J'ai pris des milliers de taxis lorsque j'étais (beaucoup beaucoup) plus jeune.
Des dizaines, il y a fort longtemps quand, salarié, je devais me rendre à des réunions ici ou là accompagné de quelques collègues. Puis des centaines dans les décennies suivantes quand le taxi était le seul véhicule à ma disposition pour parcourir la ville, me déplaçant à des heures où les transports en commun, ainsi que toute personne respectable, sommeillaient.
J'avais parfois du plaisir à ces balades car les chauffeurs actifs dans ces créneaux horaires nocturnes composaient à l'époque une population de personnalités atypiques, souvent transgressives (le chauffeur toxicomane, le chauffeur érotomane etc). Mais pour quelques virées dignes d'un court métrage, combien d'heures j'ai passé à maudire ces voitures en trop petit nombre les samedis soir, refusant de se rendre à tel endroit ou conduites par quelques rustres désagréables (et je ne dis rien du chien qui pue...).
Depuis ce passé lointain, j'ai adopté le vélo et résisté, jusqu'à aujourd'hui, à Uber. J'ai résisté, conforté par une conviction politique : "non à la précarisation du travail", non à ce qu'on appelle maintenant l'"ubérisation".
Et puis l'autre jour je devais conduire ma mère en plein milieu de journée dans une clinique, pour lui faire passer une IRM cérébrale. L'expédition paraissant d'avance pénible et semée d'embûches comme on dit, j'avais prévu de réserver un taxi. Et décidé, déjà, de chercher une appli de "vrais" taxis. J'avais consulté une page Internet qui en comparait plusieurs, ainsi que certains services de VTC. J'appris, à l'occasion, qu'une réservation de voiture Uber était impossible, ce que j'ignorais. Bref.
Ayant sélectionné les Taxis bleus, j'ai tenté en vain à plusieurs reprises de m'inscrire sur leur site et via leur appli. Chaque fois ma carte bleue était refusée, cette opération étant la phase finale du processus de création d'un profil (répétée plusieurs fois donc, ce qui fait perdre déjà pas mal de temps).
Finalement je me suis inscrit sur le site des taxis G7, avec le sentiment d'acheter très cher un produit bio qui n'allait pas être meilleur que son jumeau de hard discount (conscience politique, soutiens-moi par pitié!). Re bref.
Le jour même le taxi G7 était impeccablement à l'heure. La petite course de 9 euros et des poussières a cependant été facturée plus de 16, réservation oblige. Au retour, ma mère (ayant gentiment passé l'examen de l'IRM en gigotant beaucoup, puis ingurgité une mega assiette de frites qui accompagnait une omelette qu'elle n'a pas entamée) était d'humeur à marcher un peu, et je décidais de héler un taxi en route.
En quelques centaines de mètres j'ai re parcouru des dizaines d'années. Sur le chemin, pas de taxis disponibles, les voitures passant affichant une lumière rouge sur le toit. Puis, soudain, un taxi libre... qui me voit et pourtant ne s'arrête pas. Puis un deuxième... qui me voit et ne s'arrête pas, après m'avoir mimé je ne sais quoi au travers du pare-brise. Charmant.
Enfin nous arrivons à une station de taxis déserte. A quelques mètres de là, une voiture stationnée où le chauffeur lit le journal. Est-il disponible ? Le grognement signifie oui. Pour autant il ne s'avance pas. Du début du trajet à la destination finale, où il me fait cadeau d'un ultime grognement, je n'ai pas entendu le son de sa voix. Il a sans doute un problème d'élocution.
Je crois que je vais télécharger l'appli Uber.
Le jour même le taxi G7 était impeccablement à l'heure. La petite course de 9 euros et des poussières a cependant été facturée plus de 16, réservation oblige. Au retour, ma mère (ayant gentiment passé l'examen de l'IRM en gigotant beaucoup, puis ingurgité une mega assiette de frites qui accompagnait une omelette qu'elle n'a pas entamée) était d'humeur à marcher un peu, et je décidais de héler un taxi en route.
En quelques centaines de mètres j'ai re parcouru des dizaines d'années. Sur le chemin, pas de taxis disponibles, les voitures passant affichant une lumière rouge sur le toit. Puis, soudain, un taxi libre... qui me voit et pourtant ne s'arrête pas. Puis un deuxième... qui me voit et ne s'arrête pas, après m'avoir mimé je ne sais quoi au travers du pare-brise. Charmant.
Enfin nous arrivons à une station de taxis déserte. A quelques mètres de là, une voiture stationnée où le chauffeur lit le journal. Est-il disponible ? Le grognement signifie oui. Pour autant il ne s'avance pas. Du début du trajet à la destination finale, où il me fait cadeau d'un ultime grognement, je n'ai pas entendu le son de sa voix. Il a sans doute un problème d'élocution.
Je crois que je vais télécharger l'appli Uber.
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