mercredi 23 mai 2018

un truc en plume

On m'a offert un bouquet de fleurs un peu théâtral que j'ai, au bout de quelques jours, simplifié en ôtant les espèces qui le verdissaient et lui donnaient un air Napoléon III, pour conserver un ensemble de végétaux groupés autour de jolies pivoines. Celles-ci, c'est leur destin, se sont lentement ouvertes puis effritées sans bruit sur le plancher où était déposé le vase.


Un temps, les pétales sur le sol semblaient le reflet des fleurs du bouquet, donnant l'illusion d'un parquet hyper-ciré (ce qu'il n'est pas) ou d'un plan d'eau. Puis, lentement, leur accumulation a pris l'allure d'un amas de plumes, me rappelant l'image du disque Diva, d'Annie Lennox, et le clip de Why (1992). Musique!






mercredi 16 mai 2018

The Rider

Il m'est arrivé ce week-end une chose amusante qui m'a rappelé une scène de la fin de l'été dernier.

N., qui était à Paris, me faisait part de son désir de voir "Petit Paysan" : j'en étais surpris, je n'imaginais pas qu'elle en avait entendu parler (c'était bien avant la célébrité acquise par le film grâce aux césar) et, surtout, j'avais moi-même très envie d'aller voir ce long-métrage, tout en étant persuadé qu'il ne jouait plus dans aucune salle de la ville. Par avance dépité, j'avais tout de même consulté Internet... pour constater que le film de Charuel était en réalité projeté le lendemain même dans une salle à 10 minutes de marche de chez nous.

De la même façon, ce samedi, j'étais au téléphone avec A., citant deux films que j'aurais bien aimé voir si, comme je l'imaginais encore, ils n'étaient sûrement plus visibles nulle part. Pianotant sur ma tablette, je me suis alors rendu compte que l'un était programmé dans une salle du quartier le soir même, et le deuxième dans un autre cinéma encore plus proche le lendemain en début d'après midi !!!

Voilà comment j'ai eu la joie de visionner le magnifique "The Rider", de Chloé Zhao, cinéaste remarquée pour sa réalisation précédente "Les Chansons que mes frères m'ont apprises" (2015). Je crois que c'est la première fois que je vois une telle file d'attente devant le Brady.

"The Rider", sorti en 2017, multi-primé, est l'un des films les plus existentiels qui soient. Les amateurs y retrouveront les thèmes de la finitude, de la solitude, de la recherche de sens, de la perfection et de la liberté... Petit clin d'oeil à l'anecdote citée ci-dessus, "The Rider", comme "Petit Paysan", débute par une scène de rêve peuplée d'animaux.

C'est une fiction très peu romancée, au plus près de la vie du jeune héros qui joue son propre rôle :  amateur de rodéo et surtout incroyable dresseur de chevaux sauvages, il est, à la suite d'un accident lors d'une compétition, interdit de chevauchée par les médecins.
Dans son environnement proche : ses potes de rodéo (dont Lane Scott, si salement amoché), son père un peu looser, le souvenir de sa mère enterrée non loin, sa soeur qui semble présenter des traits autistiques..., eux aussi mis à contribution par la réalisatrice pour incarner cette fiction décalque de leur vécu. Au générique, on découvre leurs noms quasiment ou parfaitement identiques aux noms de leurs personnages, signalant ainsi la troublante condition des hommes tiraillés entre la (dure) réalité et leurs rêves.

Alors, réél ou imaginaire, qui va gagner ? C'est vraiment du rodéo. A voir.


jeudi 10 mai 2018

rêve noir


"Tu n'es pas très généreux avec ton blog en ce moment..." me balance une amie. Oui, c'est le moins que l'on puisse dire : 9 avril la date du précédent billet, je rentre sous terre.
La dernière image que j'ai voulu publier ici (juste avant de partir en province un de ces week-ends sans train, qui précédait un autre départ en vacances pour une semaine cette fois) est une image voyageuse.

Elle m'a été envoyée il y a peu par une amie, N., qui l'a retrouvée dans ses souvenirs d'enfance à la faveur d'un séjour dans sa famille. C'est la carte d'une de ses camarades de l'époque. Au dos est inscrit, d'une jeune écriture : Abidjan, le 21/2/73.
Connaissant mon goût pour l'image, N. a gentiment voulu partager celle-ci avec moi. Je vous en fait profiter aussi : son voyage continue.

La légende de la photo, imprimée au verso par l'éditeur de la carte postale, indique : AFRIQUE EN COULEURS Bébés dans le coton.
Mon esprit a réalisé un trajet que j'imagine être celui du spectateur lambda : la première seconde comme conquis d'avance par une "mignonnerie" imparable (jolis bébés noirs sur douceur blanche), puis très vite une forme de malaise à considérer l'inconfort des bambins qui pleurent et cette matière cotonneuse qui, loin d'être duveteuse, semble au contraire bien rêche et suscite l'imagerie des esclaves dans les plantations de coton. Bref, travail d'enfants africains non payés au profit d'une entreprise de cartes postales parisienne aux temps de la Françafrique. La "mignonnerie" s'éloigne...

Ce qui m'incite à prendre le temps de publier l'image, outre son intérêt intrinsèque, c'est un rêve très étrange que j'ai fait à Ibiza où j'étais la semaine passée. A la fin de ce songe dont les péripéties m'échappent, j'avais donné naissance à quantité de bébés égyptiens. Je ne sais pas de quelle manière je les avais accouchés, mais il était certain qu'ils venaient de moi. Ils étaient tous fort noir de peau, et assis par terre autour de moi, en cercle, comme des poupées, un peu comme le bébé de droite sur la carte postale. Je pense à posteriori que c'est cette image qui a nourri le rêve.
En fait de poupées, c'était des poupons : entre leurs jambes potelées ils arboraient tous sans exception un sexe de taille respectable, lourdement posé sur le sol.