On s'est réunis voilà une semaine, mon frère ma soeur et moi, dans la maison de retraite de notre mère afin d'imaginer avec le personnel quelle stratégie adopter pour ses nouveaux comportements rebelles.
Je redoutais ce rendez-vous, mais plusieurs bonnes surprises m'attendaient.
Premièrement l'ambiance du lieu lui-même dans la journée, avec un personnel qui est là pour interagir avec les pensionnaires, m'apparut bien différente de celle du soir (celle que je connais exclusivement) où l'équipe est plutôt préoccupée par la manutention : remonter les personnes dans leurs chambres et les coucher.
Deuxièmement les médecins et psy qui nous recevaient m'ont semblés attentifs au bien-être des pensionnaires, et enclins à demander au personnel de s'adapter au rythme de maman, plutôt que l'inverse. Et refusant clairement des options médicamenteuses surperflues.
Ensuite, leur regard sur maman se montre réaliste, et accordé au mien, alors que mon frère et ma soeur saisissaient moins la mesure de la déchéance cérébrale de ma mère, et de ce que j'appelle gentiment sa dinguerie (imaginant par exemple qu'elle comprendrait encore très bien le langage, et n'ayant pas constaté toutes ses bizarreries).
Deuxièmement les médecins et psy qui nous recevaient m'ont semblés attentifs au bien-être des pensionnaires, et enclins à demander au personnel de s'adapter au rythme de maman, plutôt que l'inverse. Et refusant clairement des options médicamenteuses surperflues.
Ensuite, leur regard sur maman se montre réaliste, et accordé au mien, alors que mon frère et ma soeur saisissaient moins la mesure de la déchéance cérébrale de ma mère, et de ce que j'appelle gentiment sa dinguerie (imaginant par exemple qu'elle comprendrait encore très bien le langage, et n'ayant pas constaté toutes ses bizarreries).
De mon côté ayant vécu avec elle de nombreux moments où elle confond les mots, culbute les voyelles ou se livre au néologisme, je la sens prête pour la poésie. Je lui ai lu quelques poèmes classiques pour voir s'ils éveillaient sa mémoire comme le font les chansons. Non, sous le pont Mirabeau coule l'oubli, à pic. Un soir je lui ai fait lecture de quelques poésies de Valery Larbaud, le soir suivant, de Stéphane Mallarmé, dont la facture me paraît accordée à son lâcher prise.
Après avoir déclamé lentement le poème "Sonnet" je lui confesse mon impression :
- " Ce n'est pas très compréhensible comme poème, non ?"
- "Oh non, je ne trouve pas, c'était très bien."
Plus tard mon frère m'écrit dans un mail qu'il l'a trouvée très folle le midi, "discutant avec le brie qu'elle mangeait".
Rien que de très compréhensible pourtant, pour une poétesse de son envergure.
Rien que de très compréhensible pourtant, pour une poétesse de son envergure.
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