mercredi 14 décembre 2016

Aled ! (la guerre)

Ils auront été entendus, lus, ces appels à l'aide venus d'Alep, mais rien n'y a fait.
Ah, si : aujourd'hui la tour Eiffel sera éteinte en signe de solidarité..., ce qui fera une très belle jambe a ceux qui ont perdu un membre dans les bombardements.
Donc aujourd'hui Alep est sur toutes les lèvres, de tous les éditos de presse, de tous les flash infos télévisés. "On savait, on n'a rien fait, c'est la honte, etc" lit-on partout en substance. Je me demande qui est ce "on", qui apparemment se pensait tout puissant, capable d'éteindre un conflit en quelques jours. 

Il y a plus d'une semaine, j'ai regardé un documentaire tourné au Liban : Bernie Bonvoisin, le chanteur de Trust, va à la rencontre d'enfants syriens vivants dans des camps de réfugiés (et, pour avoir entr'aperçu les camps de réfugiés palestiniens là-bas, et eu des témoignages sur les conditions de vie dans ces lieux, j'étais intéressé de voir ça). Le doc se présentait entouré de critiques élogieuses, j'en avais entendu parler un matin, à la radio, dans l'émission l'Instant M, de Sonia Devillers. 

En réalité le film est naïf, et en cela par moment odieux, mais fait avec tellement de bonne volonté qu'on peine à pointer du doigt sa bêtise. C'est toujours gênant d'être témoin de la puérilité d'autrui, mais là c'est dérangeant de voir ce gros bonhomme aux allures de baroudeur découvrir que la misère existe, et poser aux gens qui rament pour se procurer de la nourriture des questions aussi décalées que : "Depuis combien de temps n'avez-vous pas mangé de viande ?" (Et les cinq fruits et légumes par jour pendant qu'on y est, Bernie ?). Bref, cerise sur le gâteau, le focus mis sur les enfants, comme si la guerre ne concernait pas les adultes, et que c'est trop mignon ces petits acteurs gratuits si spontanés qui gribouillent des dessins colorés avec des bombes et que c'est triste. Re bref.

Dans ce livre, interdit deux jours après
sa publication en 1961, Benoist Rey  raconte
ce qu'il a vu et vécu en Algérie en 59-60.
En me rendant au Liban il y a quelques semaines, j'avais emporté pour lire dans l'avion un très mauvais ouvrage signé d'un galeriste parisien (je préfère taire le nom de l'homme et du bouquin). Ce sont des souvenirs, et quelques vagues considérations sur l'art contemporain qui n'ont que peu d'intérêt. Cependant, dans les premières pages, l'auteur y évoque la guerre d'Algérie (il était appelé à l'époque) et le livre interdit de Benoist Rey, Les égorgeurs (les Editions de Minuit).
Ce qui m'a donné envie de regarder de plus près cette guerre-là.

Il faut bien que je prenne conscience de ma naïveté à moi,et que j'en fasse état : je ne sais pas ce qu'est la guerre. J'ai vu des films de guerre, j'ai vu des photos de guerre, j'ai lu des lettres de poilus, des articles sur les guerres contemporaines. Mais rien de cela n'est la guerre.
La vraie guerre, il faut se rendre à l'évidence, c'est la liquidation systématique et sans scrupule des civils qui gênent pour faire la guerre entre adversaires officiels.




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