mardi 15 décembre 2020

autres scènes de rue

C’est un soir, je ne sais plus trop, sans doute vers 21heures ou 21h30, je suis sorti dans le quartier faire un peu de footing. Je suis en short, tee-shirt et hoodie, avec juste un petit sac banane qui comprend mes papiers d’identité et cette put... d’attestation (des fois qu’un représentant de l’Etat ait besoin de ça pour comprendre que je fais du sport), ainsi qu’une mini bouteille d’eau. Je ne cours jamais très longtemps, entre une demi-heure, une heure, je ne suis clairement pas un vrai sportif. 
Vers la fin de mon parcours, je suis proche de la Gare de l’Est, je cesse de courir et me mets à marcher en sortant de mon sac ma petite bouteille d’eau. C’est à ce moment qu’un homme de haute stature aux cheveux frisés sort de l’ombre, proche des grilles qui enserrent la gare, et surgit près de moi: « Vous êtes très beau », dit-il avec un large sourire.
Sans m’arrêter, je le regarde, remarque son regard embué par la prise de produits illicites qui expliquerait cette affirmation peu objective, et je répond sobrement « Merci ».
« Vous êtes très beau sexe », ajoute-t-il quand il comprend que je vais reprendre ma foulée. 
Précision inutile, j’avais déjà compris l’objectif de son commentaire (mais tout de même, la drogue fait de ces ravages!, j’ai quasiment soixante ans...)

Moins compréhensible pour moi est cette deuxième anecdote. Cette fois c’est pile dans ma rue, je rentre de quelques courses en vélo et m’apprête à le garer contre les structures métalliques prévues à cet effet en face de chez moi. Un homme sur le trottoir me regarde d’un air amusé et me lance en anglais : 
« You’re so amazing! »
Perplexe, je regarde ma bécane et moi-même : que se passe-t-il donc, ai-je fait une bizarrerie, suis-je sorti sans chaussures, sans pantalon?... Non, je ne vois rien. 
Je demande des explications à l’homme qui s’est arrêté pour me regarder attacher la bicyclette. Il s’excuse de ne pas pouvoir expliquer cela en français, et finit par dire, continuellement très rigolard, secouant la tête comme pour montrer qu’on est là en face d’un truc vraiment incroyable :
« It’s amazing, you are multi millionaire and you are all the day toujours avec le bicycle... »
(Il y a peut être des jours où je ressemble à Elizabeth II???)




mercredi 9 décembre 2020

dans la rue

C'était tout à fait sympathique cette manifestation du samedi 28 novembre.
En tout cas, arrivé place de la République, je me suis senti moins seul : je ne suis pas l'unique citoyen qui commence à en avoir marre et qui s'inquiète de la dérive du gouvernement.
Il semble qu'en plus de ma petite personne, 45 999 autres parisiens voulaient dirent non à ce projet de loi pénible et exprimer leur souhait d'une autre police.
Ca faisait longtemps que je n'avais pas manifesté, je crois que la dernière fois c'était contre la loi El Khomri (façon de me rappeler cruellement que, maintenant, le législateur se moque carrément de ce qui s'exprime, faute de mieux, dans la rue). 

Ce qui m'a séduit cette fois, c'est la multitude et la singularité des banderoles et des panneaux. Enormément de pancartes faites à la maison, plus ou moins bien fabriquées, politiques ou ironiques, qui témoignaient d'une volonté de prendre la parole, de s'exprimer dans l'espace public. Certaines ciblant plutôt l'article 24, d'autres le projet de loi en entier, d'autres encore pointant la violence de la police, et son racisme.

"Eduquez vos flics", "Floutage de gueule", "Moins de drones, plus de neurones", "Darmanin est un crétin", "Souriez vous êtes filmés", "Darmacron, démission !", "ACABlées"...
L'une de ces pancartes m'a particulièrement touché : double-face, elle indiquait sur le recto "1985, la haine" et sur le verso "2020, la honte". On avance (tristement) peu.

Bien sûr, depuis, la cacophonie du gouvernement, des parlementaires et de certains syndicats policiers n'aide pas à être optimiste. Le "en même temps" montre ses limites à ceux qui n'avaient pas voulu les voir : on ne peut pas être à la fois pour la démocratie et contre la démocratie, en tout cas pas "en même temps".

Enfin, je me demande si l'indigence gouvernementale a toujours été du même acabit
Quand j'étais jeune, nous étions moins informés, il n'y avait pas Internet et les réseaux sociaux, et les membres des gouvernements étant alors plus âgés que moi, j'imagine que j'étais moins sensible à cet amateurisme, sans doute plus confiant. Depuis que j'ai dépassé la quarantaine, c'est-à-dire que j'ai maintenant l'âge et donc autant d'expérience (voir plus) et d'expertise dans certains domaines que les membres de ces ministères, maintenant que l'on suit en temps réel les bourdes, les reculades, les approximations de ceux qui nous gouvernent, je trouve ce spectacle désolant. Car on ne peut pas non plus être "en même temps" efficace et inefficace, donner confiance et ne pas donner confiance.
Question vocabulaire, dans l'expression la "formation des élites", il y a au moins visiblement deux mots mal employés : "formation" et "élites".