Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé ça et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
- Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Ce poème de Baudelaire, déclamé par Jan Decote dans Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles, revêt une résonnance particulière quand on apprend le suicide de la cinéaste Chantal Akerman.
J'aime cette petite interview que l'on peut voir ici, qui restitue sa vivacité inquiète et son anticonformisme.
Traversé ça et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
- Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Ce poème de Baudelaire, déclamé par Jan Decote dans Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles, revêt une résonnance particulière quand on apprend le suicide de la cinéaste Chantal Akerman.
J'aime cette petite interview que l'on peut voir ici, qui restitue sa vivacité inquiète et son anticonformisme.
1975. Delphine Seyrig dans Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles. |
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