Parmi les quelques voyages qui m'ont tenu loin du clavier ces dernières semaines, je dois citer en premier lieu Eva, le dernier livre de Simon Liberati (éd. Stock).
Enquête, reconstitution, déclaration d'amour, le texte s'avance comme un hommage à la compagne de l'auteur, Eva Ionesco, célèbre, entre autres, pour son passé d'enfant modèle dénudé devant l'objectif de sa mère. J'ai déjà ici cité mon attirance adolescente pour ces images, et me trouvant il y a un mois ou plus avec ce livre entre les mains j'ai, avant de l'ouvrir, procédé à quelques visionnages.
D'abord celui du film (dont j'annonçais la sortie en 2011) que réalisa Eva d'après sa propre histoire, My Little Princess. Puis un autre, Jeux d'artifices, dans lequel elle joue cette fois, oeuvre qui date de la fin des années 80 (Eva a alors 22 ans).
Si d'aventure quelqu'un vous questionne sur les années quatre-vingt ("Dis pappy, c'était comment?") conseillez sans réserve ce film de Virginie Thévenet : l'historien des moeurs sera ravi, l'amateur d'art dramatique, moins. Je ne sais par quel mystère son autre long métrage, tout aussi emblématique, La Nuit porte-jarretelles, reste introuvable. Affaire de droits probablement.
Jeux d'artifices est pour l'occasion de ce billet, et à l'image de son titre, un voyage à l'intérieur de celui que je m'apprêtais à restituer autour du livre de Liberati. Dans un décor signé David Rochline se déploie un décalque des Enfants terribles (Cocteau), où le frère et la soeur ici photographient des inconnus rencontrés dans la rue et mis en scène, de façon plus ou moins kitsch, à l'intérieur d'un cadre doré : Eva est l'une de ces apparitions, entre Etienne Daho (immortalisé en Joconde), Marco Prince (à poil) et Arielle Dombasle. Alors que dans des rôles de plus ou moins d'importance on reconnaît Maud Molyneux, Claude Chabrol, Andrée Putman, Virginie Thévenet elle-même, Paquita Paquin...
Le personnage d'Eva ressemble à ce qu'elle devait être à l'époque : rebelle, rétive, criarde, presque brutale, toutes qualités que l'on retrouve par instant dans le portrait amoureux écrit par Simon Liberati.
Du film My Little Princess, après quelques louanges justifiées, Liberati note très justement :
"Seul défaut : une curieuse ellipse psychologique qui sauvait la morale du film au prix de son unité. La rupture entre la mère et l'enfant intervenait de manière trop brusque, la prise de conscience de la fillette n'était pas assez justifiée, peut-être parce qu'elle était trop nette et ne rendait pas tout à fait compte de la réalité. Difficile d'aborder cette question d'emblée, mais je remis ce devoir à plus tard, me promettant de faire à Eva des compliments d'autant plus faciles à exprimer qu'ils étaient sincères."
Ainsi qu'il s'avoue charmé, comme je le fus aussi, par les scènes se situant dans un manoir anglais : en plus d'Anamaria Vartolomei (12 ans), qui joue Eva enfant, ces plans "décadents" mettent en scène un enfant star, Jethro Cave, fils de Nick Cave et coqueluche de défilés. On se demande si Eva, derrière sa caméra, a conscience de reproduire, en terme de dispositif, ce que sa mère faisait avec elle, derrière son appareil photo.
(Par courtoisie pour l'actrice qui incarne Irina Ionesco, on ne dira rien d'Isabelle Huppert, agrippant au fil des scènes son Reflex comme une poule un Opinel. Les deux films cités sont consultables sur Internet, ici pour celui de Virginie Thévenet, là pour celui d'Eva Ionesco)).
Si d'aventure quelqu'un vous questionne sur les années quatre-vingt ("Dis pappy, c'était comment?") conseillez sans réserve ce film de Virginie Thévenet : l'historien des moeurs sera ravi, l'amateur d'art dramatique, moins. Je ne sais par quel mystère son autre long métrage, tout aussi emblématique, La Nuit porte-jarretelles, reste introuvable. Affaire de droits probablement.
Etienne Daho traveloté en Joconde le temps d'une photo. |
Le personnage d'Eva ressemble à ce qu'elle devait être à l'époque : rebelle, rétive, criarde, presque brutale, toutes qualités que l'on retrouve par instant dans le portrait amoureux écrit par Simon Liberati.
Du film My Little Princess, après quelques louanges justifiées, Liberati note très justement :
"Seul défaut : une curieuse ellipse psychologique qui sauvait la morale du film au prix de son unité. La rupture entre la mère et l'enfant intervenait de manière trop brusque, la prise de conscience de la fillette n'était pas assez justifiée, peut-être parce qu'elle était trop nette et ne rendait pas tout à fait compte de la réalité. Difficile d'aborder cette question d'emblée, mais je remis ce devoir à plus tard, me promettant de faire à Eva des compliments d'autant plus faciles à exprimer qu'ils étaient sincères."
Anamaria Vartolomei et Jethro Cave dans My Little Princess. |
(Par courtoisie pour l'actrice qui incarne Irina Ionesco, on ne dira rien d'Isabelle Huppert, agrippant au fil des scènes son Reflex comme une poule un Opinel. Les deux films cités sont consultables sur Internet, ici pour celui de Virginie Thévenet, là pour celui d'Eva Ionesco)).
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