-"Soixante dix baths." J'ai eu un petit rire quand la charmante patronne de la librairie de "second hand" m'a fait son offre pour Les sauvages, de Sabri Louatah. Moi qui avait pensé offrir une destinée thailandaise à ce livre plutôt qu'un bookcrossing parisien...
C'est environ 1,70 euros. Mais il faut relativiser : dans cette boutique, Le mot d'esprit de Freud est affiché 115 baths prix public, moins cher qu'un Amélie Nothomb fripé qui atteint les 125 sur l'étagère au dessous. Qui sait si Les Sauvages, en rayon, n'auraient pas frôlé les 140 baths ?
Mais Sabri, si tu me lis, retiens que je n'ai pas voulu te céder à si vil prix. J'ai déposé ton livre – rapatrié depuis Bali puis Bangkok via Singapour – sur le guichet du métro Barbès hier soir vers 20 heures, avant de me rendre à une invitation à dîner. La foule des métro-pénitents était déjà clairsemée, et sur le trottoir et sur les marches qui amènent aux composteurs de tickets se tenaient uniquement des groupes d'hommes en alerte, épiés ou épiant, le piétinement des uns dissimulant les autres, et plusieurs par leurs mouvements de tête vers moi signifiaient que si je cherchais quelque chose à acheter ils en avaient certainement à me vendre. Le tout se déroulant avec force mimiques de voyous, ces petits durs se dressaient, sans s'en rendre compte, comme autant de travailleurs du sexe proposant deux passes pour le prix d'une, ceux à la barbe bleue semblant plus féminins que les autres, et ceux à la peau plus foncée laissant apparaître le plus leur fessier révélé par un jean à la taille abaissée.
J'aurais préféré une jolie jeune fille à qui j'aurais tendu le livre directement mais je l'ai pourtant laissé là, donc sur le guichet du métro, à la merci de ces autres sauvages qui vont peut-être dépecer le volume et détailler la couverture en petits rouleaux spiralés, filtres d'occasion de leurs air-bags quotidiens.
Persuadé que j'allais me séparer de ce livre je l'avais photographié dans la chambre mon l'hôtel au bord du fleuve Chao Phraya. |
Mais Sabri, si tu me lis, retiens que je n'ai pas voulu te céder à si vil prix. J'ai déposé ton livre – rapatrié depuis Bali puis Bangkok via Singapour – sur le guichet du métro Barbès hier soir vers 20 heures, avant de me rendre à une invitation à dîner. La foule des métro-pénitents était déjà clairsemée, et sur le trottoir et sur les marches qui amènent aux composteurs de tickets se tenaient uniquement des groupes d'hommes en alerte, épiés ou épiant, le piétinement des uns dissimulant les autres, et plusieurs par leurs mouvements de tête vers moi signifiaient que si je cherchais quelque chose à acheter ils en avaient certainement à me vendre. Le tout se déroulant avec force mimiques de voyous, ces petits durs se dressaient, sans s'en rendre compte, comme autant de travailleurs du sexe proposant deux passes pour le prix d'une, ceux à la barbe bleue semblant plus féminins que les autres, et ceux à la peau plus foncée laissant apparaître le plus leur fessier révélé par un jean à la taille abaissée.
J'aurais préféré une jolie jeune fille à qui j'aurais tendu le livre directement mais je l'ai pourtant laissé là, donc sur le guichet du métro, à la merci de ces autres sauvages qui vont peut-être dépecer le volume et détailler la couverture en petits rouleaux spiralés, filtres d'occasion de leurs air-bags quotidiens.
merci de ces petits rouleaux de mentos que tu déposes sur ce blog et qui m'aident à ouvrir une fenêtre pour respirer et remonter des traversées abyssales.Tu n'es pas là et en même temps tu es là, c'est bon de m'accrocher à cette présence-absence.
RépondreSupprimerKiss