Août. Je fais le bilan des messages que j'ai postés ce mois-ci. Six.
Sigmund, mes j.o., firmament(s), stèle, technicolor, ramadan. C'est peu, mais cela reflète bien ces quelques semaines.
En proximité, dans ce quartier que je connais peu – j'y réside depuis cet hiver seulement –, j'ai vu les voisins se mettre à l'heure d'été.
Ici les locataires, presque nus toute la journée, ont banni les rideaux et vivent dans les courants d'air et de lumière qui traversent leur appartement ; là c'est la jeune femme de la chambre de bonne sous le zinc des toits, à l'atmosphère sûrement surchauffée, qui passe ses soirées à lire et à téléphoner en nuisette sur un gros coussin qui recouvre entièrement sa micro terrasse (entre scène d'opéra et Paris vu par Hollywood*) ; un balcon tout vilain il y a quelques mois verdit et fleurit en un temps record, pris en charge par un jardinier torse nu. Plus loin, d'autres qui se devinent à demi dévêtus, en taches couleur chair.
Moins plaisant : ce jeune couple que j'ai déjà entendu s'engueuler et qui cette fois, toute fenêtre ouverte, ne nous épargne aucun détail de sa dernière crise. Les portes claquent, les propos enflent, et malgré tout, dans les invectives, on sent une tentative désespérée de rester en lien, ne serait-ce que de cette façon. Il y en a, comme ça, qui ont besoin de tirer sur la corde pour vérifier sa solidité.
C'est les vacances pour d'autres que moi. Je reçois de charmantes cartes postales. Parfois, je flâne dans la ville avec mon amie N. qui, de s'être éloignée de la France, se permet une âme de touriste. Près du Forum des halles en travaux, je lui décris le vilain projet et l'amène devant les palissades qui en affichent une simulation (voir aussi le billet l'affaire du trou, 8 juin 2011). Elle n'en croit pas ses yeux. Soudain, détaillant l'image, je remarque que les passants y sont représentés plongés jusqu'à mi-cuisses dans l'herbe... ou le béton. J'en ricane encore.
Pour me mettre définitivement de bonne humeur, je file voir la Vierge, les Coptes et moi, de Namir Abdel Messeeh, faux vrai documentaire, comédie qui s'intéresse moins à la vérité qu'à la possibilité de l'apparition et aux conditions nécessaires et suffisantes pour qu'on y croit.
Qu'on croit à quoi ? Au retour de la mère, au projet collectif, à la puissance de l'illusion. C'est-à-dire à l'amour, à la politique, au destin. Ou à la parole, au lien, à l'image. Ou ou ou, car la force de ce film faussement maladroit est de multiplier, sans rien paraître, les niveaux de lecture.
Cerise sur le gâteau, ceux qui ne connaissent pas l'Égypte découvriront sa campagne et ses visages magnifiques ainsi que sa singulière gaieté.
Sigmund, mes j.o., firmament(s), stèle, technicolor, ramadan. C'est peu, mais cela reflète bien ces quelques semaines.
Cartes postales reçues cette semaine : en haut, l'île grecque de Sifnos ; en bas, chapelle mauresque de Lège-Cap-Ferret. |
Ici les locataires, presque nus toute la journée, ont banni les rideaux et vivent dans les courants d'air et de lumière qui traversent leur appartement ; là c'est la jeune femme de la chambre de bonne sous le zinc des toits, à l'atmosphère sûrement surchauffée, qui passe ses soirées à lire et à téléphoner en nuisette sur un gros coussin qui recouvre entièrement sa micro terrasse (entre scène d'opéra et Paris vu par Hollywood*) ; un balcon tout vilain il y a quelques mois verdit et fleurit en un temps record, pris en charge par un jardinier torse nu. Plus loin, d'autres qui se devinent à demi dévêtus, en taches couleur chair.
Moins plaisant : ce jeune couple que j'ai déjà entendu s'engueuler et qui cette fois, toute fenêtre ouverte, ne nous épargne aucun détail de sa dernière crise. Les portes claquent, les propos enflent, et malgré tout, dans les invectives, on sent une tentative désespérée de rester en lien, ne serait-ce que de cette façon. Il y en a, comme ça, qui ont besoin de tirer sur la corde pour vérifier sa solidité.
C'est les vacances pour d'autres que moi. Je reçois de charmantes cartes postales. Parfois, je flâne dans la ville avec mon amie N. qui, de s'être éloignée de la France, se permet une âme de touriste. Près du Forum des halles en travaux, je lui décris le vilain projet et l'amène devant les palissades qui en affichent une simulation (voir aussi le billet l'affaire du trou, 8 juin 2011). Elle n'en croit pas ses yeux. Soudain, détaillant l'image, je remarque que les passants y sont représentés plongés jusqu'à mi-cuisses dans l'herbe... ou le béton. J'en ricane encore.
Pour me mettre définitivement de bonne humeur, je file voir la Vierge, les Coptes et moi, de Namir Abdel Messeeh, faux vrai documentaire, comédie qui s'intéresse moins à la vérité qu'à la possibilité de l'apparition et aux conditions nécessaires et suffisantes pour qu'on y croit.
Qu'on croit à quoi ? Au retour de la mère, au projet collectif, à la puissance de l'illusion. C'est-à-dire à l'amour, à la politique, au destin. Ou à la parole, au lien, à l'image. Ou ou ou, car la force de ce film faussement maladroit est de multiplier, sans rien paraître, les niveaux de lecture.
Cerise sur le gâteau, ceux qui ne connaissent pas l'Égypte découvriront sa campagne et ses visages magnifiques ainsi que sa singulière gaieté.
Scène du film la Vierge, les Coptes et moi. Au centre, le réalisateur Namir Abdel Messeeh. |
* Il y a une expo sur ce thème par ailleurs à l'Hôtel de ville de Paris à partir du 18 décembre.
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