vendredi 17 août 2018

derniers jours à l'Orangerie

L'exposition se termine le 20 août et ce serait vraiment dommage de la louper. 

L'abstraction américaine et le dernier Monet, c'est une petite sélection des peintres américains des années 1950 qui, à la suite du Monet ultramoderne des Nymphéas, vont développer une forme d'expressionnisme abstrait. On y retrouve des oeuvres des artistes évoqués dans le billet précédent (de Kooning, Pollock, Newman) mais aussi de l'incontournable Joan Mitchell, de Philip Guston, Morris Louis etc., alternant avec des toiles du maître de Giverny.
Les salles sont malheureusement petites et bas de plafond, mais c'est ainsi, c'est la vie.

L'expo est l'occasion de lire (ou de découvrir) les analyses pertinentes du critique Clement Greenberg et de se rappeler que certains, à l'inauguration de l'Orangerie, voyaient dans la série des Nymphéas  "la plus grave erreur artistique commise par Monet". Sans commentaire.

Ellsworth Kelly, Tableau vert, 1952.
Willem de Kooning, Villa Borghese, 1960.

jeudi 16 août 2018

les frondeurs de l'art

  
  Page 343. "Le grand événement du monde de l'art en 1973 fut la vente aux enchères Scull chez Sotheby Parke Benet, le 18 octobre. A cette occasion, l'une des peintures qu'Andy avait réalisée au début des années 1960 partit pour 135 000 $, battant son record. Andy était content, mais pas tant que cela : un Jasper Johns atteignit les 250 000 $, écrasant le record de toutes les oeuvres contemporaines jamais vendues aux enchères, plus qu'un Kooning à 180 000 $ ou un Barnett Newman à 155 000 $. [...]
     La vente Scull représente un cap dans l'histoire du monde de l'art. Ce fut la première vente d'art contemporain a attirer un vaste public, et pas seulement les marchands d'art ou les collectionneurs, les gens se battaient pour entrer chez Sotheby's comme ils se battraient plus tard pour entrer au Studio 54, des caméras de télévision enregistrant toute cette pagaille.
     Ce fut également la première protestation des femmes artistes à un événement artistique, car aucune des 50 oeuvres n'appartenait à une femme. Ce fut aussi la dernière fois où des artistes, menés par Robert Rauschenberg qui brandissait une pancarte ("SCULL EST UN PORC"), protestaient contre la commercialisation de leurs oeuvres par des collectionneurs."

     Page 667. "Je suis quasi sûr que l'idée des Piss Paintings provient  d'amis qui lui ont raconté ce qui se passait au Toilet*, puis qu'elle a été renforcée par la vision des punks pissant dans sa galerie parisienne le soir du vernissage**. Il connaissait aussi la fameuse scène du film de Pasolini sorti en 1968, Théorème, ou un artiste en herbe urine sur ses tableaux. "C'est une parodie de Jackson Pollock", m'expliqua-t-il, faisant référence aux rumeurs selon lesquelles Pollock pissait sur une toile avant de la livrer à un marchand d'art ou à un client qu'il n'aimait pas."

*The Toilet était une boîte gay à NewYork (400 W. 14th Street) qui, comme son nom l'indique, était dévolue aux pratiques uro.
** Il s'agit du vernissage de l'exposition Hammer and Sickles, en mai 1977, chez Daniel Templon. Le vernissage avait été troublé par l'arrivée de dizaines de punks.

Extraits du livre Holy Terror (Andy Warhol confidentiel), de Bob Colacello, édition Séguier.