Il y a une agitation inhabituelle, oh, à peine, quand j'arrive hier soir à la maison de retraite (dans ma tête je pense toujours à l'acronyme MDR...) Qu'est-ce que c'est ? C'est l'effet fête des mères, qui a dû générer des visites inhabituelles.
Dans le réfectoire où je retrouve la mienne, elle répète la scène rituelle : le petit cri, les tremblements d'excitation puis les "je suis tellement contente de te voir, tu m'as tellement manqué, etc". La scène doit agacer l'une des pensionnaires, une Tatie Danièle de première classe qui crie dans mon dos, d'un ton réprobateur : "Voilà le messie".
La première fois que j'ai dîné sur place, je l'ai entendue martyriser ses voisines de table avec bonheur. A l'une qui peinait à éplucher une mandarine : "Vous n'y arrivez pas ??!! C'est vraiment zéro. Zéro plus zéro égale la tête à Toto".
A une autre qui lui expliquait, avec une ellipse, un grave problème de santé : "Eh puis j'ai failli..."
- "Failli quoi, finissez vos phrases, vous avez failli quoi ?"
- "Eh bien j'ai failli mourir."
- "Ah?! C'est pas grave!"
On reste un moment dans le "jardin" (deux tables sur des caillebottis qui entourent trois mètres carrés de gazon planté ) puis quelques gouttes de pluie nous ramènent à l'intérieur.
-"Celle-ci je la déteste", dit ma mère en désignant la directrice du lieu.
-"Ah bon?" je feins la surprise mais elle me le dit à chaque visite.
-"Tu la verrais, avec ses airs de tout savoir. Et puis elle a de l'argent plein les poches, c'est effarant, partout, tu verrais, elle en a partout."
Je trouve amusant que, dans sa folie, ma mère perçoive quelque chose de la réalité sociale.
Nous montons dans sa chambre. Je vide l'eau croupissante d'un bouquet, dans le lavabo et, depuis le cabinet de toilette, j'entends ma mère me demander :
- "Tu vois souvent tes parents ?"
-"Mais c'est toi mes parents, c'est toi ma maman. Je te vois deux fois par semaine."
Ma réponse n'a pas l'air de la surprendre.
Le soir, je rentre chez moi et je regarde sur mon ordinateur "J'ai tué ma mère", de Xavier Dolan.
Dans le réfectoire où je retrouve la mienne, elle répète la scène rituelle : le petit cri, les tremblements d'excitation puis les "je suis tellement contente de te voir, tu m'as tellement manqué, etc". La scène doit agacer l'une des pensionnaires, une Tatie Danièle de première classe qui crie dans mon dos, d'un ton réprobateur : "Voilà le messie".
La première fois que j'ai dîné sur place, je l'ai entendue martyriser ses voisines de table avec bonheur. A l'une qui peinait à éplucher une mandarine : "Vous n'y arrivez pas ??!! C'est vraiment zéro. Zéro plus zéro égale la tête à Toto".
A une autre qui lui expliquait, avec une ellipse, un grave problème de santé : "Eh puis j'ai failli..."
- "Failli quoi, finissez vos phrases, vous avez failli quoi ?"
- "Eh bien j'ai failli mourir."
- "Ah?! C'est pas grave!"
On reste un moment dans le "jardin" (deux tables sur des caillebottis qui entourent trois mètres carrés de gazon planté ) puis quelques gouttes de pluie nous ramènent à l'intérieur.
-"Celle-ci je la déteste", dit ma mère en désignant la directrice du lieu.
-"Ah bon?" je feins la surprise mais elle me le dit à chaque visite.
-"Tu la verrais, avec ses airs de tout savoir. Et puis elle a de l'argent plein les poches, c'est effarant, partout, tu verrais, elle en a partout."
Je trouve amusant que, dans sa folie, ma mère perçoive quelque chose de la réalité sociale.
Nous montons dans sa chambre. Je vide l'eau croupissante d'un bouquet, dans le lavabo et, depuis le cabinet de toilette, j'entends ma mère me demander :
- "Tu vois souvent tes parents ?"
-"Mais c'est toi mes parents, c'est toi ma maman. Je te vois deux fois par semaine."
Ma réponse n'a pas l'air de la surprendre.
Le soir, je rentre chez moi et je regarde sur mon ordinateur "J'ai tué ma mère", de Xavier Dolan.
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