jeudi 30 juin 2016

drôle d'effet

Elle est complètement folle. Cette phrase me procure toujours une impression étrange, je me la répète volontairement, pour en prendre pleinement conscience : ma mère est complètement folle.
Dans sa folie elle accède à une joie spontanée qui ne cesse de me surprendre : elle d'un caractère auparavant si prompt à ne voir que le verre à moitié vide, elle devient maintenant capable de s'enivrer du verre seulement à demi plein.
Je ne l'ai pas toujours connue comme ça.

Le chant d'un oiseau l'intrigue, puis l'amuse, puis la fait pouffer de rire si le volatile insiste.
"Oh là la, on se demande vraiment où on est, c'est fou! " (Je me plais à croire qu'elle s'imagine subitement dans une jungle et l'image d'un Douanier Rousseau s'impose à moi).

Par beau temps, la couleur du ciel la fascine, comme si un ciel bleu était un extraordinaire et inhabituel phénomène naturel - tel le passage de la comète de Halley -, ou au contraire le fruit d'un patient travail artistique - Fra Angelico, Rothko, Klein ?...
"Oh c'est magnifique ce bleu. Enfin moi j'appelle ça bleu (Elle a peur de se tromper sur le nom de la couleur). Tu n'aurais pas envie d'aller tout là haut (elle pointe le ciel au-dessus de nous) pour voir comment c'est ? C'est beau bleu partout."

Parfois ce qui la fait rire est incompréhensible. Par exemple je lui demande si elle n'a pas froid, et elle me répond :
-"Non, pas du tout. Mais tu me donnerais cinquante heures que je n'en voudrais pas" et cette remarque déclenche son hilarité - il s'agirait d'une bonne blague à partager, et c'est vrai que cela se déroule de cette façon, car à la voir rire de si bon coeur, je souris à mon tour, ce qu'elle décrypte comme une validation complice de son effet comique et ce qui redouble sa joie.

On se retrouve alors tous les deux, hilares, sans même savoir pourquoi. Ou plus exactement juste pour ça : pour être joyeux ensemble, sans rime ni raison. Les imbéciles heureux, ivres du vent de la folie.


mardi 28 juin 2016

british blues

Pas de commentaires supplémentaires concernant l'actualité anglaise. Mais une petite vidéo qui date de 1972 (www.youtube.com/watch?v=m3rBAOUxOuE pour ceux qui ne peuvent pas voir la vidéo ci-dessous)

vendredi 24 juin 2016

sankai juku

Titre du spectacle : Meguri. Sous-titre : exubérance marine, tranquillité terrestre. D'après la notice donnée au Théâtre de la Ville où se produisent Ushio Amagatsu et sa compagnie (jusqu'au 2 juillet), Meguri signifie "ce qui circule en suivant un certain ordre ; par exemple, le passage du temps, les changements de saison"... Comment mieux dire l'attachement à Sankai Juku? 


dimanche 19 juin 2016

fumeux ?

A quatre jours du référendum du Brexit, c'est l'indécision qui marque les sondages outre-Manche. L'Europe nous donne bien des frissons, non ? Ce soir on saura, si j'ai bien compris (ce qui n'est pas certain), si l'équipe de France sort ou non de l'Euro, et tout ça grâce à un match contre la Suisse. Evidemment ça se jouerait aux votes, ce serait plus facile.


Gare de l'Est, grâce à cette Ballot Bin, les fumeurs ne sont pas exclus des pronostics. J'ai pris la photo il y a quelques jours déjà, je ne sais pas si l'écart s'est creusé de beaucoup.
Il paraît que le tabac a été importé en France par Jean Nicot pour soulager les migraines du Roi. Quelques siècles d'addiction plus tard je me demande si le foot soigne les migraines du peuple. Pas sûr.

jeudi 16 juin 2016

l'éternité

Le projet qui aurait pu être de restituer, billet après billet, quelque chose de l'état et de la maladie de ma mère se heurte, comme je l'ai déjà nommé ici plusieurs fois, à la monotonie de la répétition.

Ou alors, il aurait fallu que j'ose un projet digne d'Exercices de style, de Queneau : écrire un billet qui relate ma visite à ma mère, et chaque fois re décrire cette même visite, identique et inintéressante, le seul attrait naissant cette fois de la modification infime apportée au récit.

