c'est
devant la sortie du musée, où j'attends mes amis.

Toujours Saïda : voyez les dattes !

Photo floue, j'ai du la prendre de la voiture en allant à Mlita.
La région est magnifique, et le musée du Hezbollah, en haut
de la colline où les résistants combattaient l'armée
 israélienne, offre un panorama superbe.



Le musée est en réalité une mise en scène kitsch
des armes prises à l'ennemi, un parcours sur le
terrain de la résistance (le tunnel, les caches
dans les buissons etc) et un film de propagande
très guerrier...


La nécropole de Tyr. Un site enchanteur : en
réalité deux sites distincts qui seront bientôt reliés entre eux
grâce à l'achat des terrains les séparant.

Le second site, où l'on peut admirer une arène,
donne sur la mer.

mardi 1 novembre 2016

Beyrouth bis

Retour à Beyrouth, quelques jours après avoir pris les photos précédentes. Arrivés jeudi en petit groupe, nous sommes partis le lendemain à une quarantaine de kilomètres direction Rachana, pour découvrir la maison de R. Un petit havre de paix posé dans une nature de vergers en terrasse et de forêt, avec la mer non loin.
Ici au Liban les distances sont courtes mais longues : comprendre qu'aucun déplacement ne se décide sans prendre en compte les heures qui annoncent l'arrivée de ces monstres mous et bruyants, les embouteillages. Ce matin, pas moins d'une heure vingt pour parcourir la distance séparant notre petit paradis et notre nouvel hôtel dans la ville, The Smallville Hotel, situé juste à côté du musée national. 
Après avoir déjeuner chez Mum and I, tout proche et délicieux, on file au sus-dit musée, qui vient d'ouvrir au sous-sol un nouvel espace très réussi dédié aux rituels funéraires. Une balade sur la corniche vers la grotte aux pigeons (le bus 15 y va, depuis le musée) et pour finir, un excellent dîner chez Onno Bistro, rue Badaro, restaurant libanais arménien situé toujours dans ce petit périmètre qui s'enrichit ces dernières années de restos, cafés etc.

La vue depuis la maison de R., le jour du départ. 


La suite au Smallville Hotel. Ci-dessous, vue de ma chambre.


Au musée national, série de cinq statues d'enfants ex voto.
Sanctuaire du dieu Echmoun, dieu guérisseur. Sur celle-ci,
une inscription en écriture phénicienne (en haut du socle)
témoigne du don de la statue au dieu.


La grotte aux pigeons, visible depuis la corniche.

vendredi 28 octobre 2016

Beyrouth

Premiers contacts avec la ville. Et première ligne écrite jeudi déjà, pour un post qui, manque de wifi performant, reste bloqué jusqu'aujourd'hui.


Ci-dessus, photos prises de l'hôtel Palm Beach.

La corniche, où les joggeurs sont nombreux.

Le restaurant Sea Salt Beirut possède de grandes tables,
bien espacées, sur un ponton qui avance sur l'eau.

dimanche 23 octobre 2016

les mères folles

Mercredi j'ai revu ma mère, après deux semaines d'absence. Et pendant ces quinze jours de vacances, parmi les livres que j'avais emportés, il y avait la Vie matérielle, de Duras, dont l'envie m'était venue à la suite du film dont j'ai parlé ici. 
On y lit (les italiques sont de l'auteur) :

"Je crois, la mère, dans tous les cas ou presque, dans le cas de toutes les enfances, dans le cas de toutes les existences qui ont suivi cette enfance, la mère représente la folie. Elle reste la personne la plus étrange, la plus folle qu'on ait jamais rencontrée, nous, leurs enfants. Beaucoup de gens disent en parlant de leur mère : " Ma mère était folle, je le dis, je le crois. Folle." Dans le souvenir on rit beaucoup des mères. Et c'est plaisant."

Marguerite Duras, la Vie matérielle, éditions POL.

mercredi 12 octobre 2016

d'île en île

C'est évidemment avec décalage, encore, que j'ai rédigé les derniers billets new-yorkais, alors que j'étais déjà sur une autre île que Manhattan, celle que les fidèles du blog connaissent bien, celle d'Ibiza. Arrivé juste avec les derniers clubbeurs de la saison, qui viennent pour la "closing" de l'Amnesia.
"Ils vont danser de 4 heures de l'après-midi jusqu'à demain midi, commente le patron du restaurant Can Costa en se tapant sur la tête en signe de désapprobation. Quand j'étais jeune, il n'y avait qu'une seule discothèque, c'était à San Antonio, il fallait prendre le bus..." 
À part son restaurant, témoin d'une autre époque - et peut être seul vestige de celle-ci -, tout change. La fameuse discothèque Space ferme, ou plutôt se fait acheter par son voisin Ushuaia. La fin de 27 ans de clubbing, nostalgie assurée pour les aficionados. La place Vara de Rey vient de commencer sa mue en voie de la piétonisation. J'essaye d'observer cela avec un autre regard que Brigitte Bardot regardant Saint-Tropez (c'est vrai que cette place était ingrate et pour les voitures et côté trottoirs) : accepter que le charmant village en semi ruine où se sont tenus des moments importants de ma jeunesse, et bien il n'existe plus du tout, et surtout accepter que personne n'en voudrait plus de ce charme-là. On veut du propre, de l'instagramable. Dans le quartier gitan, aux pieds des remparts de Dalt Vila, les investisseurs sans scrupule achètent à qui mieux mieux pour retaper ces maisons blanches, et en faire des images de magazines infectes. Comme cette "casa" qui exhibe du mobilier de terrasse lumineux (changement de couleurs au programme), comble du mauvais goût, tentant de faire croire au chic du lieu alors que la rue reste, heureusement et pour l'instant, le terrain de jeu des enfants hurlants.
Ce soir je passe sur le port. C'est ma dernière soirée ici et je n'y avais pas mis les pieds. À cette époque de l'année, les promeneurs sont peu nombreux. Ils marchent plutôt près de l'eau, pour regarder les bateaux, ou bien près des vitrines de magasins et des terrasses. Résultat : l'immense promenade est vide en son centre et semble, sinon une autoroute, au moins une démesure. Encore une nouveauté, le bâtiment de la gare maritime, en face de l'obélisque, est rasé. À sa place, les images d'un projet astucieux du cabinet Mixis Arquitectos, agence d'archi à qui l'on doit déjà l'aménagement du port d'après leur site.
Quoi d'autre? Encore quelques fâcheux aménagements sur le haut des remparts qui ont eu définitivement la peau d'un charmant petit jardin d'arbres.
Sinon, plus personnel, j'ai passé tout ce séjour avec une vilaine conjonctivite. Pas facile pour les bains de mer et les œillades, activités favorites ici. Mais avoir une tronche de Picasso en Espagne, ça le fait tout de même, non?

Jour de pluie sur Figueretas


Le chemin vers la plage d'es Cavallet

Les salines

Sundays at Space, c'est fini. Plus jamais.


Les travaux sur la place Vara de Rey



Image de la future station maritime.

dimanche 9 octobre 2016

The end

Contrairement à ce que semble proclamer ce tee-shirt que l'on m'a offert juste avant mon départ, je ne suis pas allé dans le quartier du Bronx. J'avais imaginé y aller le dernier jour, mercredi, mais la longue distance pour s'y rendre rendait la visite peu crédible. Finalement on refait un chemin que nous avions fait sous la pluie au début du séjour, goûtant cette fois un soleil magnifique, en passant plus de temps dans le quartier de DUMBO. Puis, passant à nouveau le Brooklyn Bridge, se baladant dans SoHo et East Village.