samedi 14 janvier 2017

solde de tout conte...

Quand je fais les soldes et que je me crois toujours dans les années quatre-vingt...

mercredi 4 janvier 2017

du bonheur

Ma mère est très joyeuse en ce moment. Et ce n'est pas un effet "joyeuses fêtes", les célébrations de fin d'année ont glissé sur elle comme de l'eau sur un plumage, rapidement, sans laisser de traces.

De fait, le temps n'existe plus pour elle. Pas de souvenirs, pas d'avenir, elle accède à la recette miracle des vendeurs de bonheur : l'ici et maintenant. Elle a des sourires nirvanesques. L'incompréhension du monde, et d'elle-même, ne semble pas l'affecter.

- Est-ce que quelqu'un n'a pas bleuffé ce petit verre, dit-elle en désignant un des CDs rangés dans sa chambre qu'elle n'écoutera jamais.
- Bleuffer un verre ? Qu'est-ce que ça veut dire bleuffer ?
- Eh bien justement je n'en sais rien, c'est bien pour ça que je me demande.

Voilà le genre de conversations que nous tenons maintenant, sans que rien de l'étrangeté de la chose ne la touche. Parfois c'est encore plus étonnant, sa dinguerie se conjuguant à sa surdité.
- Tu vois, (cette fois elle désigne quelque chose derrière moi), c'est cette femme qui s'occupe des chevaux.
Je me retourne, ne vois personne.
- Qui ça ? Je ne l'ai pas vu cette dame qui s'occuperait des chevaux...
- Des chameaux ? (Elle fait une moue dubitative)  Mais des petits chameaux alors.

C'est difficile de faire le tri entre signifié et signifiant. Je m'aperçois bien que je le fais de façon arbitraire, comme cela m'arrange, me rassure.
Par exemple je la crois, et je crois qu'elle vit et pense ce qu'elle dit lorsque, l'amenant se coucher après l'avoir aidé à enfiler sa chemise de nuit, je remarque qu'elle me regarde très intensément, en souriant, avec une sorte de malice :
- Qu'est-ce qui se passe, pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Parce que je suis belle quand je te vois.