Par exemple sur le fait qu'elle affirme, chaque fois : "tu as grandi."
Certains jours elle accepte l'information que, non, à mon âge on ne grandit plus.
D'autre fois c'est hors de question :
 - "Hum, je crois que tu te trompes".
-"Ah bon ? Tu penses que toi aussi tu grandis encore ?" 
- " Eh bien oui!"
Parfois elle argumente : "Regarde, de là à là (pointant du doigt mes pieds puis ma tête), ça fait des kilomètres". Ou encore : "La prochaine fois, ce sera trop petit, tu te cogneras (en montrant le plafond)."

Toujours elle affirme qu'elle est heureuse de me voir, qu'elle m'a cherché partout (elle montre absurdement les endroits où elle aurait mené cette recherche : les lustres, les reflets dans les baies vitrées, etc), qu'elle m'attendait, qu'elle ne pense qu'à moi, là aussi avec toutes ces variations possibles.
Quand je la trouve le soir encore installée dans le lobby de la maison de retraite, je m'assieds à côté d'elle sur l'un des gros canapés qui meublent l'espace. Elle se presse contre moi, se blottit contre mon bras.

Dimanche soir, nous sommes assis là, et autour de nous quelques pensionnaires qui ne sont pas encore rentrés dans leur chambre :
- un homme grand, qui me reconnait et me salue toujours, et cherche sans arrêt à se sauver, ce qu'il arrive parfois à faire, sa course le menant jusqu'à son ancien immeuble, apparemment proche, dont il revient peu après, résigné
- un nouveau, prostré, qui ce soir-là s'anime subitement pour savoir s'il est en possession de la clé de sa chambre
- un habitué, souvent prostré lui aussi, mais avec le sourire, arborant invariablement une écharpe baba cool qu'un ami lui a rapportée de Goa
- deux femmes, l'une avec une canne, qui parle peu, l'autre qui ressemble à miss Tick, le bec de canard en moins, et qui raffole de réaligner, au millimètre près, les coussins sur les canapés.
Je suis donc là, avec ma vieille maman, dans cet environnement qui me fait plutôt penser à Freaks qu'à autre chose quand elle lève sur moi des yeux aimants et dit :
-"J'espère qu'on va vivre encore des années comme ça tous les deux"


lundi 6 juin 2016

Hoi an, My Son

Pour terminer de vous offrir ces quelques instantanés vietnamiens, voilà le site de My Son (prononcez mi sonne), groupement de ruines de temples champ, dans la nature, à une cinquantaine de kilomètres de Hoi an. 
Comme beaucoup, j'ai hésité à me déplacer pour aller visiter ces restes, évaluant la déception possible (presque rien à voir, des ruines factices, trois cailloux et deux brins d'herbe, des comparaisons insensées et dévalorisantes avec Ayuttahya, Sukhothai ou Angkor...), l'inconfort d'un site touristique (la cohue, les cars, l'obligation de se lever fort tôt pour profiter des lieux seul...) et l'attrait probable (la magie des ruines, l'émotion d'être sur place, l'esthétisme des volumes etc).
Par bonheur, j'ai parié sur l'intérêt et la beauté de My Son, et je n'ai pas été déçu. Oui, il y a peu de choses, mais à condition d'arriver tôt effectivement, quand les temples sont à vous (ou presque), la visite est vraiment touchante.






(Ce qui n'est à mon sens pas clairement indiqué dans les guides, c'est que si le site est grand, en revanche la partie où se dressent les ruines visitables ne l'est pas, c'est un mouchoir de poche. Une fois payé le ticket d'entrée, il faut prendre une navette électrique pour vous conduire au site, environ 2 kilomètres plus loin. Mais une fois à destination, les temples sont très proches les uns des autres.
Nous nous sommes déplacés en voiture avec chauffeur réservée la veille. Le trajet nous a coûté 30 dollars. Globalement au cours du séjour nous n'avons jamais tenté de négocier de façon très sévère les tarifs des déplacements, et nous avons souvent booké la veille pour le lendemain. Ce fut une erreur pour le trajet Hoi an-Hué que les agences peuvent, avec anticipation, rentabiliser avec un chauffeur de Hué qui rentre chez lui par exemple. Pour info nous avons payés 50 dollars ce trajet là, sans passer par la route de montagne mais avec un stop au musée de Danang. Notre interlocuteur sur place a été la petite agence Duy Sang Travel, près du marché, au 35 rue Tran Phu, qui proposait aussi des taux de change intéressants)

