lundi 22 juillet 2013

monts et merveilles


Samedi donc, escapade sur la Jungfrau, au sommet de cette montagne où vous mène un train qui grimpe au cœur de la roche, s'arrêtant en chemin là ou des percées dans la pierre ménagent un rare panorama sur les neiges d'altitude. 
Dans le wagon, quelques américaines ne sont apparemment pas renseignées sur le monde de la haute montagne qu'elles pensent aborder en mini short et tongs de cuir fauve. Moi je ferais l'expérience qu'avec un tiers de poumon en moins, la raréfaction de l'oxygène se sent rudement.

Dimanche, quelques 3000 mètres plus bas et avec 30 degrés de plus, ce sont les plaisirs de la plage campagnarde. Jamais vu autant de monde ici en été, les grosses températures sont évidemment cause de l'affluence. La rivière est pleine de baigneurs et d'embarcations de toutes sortes qui glissent lentement comme sur la rivière enchantée du Jardin d'acclimatation de mon enfance, les îles où l'on se bronze nu ressemblent à une photo de Spencer Tunick.
Il fait chaud. Je suis abreuvé d'amour.

À gauche, un parmi les packagings de l'été des bouteilles de Coca-Cola.
À droite, la tisane de la félicité, au chanvre.

on the rocks



Sans prendre le temps d'en écrire plus, mais pour vous faire profiter de cette fraîcheur suisse de retour de week-end. Ça se mérite tout de même, il faut aller jusqu'à 3500 mètres d'altitude environ.

jeudi 18 juillet 2013

une pièce

Quand elle m'a rendu la monnaie, ma boulangère y a glissé, sans le vouloir, une pièce égyptienne. Une livre, soit environ un dixième d'euro au cours de 2013 je crois.

Ça m'a fait plaisir de la trouver par surprise cette pièce, comme une forme de retour du refoulé. Retour sur l'Égypte, retour sur la révolution... Replay ? Review ? Je ne pouvais pas faire mieux que de la remettre en circulation. Frotter le métal égyptien au métal européen. Faire apparaître le Sphinx (qui figure côté face) dans un autre porte monnaie parisien.

C'est à la poste que je l'ai écoulée. Des chiffres et des lettres. L'impression de jeter une bouteille à la mer, de donner un petit bout de mon coeur égyptien au flux de l'offre et de la demande.
Après, dans l'après-midi, j'ai cherché sur Internet des données chiffrées plausibles concernant l'Égypte, comme par exemple le taux de chômage. Difficile. Suis tombé sur plein de pages touristiques parfaitement décalées.




mardi 16 juillet 2013

en vers

Récemment je regarde sur le Net un film de Samuel Fuller, Shock corridor, sorti en 1963. C'est un peu le Vol au-dessus d'un nid de coucou des années soixante, c'est dire en noir et blanc (photo de Stanley Cortez tout de même – La Splendeur des Amberson, La Nuit du chasseur...).
Héros peu sympa, plutôt dérangeant, affublé d'une girl friend assez improbable, strip teaseuse au look de secrétaire de direction, scénario qui dénonce l'asile psychiatrique autant que la société américaine.

Le film est en VO et rapidement je sens que mes compétences linguistiques vont limiter ma compréhension des dialogues, j'active la fonction sous-titres en anglais... le temps de me rendre compte que les dits sous-titres sont confectionnés par un transcripteur automatique sur une base vaguement phonétique.
Quelques phrases sont en petit nègre ( Ce mot composé ne semble pas politiquement correct du fait de sa  connotation coloniale voire esclavagiste, m'indique Internet de nouveau), la plupart sont en fait des mots posés bout à bout sans aucune logique. Je pouffe quand la girl friend inquiète lâche : "Abdullah peanuts". Du coup je ne résiste pas à la tentation d'activer les sous-titres français. Ceux-ci sont une digne adaptation des phrases sources américaines. "Abdullah arachides" marmonne cette fois la strip-teaseuse dans la langue de Molière. 
Je cherche aussi la version française d'un passage dont la conclusion "inch communist", m'avait assez troublé. On dirait un poème surréaliste.

"à persécuteur ils ont mis en
connaissance de MS
homme fissure
il suffit de choisir Yuma haine
ida représenté dans l'ennemi
gracie
c'était de l'argent facile
plage vibrateurs canon
ils m'ont tout appris de choux pointe drageons com
peut vous donner une
inch communiste."

Dans un genre différent, mais tout à fait aussi poétique pour moi, je communique avec A. qui, en Espagne, inaugure un nouveau téléphone où la frappe des sms semble hasardeuse.

"Ton message o émotions" me répond-il.

Plus tard encore c'est N. qui m'informe : "La patronne de la supérette du coin a nommé son caniche Éros".
Oui, mais là ce n'est plus un jeu verbal, c'est de l'amour, toutou simplement.

lundi 8 juillet 2013

Ra (Paris-Le Caire-Louxor)


« "Tu te crois donc en Europe ?" s'était-elle écriée, et avec une telle emphase que ta tante maternelle par alliance, la mère de Hind, s'est crue obligée d'insister sur le caractère tout à fait déplacé et moralement choquant de ta décision.
"Fais ce que tu sens", t'a dit ton père avec un sourire bonhomme. Aussitôt tu as repensé à lui plus jeune, lorsque tu n'étais toi-même qu'un enfant. Tu l'as revu en train de courir après Hani, le fils de Morsi le boucher, qui venait de te frapper. Ton père en avait perdu ses savates en route, mais il avait fini par le rattraper et par le mordre à la joue, et il n'avait pas desserré les mâchoires avant d'avoir laissé une empreinte sanguinolente sur le visage du gamin.
Vous êtes comme chaque jour au Café du Central – Moneim ne peut s'empêcher de dire "cofee shop" – quand l'idée de vous trouver une petite garçonnière s'impose à vous. Toi tu renchéris en affirmant qu'il s'agit d'une nécessité absolue, même si tu ne connais pas une seule fille susceptible d'accepter ne serait-ce qu'une promenade au parc zoologique. »
Extrait de Mauvaises passes, de Mohammed S. al-Azab, éditions du Seuil, lu cet après-midi sous le soleil parisien, l'esprit parfois tourné vers Tahrir.

Ce soir, la grande salle du cinéma Louxor,
nommée salle Youssef Chahine.

jeudi 4 juillet 2013

match point

Ce midi je pars très résolu avec mon petit vélo pour m'acheter une paire de chaussures de sport dans un magasin qui... n'existe plus. Je ne suis pas au top question actu boutique. Pas très grave car je ne suis même pas sûr que ces chaussures de tennis mythiques dont on a annoncé la résurrection soient déjà en vente.
Bref, tout cela pour dire que, ayant attaché mon vélo à deux pas de la rue de l'Arbre-Sec, j'en ai profité pour aller déjeuner au Garde-Robe, dont j'ai déjà dit ici du bien.

Le Garde-Robe, 41 rue de l'Arbre-Sec, 75001 Paris

Eh bien je vais refaire la même chose. J'avais du boulot dans mon sac, des trucs à lire, mais mon cerveau fut trop accaparé par les signaux que lui envoyait mon palais pour s'occuper d'autre chose. J'ai donc laissé la place à leur conversation gourmande. Parenthèse.