Il y a un mois, l’ami d’une amie, dans une chronique publiée dans Le Monde, évoquait « notre fatigue démocratique ». C’est peu dire, non? Je me demande comment on en est arrivés là, parfois. Ce brouhaha horripilant, ces commentaires vains d’anecdotes et de petites phrases, cette twitterisation de l’espace public…
Une cliente, qui a par ailleurs passé d’excellentes vacances, me dit à son retour : « L’ambiance est quand même fatigante. » J’accueille cette remarque silencieusement, d’un hochement de tête.
Ces dernières semaines, je remarque que se confirme cette horrible tendance : la vie politique se résume à des déclarations de sommes allouées. X millions pour l’éducation, X millions pour la justice, ou pour telle ou telle cause. On ne sait rien des constats faits, des stratégies imaginées, des objectifs définis, des directions proposées. Non, juste deux mots, X millions.
Peut-être que les cerveaux sont grillés, comme les circuits électriques qui parfois ne supportent pas le trop de chaleur?
Faut dire aussi que depuis qu’on est passé de la guerre froide à la guerre chaude, ça flambe. Les prix (X millions, X millions…), les centrales nucléaires… C’est surtout la brûlure de l’impuissance qui fait mal, je trouve. La guerre en Europe, si conne et si proche, et moi dont les grandes indécisions du jour se limitent parfois à : « Je passe chez Naturalia ou je vais chez So Bio? »
Et quand on sort de la fatigue soudain, quand on jette au loin ce voile abêtissant, en dessous c’est toujours nous, frais, incroyablement prêts pour la vie et sa poésie. Comment fait-on? Cette flamme en nous, qui cette fois ne brûle pas, éclaire nos petits pas et paillette nos iris.
Bien grillons les millions. Maintenant, quand le tourbillon affiche moins de trente dragons, je tronc qu’il fait un beau bosquet, ou un pont de rondons, c’est selon.
Que septembre soit tendre.
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