Peu après le débat télévisé qui réunissait les big five (buffle, éléphant, léopard, lion et rhinocéros, que chacun détermine les analogies pertinentes), je montre à ma mère la page d'un programme de télévision qui traînait dans sa chambre : y figurait la photo d'annonce de l'émission où les cinq candidats étaient réunis.
Je lui explique qu'une élection approche et qu'on doit élire un nouveau président. Elle prend l'air tout à fait intéressé, mais je pense qu'elle ne comprend pas un traître mot de ce que je lui dis. Qu'importe, qu'elle fasse comme la plupart, qu'elle choisisse son candidat à la tête du client.
- Tiens maman, regarde les photos, lequel tu choisirais comme président de la République.
D'emblée elle ignore François Fillon et Marine Le Pen. Jean-Luc Mélenchon bénéficie d'un statut à part : une fois elle dit qu'elle le connaît depuis toujours, pour affirmer ensuite qu'elle ne l'a jamais vu (une allusion aux prestations "hologrammiques" du député ?).
Elle s'arrête enfin sur Benoît Hamon et sur Emmanuel Macron. Je constate que sur le document de la chaîne télévisée, ce dernier est rose comme un porcelet alors que les quatre autres sont gris comme des rôtis de porc sans nitrite.
Elle hésite. Elle affiche un demi sourire, penche la tête sur le côté, comme si elle prenait le temps de se laisser séduire par les deux images.
Finalement elle pointe Macron le rose (n'y voyez aucune correspondance avec la tradition chromatique d'un parti de gauche).
- Lui, dit-elle avec douceur mais fermeté. Il a l'air gentil.
Dans son amnésie, elle ressemble soudain à des millions de personnes.
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