Vers la fin de mon parcours, je suis proche de la Gare de l’Est, je cesse de courir et me mets à marcher en sortant de mon sac ma petite bouteille d’eau. C’est à ce moment qu’un homme de haute stature aux cheveux frisés sort de l’ombre, proche des grilles qui enserrent la gare, et surgit près de moi: « Vous êtes très beau », dit-il avec un large sourire.
Sans m’arrêter, je le regarde, remarque son regard embué par la prise de produits illicites qui expliquerait cette affirmation peu objective, et je répond sobrement « Merci ».
« Vous êtes très beau sexe », ajoute-t-il quand il comprend que je vais reprendre ma foulée.
Précision inutile, j’avais déjà compris l’objectif de son commentaire (mais tout de même, la drogue fait de ces ravages!, j’ai quasiment soixante ans...)
Moins compréhensible pour moi est cette deuxième anecdote. Cette fois c’est pile dans ma rue, je rentre de quelques courses en vélo et m’apprête à le garer contre les structures métalliques prévues à cet effet en face de chez moi. Un homme sur le trottoir me regarde d’un air amusé et me lance en anglais :
« You’re so amazing! »
Perplexe, je regarde ma bécane et moi-même : que se passe-t-il donc, ai-je fait une bizarrerie, suis-je sorti sans chaussures, sans pantalon?... Non, je ne vois rien.
Je demande des explications à l’homme qui s’est arrêté pour me regarder attacher la bicyclette. Il s’excuse de ne pas pouvoir expliquer cela en français, et finit par dire, continuellement très rigolard, secouant la tête comme pour montrer qu’on est là en face d’un truc vraiment incroyable :
« It’s amazing, you are multi millionaire and you are all the day toujours avec le bicycle... »
(Il y a peut être des jours où je ressemble à Elizabeth II???)