jeudi 30 janvier 2014

enfance

Je suis dans le rer - c'était il y a quelques jours - je reviens de chez ma mère ou bien d'une réunion avec des collègues, je ne sais déjà plus. Non loin dans le wagon, assis me faisant face, un jeune homme brun dont le visage est secoué de tics.
Les sourcils remontent - le gauche plus que le droit - et se remettent en place. Puis la face se tourmente, déformée de plusieurs mouvements, enfin un déglutissement tire la pomme d'Adam vers le bas.
Ca reprend, les sourcils remontent. Des crispations qui affectent les paupières, les muscles releveurs sous les ailes du nez, le tour de la bouche..., il est difficile de percevoir laquelle précède ou entraîne une autre, et de discerner celles qui seraient simultanées, celles qui seraient superposées - un tremblement plus puissant pouvant en recouvrir un de moindre importance. La pomme d'Adam, elle, semble clore la séquence. Qui reprend.
Curieusement cette cascade de grimaces infimes ne le défigure pas, ne l'enlaidit pas. La régularité mathématique de ces répétitions m'étonne, comme la variété naturelle des mouvements possibles de ces muscles. Ca reprend. Sans cesse.

Le temps passe. Soudain, je me rends compte que le garçon me regarde, ou plus exactement, me regarde le regarder, depuis un certain temps maintenant.
Tendu à identifier le cycle et le rythme de ses tics, je suis quasiment hypnotisé, engourdi, n'existant plus que dans cette succession narcotique : je sors de ma torpeur, retrouvant l'impression ressentie enfant lorsque j'essayais, de même, de repérer dans les enseignes lumineuses clignotantes les séquences de couleurs des néons, où les tempos variés des guirlandes de Noël chez ma grand-mère, à Clermont-Ferrand.

 

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