Comment revenir à la réalité après avoir assisté à un spectacle de Sidi Larbi Cherkaoui ? Moi je mets des heures à en ressortir, comme à la suite d'un évanouissement. C'est beau, intelligent, sensible, troublant, et empreint d'une générosité et d'une humanité qui me sont rarement offertes de cette façon-là.
J'ai vu hier TeZuKa, à La Villette, assez mal placé malheureusement (mais on a compris que je pourrais assister aux créations de Sidi Larbi même assis sur une planche à clous). Dès les premières minutes je comprends que les esprits chagrins vont trouver le spectacle trop bavard. Qu'importe. Le propos dépasse la simple monstration de danse, comme chaque fois avec les propositions du chorégraphe flamand, et certains sans doute ne s'en apercevront qu'à cette occasion.
De quoi s'agit-il ? D'un hommage à Osuma Tezuka, auteur de manga, hommage traversé d'interrogations appartenant autant au dessinateur qu'à Sidi Larbi Cherkaoui, où l'on rencontre des thèmes exacerbés par l'histoire passée ou récente du Japon : de la bonté de l'homme et de sa capacité de destruction, de la responsabilité, du sacrifice, de la catastrophe, de la rédemption... Le paradis et l'enfer de Foi et Myth (spectacles plus anciens créant un triptyque avec Babel) ne sont pas loin. La scène accueille toutes sortes de mises en relation, autre manière que l'on connaît de Sidi Larbi, qui font se confronter corps, stéréotypes, groupes, musiques et, thème oblige, tout un monde d'encre, de taches, d'idéogrammes, de dessins... Spectacle total.
Les danseurs jouent avec des images : suis-je responsable de la case dans laquelle je me tiens ? Puis-je dessiner ma destinée ? Astroboy, petit robot dont la chair vivante irradie la scène questionne son être de machine. Les chants traditionnels japonais vrillent d'émotion la musique de Nitin Sawhney. La danse est aussi celle de la recherche d'un autre point de vue : n'est-on en appui que les pieds sur terre ? Cette bande de magiciens du monde entier invente (autre constante des spectacles de SLC) une nouvelle forme de gravité : des portés-caresse, des chutes sans chutes, des anatomies de papier, des postures calligraphie... On pourrait écrire des pages sur l'inventivité du spectacle.
Les danseurs jouent avec des images : suis-je responsable de la case dans laquelle je me tiens ? Puis-je dessiner ma destinée ? Astroboy, petit robot dont la chair vivante irradie la scène questionne son être de machine. Les chants traditionnels japonais vrillent d'émotion la musique de Nitin Sawhney. La danse est aussi celle de la recherche d'un autre point de vue : n'est-on en appui que les pieds sur terre ? Cette bande de magiciens du monde entier invente (autre constante des spectacles de SLC) une nouvelle forme de gravité : des portés-caresse, des chutes sans chutes, des anatomies de papier, des postures calligraphie... On pourrait écrire des pages sur l'inventivité du spectacle.
Assis loin de la scène, je n'ai pas bien identifié tous les visages des danseurs. Aussi plus tard, dans le restaurant proche où une partie de la troupe vient elle aussi dîner, le jeu est de retrouver qui jouait qui. Je n'avais reconnu qu'au moment des saluts Damien Jalet, complice de longue date de Cherkaoui, qui forme un temps un duo érotique – prêtre et psychopathe (!) enlacés tout droit sortis d'un manga de Tezuka – avec le surnaturel argentin Daniel Proietto.
Comme le programme publié par La Villette n'a pas jugé utile de différencier les différents interprètes (mais pourquoi ?), je précise que c'est Kazutomi Kozuki qui est Astroboy. Les rôles féminins ont une place un peu ingrate dans le spectacle : le couple sensuel formé par Guru Nagelhus Schia (elle) et Vebjorn Sundby (lui) vers la fin du spectacle n'en est que plus saisissant.
Comme le programme publié par La Villette n'a pas jugé utile de différencier les différents interprètes (mais pourquoi ?), je précise que c'est Kazutomi Kozuki qui est Astroboy. Les rôles féminins ont une place un peu ingrate dans le spectacle : le couple sensuel formé par Guru Nagelhus Schia (elle) et Vebjorn Sundby (lui) vers la fin du spectacle n'en est que plus saisissant.
Le danseur portugais Helder Seabra ouvre le spectacle, voir video ci-dessus. (Photo Jane Hobson). |
Jalet et Proietto à Londres (Photo Tristam Kenton). |
Co-signataire du spectacle, Ali ben Lotfi Thabet a réalisé beaucoup de photos pendant la préparation de TeZuKa : on peut les découvrir ici.
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