Je commence un livre dont j'ai entendu parler récemment, réputé pour sa drôlerie, et qui date d'une dizaine d'années déjà. Il s'agit de la Lamentation du prépuce, de Shalom Auslander, édité maintenant en format poche, chez 10/18.
Je n'en suis qu'au tout début, et à la page 41, l'auteur raconte comment, enfant, pour tenter de faire diversion dans des moments de crise familiale, notamment autour du dîner, il commença à "faire Nixon".
Je n'en suis qu'au tout début, et à la page 41, l'auteur raconte comment, enfant, pour tenter de faire diversion dans des moments de crise familiale, notamment autour du dîner, il commença à "faire Nixon".
Extrait, puis explication :
"[...] Étendant les bras de part et d'autre, je les ramenais rapidement contre moi en adoptant une version modifiée de la position du Penseur, soutenant mon coude gauche de ma main droite, la gauche calée sous mon menton. La tête dans les épaules, branlant du chef, je remontais toute la longueur de la table d'un pas traînant, sans cesser de répéter :"Je ne suis pas un voleur, je ne suis pas un voleur..."
- Mais qu'est-ce qu'il fait ? s'étonnait chaque fois ma mère en lâchant un rire désespéré.
- Il fait Richard Nixon, expliquait mon frère.
- Qu'est-ce qu'il y connaît à Richard Nixon?
Rien. Simplement j'avais vu un type exécuter la même pantomime à la télé, un nommé Dan Aykroyd que je ne connaissais pas plus que Nixon mais qui avait fait rire tout le monde, ce qui ne m'avait pas échappé. En réalité c'est Dan Aykroyd que je croyais imiter.
Mon père s'efforçait de rester fâché mais au bout de quelques allées et venues nixoniennes il ne pouvait plus réprimer un sourire. L'orage était passé [...]"
Ce à quoi il est fait allusion dans ce passage, c'est à un moment particulier et iconique du Watergate, Cette phrase, "I am not a crook" (qu'en français on traduirait plutôt par "Je ne suis pas un escroc") , est restée comme le symbole de la duplicité, de la cupidité et des mensonges de Richard Nixon. C'est un peu le "J'aime ma femme" ou le "Tout cela est parfaitement légal" de François Fillon.
C'est le 17 novembre 1973. L'affaire du Watergate a débuté en juin 72, tout doucement, sans être une affaire d'état, puis au fur et à mesure des investigations, le rôle des proches du président et enfin de la maison Blanche elle-même apparaît. Le petit scandale du cambriolage initial amène à découvrir tout un dispositif d'actions secrètes, qui a pour corollaire tout un système de financement occulte avec détournements de fonds. Tout cela se fait crescendo et n'a pas empêché l'élection de Nixon en novembre 1972.
Au milieu des multiples révélations, l'opinion publique apprend que le président ne paye quasiment pas d'impôt, ce qui, à la faveur de différents montages, est parfaitement légal (ça nous rappelle quelque chose...), mais pas très moral pour autant.
Le même Richard Nixon qui avait déjà fait affirmer par son porte-parole "La Maison Blanche n'est absolument pas impliquée dans cet incident" (le cambriolage de l'immeuble du Watergate), ce même agneau au cœur pur se résout à faire, devant les caméras de télévision, un exercice de transparence, qui nous rappelle aussi quelque chose, décidément : "I'm not a crook". (vidéo ci-dessus : https://www.youtube.com/watch?v=sh163n1lJ4M)
Le truc est tellement énorme que l'humoriste Dan Aykryod s'en saisit (on trouve aussi son sketch sur Internet).
Il n'est pas inutile de rappeler qu'au cours de ces mois tumultueux, la Maison-Blanche qualifiait l'enquête journalistique en cours de "tentative d'assassinat politique".
Le même Richard Nixon qui avait déjà fait affirmer par son porte-parole "La Maison Blanche n'est absolument pas impliquée dans cet incident" (le cambriolage de l'immeuble du Watergate), ce même agneau au cœur pur se résout à faire, devant les caméras de télévision, un exercice de transparence, qui nous rappelle aussi quelque chose, décidément : "I'm not a crook". (vidéo ci-dessus : https://www.youtube.com/watch?v=sh163n1lJ4M)
Le truc est tellement énorme que l'humoriste Dan Aykryod s'en saisit (on trouve aussi son sketch sur Internet).
Il n'est pas inutile de rappeler qu'au cours de ces mois tumultueux, la Maison-Blanche qualifiait l'enquête journalistique en cours de "tentative d'assassinat politique".