vendredi 3 juin 2016

Hoi an, flash back 2

A Hoi an, par laquelle notre périple a commencé (et que j'ai peu photographiée), le quartier ancien est piétonnier, ce qui en fait un miracle de calme par rapport aux autres villes envahies de scooters, motos et mobylettes en tous genres. Il n'est guère étendu, trois rues parallèles qui longent la rivière Thu Bon depuis le pont japonais jusqu'au marché. Inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, ce petit spot draine de nombreux touristes de toutes nationalités. Restaurants, boutiques, maison-musées, temples..., tous sont décorés de lanternes, la spécialité locale. Les centaines de lampions colorés dans ces rues au décor soigné ajoute au charme de l'endroit. Pourtant, on en a vite fait le tour. De la ville on peut s'échapper vers la plage An Bang (celle de Cua Dai n'existe plus, elle a été inondée, emportée par les flots), belle et décevante comme le sont souvent les plages asiatiques pour moi. Le rivage est la proie des projets immobiliers stupides, et il reste peu d'endroits préservés sur ce site qui ne manque pas d'atout. On rejoint la mer facilement en vélo depuis Hoi an, les distances ne sont pas importantes et les routes plates comme tout. Autre balade agréable en vélo (outre celle du pont de bambou à retrouver sur le site Good morning Hoi an), celle sur les îles, notamment Cam Kim, que l'on peut rejoindre par un pont qui la relie à l'île d'Hoi an. : paysages de campagne, de rizières, petits temples perdus dans la végétation etc.



Une curiosité locale, ces barques rondes, façon panière

Les lanternes sont parfois support publicitaire...

Les meilleurs white roses sont sans conteste ceux de Ms Vy.


Dans la région, certaines rizières sont encore vertes,
quand d'autres sont préparées pour être replantées.



























































(Nous avons rejoint Hoi an depuis l'aéroport de Danang, en taxi. Il en coûte maximum 300 000 dongs, et non pas 600000 comme l'indique bêtement le Guide du Routard, somme à laquelle le chauffeur ajoute parfois la taxe d'aéroport de 10 000 qu'il a à payer.
Côté plage, oubliez donc Cua Dai qui se résume à une digue de sacs de sable, inondée depuis l'année dernière, ce que n'indique pas non plus le Guide sus cité. Et donc en vélo depuis Hoi an, prenez la route qui part dans la campagne direction An Bang, plus agréable que la route qui suit le fleuve en direction de Cua Dai.
On peut facilement se promener seuls. Certaines agences touristiques, faciles à trouver sur Internet, proposent des tours en vélo avec visite de villages d'artisans, notamment sur Cam Kim. Le genre de trucs que je fuis, mais bon...
J'ai lu sur certains forums des inexactitudes : l'entrée de la vieille ville est libre évidemment. En revanche, on ne peut acheter un billet d'entrée unique pour visiter un musée, ou un temple. Obligation est faite d'acquérir un pass de 5 entrées, pour la somme de 120 000 dongs. )

mercredi 1 juin 2016

Hoi an flash back

Après avoir reéprouvé la parenthèse de chaleur sèche au sortir de l'avion en transit à Muscat, j'ai retrouvé ce dimanche Paris Charles de Gaulle dans le brouillard et la ville sous la pluie (anecdote associée au film que j'ai revu au retour, Midnight in Paris.)
Pour un premier billet qui s'intitulait Sur un nuage, le voyage s'achève sous une chape blanchâtre.

Je retourne ce soir sur les billets précédents pour modifier les tailles de photos (ce que je ne peux faire avec ma tablette en déplacement), ajouter quelques légendes et quelques informations pratiques en bas des "posts".

Avant de partir, j'ai comme à mon habitude consulté des blogs plutôt que des guides du Vietnam et deux d'entre eux ont retenus mon attention et m'ont réellement servi : celui d'Aurélie Amiot, et celui qui s'intitule Good morning Hoi an.
Ce dernier m'a notamment permis une virée en vélo amusante à la recherche d'un pont de bambou long de 320 mètres, au fin fond de la campagne, la balade traversant autant des zones verdoyantes et agricoles que des zones désertiques, sableuses, où des tombes colorées sont disséminées.

Vue depuis le pont Cua Dai, tout neuf, inauguré l'année dernière.


Des tombes.



Le pont de bambou, prétexte et but de notre balade.