"- À part ça, tu es calé ?
- J'ai eu le prix d'excellence.
- Ben moi tu sais, pas précisément. Les maths..., c'est tout.
- Oh moi je suis nul.
- Je te vois venir. Tu voudrais que je te refile les problèmes !
- On peut ?
- Si on veut !
- Je ne demande pas mieux !
-.... Et toi tu me refiles tout le reste, on se complète quoi, un cheval, une alouette."
On trouve, dans cet extrait de dialogue, l'expression un cheval une alouette, à laquelle je faisais allusion dans un ancien billet (mathématique, 15 février 2013). Mais moi j'y mettais des grives, c'est une erreur, je n'ai appris que par la suite que cette blague des sixties était passé dans le langage courant tel quel.
Cette conversation entre deux étudiants qui font connaissance est tirée du long-métrage Les amitiés particulières, 1964, réalisé par Jean Delannoy d'après le livre de Roger Peyrefitte. Grâce à une amie qui m'avait prêté tout un lot de DVDs éclectique, revoir ce film fut ma façon de fêter ce dimanche particulier où, chacun l'aura noté, la Palme d'or cannoise et les manifestations homophobes à Paris semblaient dans un espace temps différent.
Dernières lignes de l'avertissement qui débute le film. |
Le film est désuet, mais d'une certaine façon cela lui donne une modernité étrange. Comme si les décors, le parlé, les dialogues, produisaient un effet de distance encore plus grand entre le propos, intemporel, et la narration, marquée de son temps. Désuet et assez gonflé en même temps : les choses sont dites, parfois avec ellipse, mais bien là.
Sans doute dans cinquante ans "La vie d'Adèle" paraîtra un peu vieillie elle aussi.
C'est sur le tournage du film que Roger Peyrefitte tombera amoureux de Alain-Philippe Malagnac, très très jeune figurant, qui des années plus tard épousera Amanda Lear.
Poussièreuses ou non, on peut vraiment dire que ces années soixante et soixante dix n'étaient pas banales... Et les manifs un peu plus Peace and Love...