Eté 1971, le titre de Sly and the Family Stone est le tube du moment. Eva (Ionesco) porte un haut Fiorucci, un short et des bottes dorées à talon haut Yves Saint Laurent, un collier fluorescent. Elle danse au Ku. Nous sommes à la page 254 de son livre (Innocence, aux éditions Grasset), nous sommes à Ibiza.
Dans le livre autobiographique de la mère d'Eva Ionesco, donc Irina, la photographe (attention, il faut suivre, ça se corse) L'Oeil de la poupée, édition des femmes, l'héroïne se nomme Isa. Il y a Manie, la grand-mère, Margot, la mère, et Isa.
Un jour je déjeune dans un restaurant syrien du Xe arrondissement avec ce livre entre les mains quand un homme, installé avec sa fille à la même table que moi (il n'y a qu'une longue table dans ce lieu) me questionne : "Mais que lisez-vous avec tant d'intérêt ?"
-"L'autobiographie d'Irina Ionesco, après je lirai le livre d'Eva."
-"Oh, me dit-il de l'air de celui qui s'y connaît, il faut faire attention, il y a plusieurs versions de l'histoire..."
Je ne vois pas trop à quoi il fait allusion, je lui répond que je ne suis pas surpris que quiconque relate son histoire en fasse une histoire précisément plutôt qu'une vérité, et cet homme m'annonce d'un air gourmand qu'il était à l'école avec Eva. Un lycée section dessin. Ah bon me dis-je, suis-je tombé sur un spécialiste, un evatologue ? Je le questionne pour savoir quelle version il conteste. A-t-il lu le Eva de Simon Liberati ? Non. A-t-il lu le livre que je consulte à l'instant ? Non. A-t-il lu Innocence qui vient de sortir ? Non. Au moins apprend-je qu'il a vu le film My Little Princess, c'est déjà ça, mais il n'a finalement rien d'intéressant à en dire. Sa fille fait la gueule pendant que nous conversons, j'imagine que son père, qui tente de me parler de lui, est un homme autocentré qui lui accorde peu de temps et que notre échange ruine son dimanche midi trop cool avec son papa chéri. Bref.
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