"Fais ce que tu sens", t'a dit ton père avec un sourire bonhomme. Aussitôt tu as repensé à lui plus jeune, lorsque tu n'étais toi-même qu'un enfant. Tu l'as revu en train de courir après Hani, le fils de Morsi le boucher, qui venait de te frapper. Ton père en avait perdu ses savates en route, mais il avait fini par le rattraper et par le mordre à la joue, et il n'avait pas desserré les mâchoires avant d'avoir laissé une empreinte sanguinolente sur le visage du gamin.
Vous êtes comme chaque jour au Café du Central – Moneim ne peut s'empêcher de dire "cofee shop" – quand l'idée de vous trouver une petite garçonnière s'impose à vous. Toi tu renchéris en affirmant qu'il s'agit d'une nécessité absolue, même si tu ne connais pas une seule fille susceptible d'accepter ne serait-ce qu'une promenade au parc zoologique. »
Extrait de Mauvaises passes, de Mohammed S. al-Azab, éditions du Seuil, lu cet après-midi sous le soleil parisien, l'esprit parfois tourné vers Tahrir.
Ce soir, la grande salle du cinéma Louxor, nommée salle Youssef Chahine. |
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