vendredi 27 novembre 2015

voyage en pédophilie

J'avais promis de parler de cet ouvrage (dans ce billet-là) et, il est temps que j'en livre ici quelques extraits afin de pouvoir le prêter à des amis que mes quelques bavardages à son sujet ont mis en appétit.

L'enfant interdit, comment la pédophilie est devenue scandaleuse, de Pierre Verdrager, est un livre qui est heureusement arrivé chez moi par une amie : je dis heureusement car, ayant appris son existence, j'en étais très curieux, mais je n'aurais peut-être pas été jusqu'à l'acquérir.
Réserve que je signale en écho aux préoccupations que citent l'auteur du livre et son préfacier, François de Singly : "Ecrire un livre sur la pédophilie, c'est prendre le risque d'être soupçonné d'avoir un penchant pour ce type de conduite." "Celui qui travaille sur la pédophilie fait l'expérience du fait que tous les sujets, en sociologie, ne sont pas 'égaux'. Certains sont plus rentables que d'autres, certains plus dangereux, et il ne fait nul doute que la question pédophile est, sous ce rapport, la pire qu'on puisse imaginer. Si cette rentabilité est faible c'est, soit parce qu'on ne comprend pas qu'on puisse travailler sur un sujet aussi répugnant, soit parce qu'on soupçonne le sociologue - n'y a-t-il pas de fumée sans feu ? -  d'être un peu pédophile sur les bords," détaille Pierre Verdrager.
Le lecteur que je fus, affalé en maillot de bain sur le sable avec cet ouvrage en mains, se sera aussi interrogé sur le regard porté sur lui.

Répugnant, le livre ne l'est pourtant pas, il est même plutôt réjouissant. Comme l'indique le sous-titre explicite, il est question de reprendre, appuyé sur une posture la plus objective possible, les arguments avec lesquels ses partisans ont tenter de légitimer la pédophilie, et de regarder pourquoi ces mêmes arguments n'ont pas pris, et ce que la société, petit à petit, a dressé devant eux.
La surprise pour ceux qui, comme moi, n'étaient clairement pas impliqués dans le sujet, est de constater que cette militance pédophile ne se résout pas à un simple mouvement libertaire d'après 68, mais que les partisans de la pédophilie ont tenté d'imposer leurs vues jusque dans les années quatre-vingt. Avec notre grille de lecture d'aujourd'hui, ce voyage dans le temps est stupéfiant.
Au fil des années le livre relate aussi les grandes affaires de pédophilie, leurs traitements juridique et médiatique et leur influence sur l'opinion. On voit une société passer de la peur d'accuser à tord un adulte devant une parole d'enfant peu valorisée à son contraire : la préférence donnée à la suspicion face à l'adulte devant une parole d'enfant prise au sérieux. Jusqu'au paroxysme d'Outreau.

Après que l'on a échangé autour du livre, un ami me donne  Le bon sexe illustré, de Tony Duvert, qu'il possède en double dans sa bibliothèque (!). On lit sur la quatrième de couverture : "Il faut reconnaître aux mineurs, enfants et adolescents, le droit de faire l'amour. De le faire et non d'entendre les adultes en parler. Ce n'est pas une simple nécessité de liberté et de justice ; c'est le seul remède possible aux fléaux de l'Ordre sexuel"... : un livre d'époque, 1974.

Finalement la seule chose qui m'a paru plutôt dégueulasse dans l'ouvrage, c'est la parole complaisante et fanfaronne du gratin pédophile. Comme toute pratique clandestine, la pédophilie favorise les réseaux et la création de communautés où l'on partage, où l'on échange. Les élites auto-proclamés de la pédophilie, qui y voient un désir d'exception réservé aux personnes cultivées, fonctionnent de même et font parfois dans leurs écrits preuve d'une vulgarité infinie, invisible seulement à leurs yeux.
Témoin ce texte de Gabriel Matzneff évoquant Alain de Benoist, de la Nouvelle Droite : "[...] Lorsque nous vidons ensemble une bonne bouteille, nous parlons peu de Heidegger et beaucoup des jeunes filles. Voilà quelques années nous fûmes (successivement) aimés de la même : à l'armée comme au pieu, avoir servi dans le même corps, cela crée des liens." Difficile de faire plus blaireau.
Il y a aussi, page 189, des extraits de la correspondance codée entre Henry de Montherlant et Roger Peyrefitte assez gratinés... Cette dernière phrase est évidemment un "teasing" pour vous donner envie d'acheter le bouquin.

Pour finir sur le sujet, on peut s'amuser à revoir le fameux extrait d'Apostrophe avec l'infatué Matzneff et l'explosive Bombardier... La vidéo est de mauvaise qualité mais ça vaut le coup d'oeil.


Le livre de Verdrager, L'enfant interdit, est édité chez Armand Colin.

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