Un décor fâné : une salle de concert, un peu décatie, avec deux tables dressées devant l'estrade qui lui donnent un air de salle de fête ; un piano, quelques portes (issues de secours), des ouvertures rares sur l'extérieur, en hauteur, très haut. Ici on doit s'égayer dans l'obscurité, comme il se doit. Et demeurer le reste de sa vie. Inutile de changer de lieu ou d'espace : c'est dans les têtes et les corps que ça bouge, dérive, déglingue.
En réalité, "Vader" (père), la dernière chorégraphie de Peeping Tom, se déroule dans une maison de retraite. Il y a des pensionnaires, du personnel, des fauteuils roulants. Mais aussi l'heure de la soupe, assaisonnée d'une pincée d'univers carcéral, d'un zest de dictature, adoucie d'un fumet de romance éternelle, relevée de demandes d'amour qui s'hurlent en demandes d'excuse ou de pardon.
Sorry! Des surtitres traduisent les quelques dialogues en anglais, mais s'entendent aussi d'autres langues que l'on ne comprend pas : de toute façon les vieux parlent d'un monde oublié.
Tout cela prend des formes étranges, qui métissent la danse de Saint-Guy, l'alchimie et le cartoon : les corps sont élastiques, bondissants, acrobates, insaisissables. Le moindre geste (enlever un manteau) s'effiloche en figures caoutchouteuses (une valse, une balançoire, une étreinte, une contrainte), les personnages mutent sous nos yeux (vieillissement, travestissement, bestialité) et tout s'opère en légèreté, en tendresse et en chansons réinventées magnifiquement (Aguas de marços, Feeling, What a difference a day makes). C'est atrocement drôle.
"Né de la poussière, tu redeviendras poussière." Avant cet anéantissement final, la compagnie Peeping Tom (traduction : le voyeur) nous rappelle qu'il y a la vieillesse à traverser. A coups de balai, accessoire ô combien présent et hilarant dans le spectacle.
Le roi Lear est perdu dans la forêt d'Alzheimer. Mais on nous annonce que Vader n'est que le début d'une trilogie, et que les mises en scène sur la mère et les enfants sont à venir. Deux bonnes raisons de vieillir.
"Vader", de Peeping Tom. Jusqu'au 11 juillet au Théâtre de la Ville.
En réalité, "Vader" (père), la dernière chorégraphie de Peeping Tom, se déroule dans une maison de retraite. Il y a des pensionnaires, du personnel, des fauteuils roulants. Mais aussi l'heure de la soupe, assaisonnée d'une pincée d'univers carcéral, d'un zest de dictature, adoucie d'un fumet de romance éternelle, relevée de demandes d'amour qui s'hurlent en demandes d'excuse ou de pardon.
Sorry! Des surtitres traduisent les quelques dialogues en anglais, mais s'entendent aussi d'autres langues que l'on ne comprend pas : de toute façon les vieux parlent d'un monde oublié.
Tout cela prend des formes étranges, qui métissent la danse de Saint-Guy, l'alchimie et le cartoon : les corps sont élastiques, bondissants, acrobates, insaisissables. Le moindre geste (enlever un manteau) s'effiloche en figures caoutchouteuses (une valse, une balançoire, une étreinte, une contrainte), les personnages mutent sous nos yeux (vieillissement, travestissement, bestialité) et tout s'opère en légèreté, en tendresse et en chansons réinventées magnifiquement (Aguas de marços, Feeling, What a difference a day makes). C'est atrocement drôle.
"Né de la poussière, tu redeviendras poussière." Avant cet anéantissement final, la compagnie Peeping Tom (traduction : le voyeur) nous rappelle qu'il y a la vieillesse à traverser. A coups de balai, accessoire ô combien présent et hilarant dans le spectacle.
Le roi Lear est perdu dans la forêt d'Alzheimer. Mais on nous annonce que Vader n'est que le début d'une trilogie, et que les mises en scène sur la mère et les enfants sont à venir. Deux bonnes raisons de vieillir.
"Vader", de Peeping Tom. Jusqu'au 11 juillet au Théâtre de la Ville.
Simon Versnel, Hun-Mok Jung, Marie Gyselbrecht, Brandon Lagaert , Maria Carolina Vieira, Yi-Chun Liu et Leo De Beul. Auxquels s'additionnent des figurants du troisième âge qui viennent saluer aussi. |