mercredi 31 août 2011
jours noirs
C'est difficile d'en parler, tout comme de ne rien dire. Mais qu'exprimer dans cet espace soudain trop ouvert ?
Quelques heures après le post précédent, où le fonctionnement des corps en mouvement prenait l'allure d'un spectacle distrayant ou cocasse, un enfant de ma famille, jeune adolescent, a été fauché sur la route.
Je ne m'autorise pas à donner ici des détails de cet événement, comme si celui-ci n'appartenait qu'à l'acteur involontaire de ce drame, à ses parents, à ses frères et sœurs. La proximité affective dans ce cas est un élastique que je maîtrise mal : je suis trop proche pour ne pas en avoir les tripes retournées et les nuits blanchies, je me sens trop loin pour exprimer ma peine, trop démuni pour aider.
Les jours passent en subtilisant une horreur à une autre, les nouvelles rassurantes sont au conditionnel, celles qui glacent sont certifiées, au futur proche : l'enfant est vivant mais l'intégrité de son corps sera brisée. Il est des mots que je peine à écrire.
La famille est encore en province, non loin du lieu de l'accident. La tristesse, mêlée au sentiment d'injustice mais surtout d'impuissance, me rend groggy : je n'ose poser des questions, je me fais plus discret que discret, je nomme mon incapacité, je tais des pleurs dont je n'arrive pas à me défaire.
La violence des faits produit une sidération singulière. Il faut attendre à nouveau.
Ce soir je dois participer à un dîner d'anniversaire, demain rendre visite à ma mère que je sais évidement bouleversée, encore après partir en vacances dans un pays aux statues démembrées : inutile de préciser que je n'ai envie de rien de tout cela.
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Bravo pour l'exploit de la très juste mise en mots : c'est exactement ce que j'ai ressenti la semaine dernière à l'annonce de la mort de Pascal... Mais je n'avais pas les mots. Ca me fait du bien de partager ce sentiment d'absurdité comme "universel", même s'il aurait été préférable de le cantonner à mon actualité...
RépondreSupprimerTiens bon la traversée... peut être en étant juste là... Impuissant, hébété, mais présent.
Claude