Parfois le beau temps hors saison me fait un peu peur, comme une menace de fin du monde : ce n'est pas le récent discours alarmiste sur le réchauffement climatique mais le souvenir des images d'Hergé, dans L'Étoile mystérieuse, lorsque le macadam fond dans les rues à l'approche de l'énorme boule de feu qui se dirige vers la Terre (on n'est pas loin alors du film Melancholia, de Lars von Trier, que j'ai regardé avec distraction – comme on feuillette un magazine dans un aéroport – et dont les seuls passages enchanteurs me parurent ceux où la planète annonciatrice de la catastrophe emplit petit à petit le ciel).
Hier il faisait donc très chaud sur Paris mais j'étais depuis tôt le matin, donc à la fraîche, à l'hôpital Georges Pompidou pour une journée de bilan.
On connaît ma méfiance du monde médical que certains observateurs dubitatifs traduisent comme une marque d'exigence excessive ou de ronchonnerie maladive... Qu'ils en soient pour leurs frais !
J'ai trouvé ici une équipe très attentive, souriante, hyper pro, de l'infirmier qui m'a accueilli à l'infirmière qui opérait les prélévements, en passant par la doc du service.
Après une première série d'examens (j'étais à jeun et on m'a prélévé plus de sang qu'il n'en faudrait pour une douzaine de boudins), j'ai eu droit à un petit déjeuner dans une "salle de détente" d'où j'avais vue, de loin, sur les serres et les jets d'eau du parc André Citroën (ci-dessus). La matinée n'était pas très avancée mais le soleil chauffait déjà tout.
La pièce était petite et chaque nouvel arrivant obligeait à un réarrangement des sièges dans l'espace car plusieurs patients se déplaçaient en fauteuil roulant. Depuis mon arrivée, j'avais déjà noté deux hommes amputés d'une jambe : des hommes d'un certain âge que j'imaginais atteints d'artérite puisque nous n'étions pas loin du service de cardio vasculaire. Moi-même je devais me soumettre à une échographie artérielle. Je pensais bien entendu à mon neveu récemment amputé d'un bras, et à mon père qui subit plusieurs pontages après la cinquantaine.
Plus tard, d'un autre service situé à un étage élevé, je regardais les bâtiments modernes autour de l'hôpital. J'étais surpris de ne pas voir de fenêtres animées d'images en post it, façon graphisme en 8 bit, car la plupart possèdent des surfaces de baies vitrées importantes. J'aime beaucoup cette petite "mode" qui s'est emparé des bureaux ici et là et je me demande pourquoi dans la presse et sur Internet cela se traduit-il par l'appellation "guerre" : la guerre des post it, post it war etc. L'expression de soi est-elle toujours vécue comme une rivalité agressante ?
L'expérience de l'imagerie médicale est toujours toublante pour moi. Ici, entouré de transparence et d'immeubles de verre, je voyais, selon les examens proposés, l'intérieur de mon abdomen, l'opalescence de mes poumons, le paysage incompréhensible de mon aorte... Tant de plis et replis, tant de formes, de volumes, de chair en moi. Plusieurs fois, l'un des opérateurs échographe écoute les bruits de cet intérieur : bruits métalliques de salle de machine, de tuyauteries géantes bridant des geysers intermittents, réverbération de pulsations, saccades, chuintements... Une autre ville ici.
Quand pour finir je quitte l'hôpital, la chaleur m'impressionne. Dans le ciel pas de planète menaçante mais le ballon Air de Paris flottant comme toujours au-dessus du parc André Citroën.
Hier il faisait donc très chaud sur Paris mais j'étais depuis tôt le matin, donc à la fraîche, à l'hôpital Georges Pompidou pour une journée de bilan.
On connaît ma méfiance du monde médical que certains observateurs dubitatifs traduisent comme une marque d'exigence excessive ou de ronchonnerie maladive... Qu'ils en soient pour leurs frais !
J'ai trouvé ici une équipe très attentive, souriante, hyper pro, de l'infirmier qui m'a accueilli à l'infirmière qui opérait les prélévements, en passant par la doc du service.
Après une première série d'examens (j'étais à jeun et on m'a prélévé plus de sang qu'il n'en faudrait pour une douzaine de boudins), j'ai eu droit à un petit déjeuner dans une "salle de détente" d'où j'avais vue, de loin, sur les serres et les jets d'eau du parc André Citroën (ci-dessus). La matinée n'était pas très avancée mais le soleil chauffait déjà tout.
La pièce était petite et chaque nouvel arrivant obligeait à un réarrangement des sièges dans l'espace car plusieurs patients se déplaçaient en fauteuil roulant. Depuis mon arrivée, j'avais déjà noté deux hommes amputés d'une jambe : des hommes d'un certain âge que j'imaginais atteints d'artérite puisque nous n'étions pas loin du service de cardio vasculaire. Moi-même je devais me soumettre à une échographie artérielle. Je pensais bien entendu à mon neveu récemment amputé d'un bras, et à mon père qui subit plusieurs pontages après la cinquantaine.
Photos saisie sur http://lixow.com/kevin_boilow/divers |
L'expérience de l'imagerie médicale est toujours toublante pour moi. Ici, entouré de transparence et d'immeubles de verre, je voyais, selon les examens proposés, l'intérieur de mon abdomen, l'opalescence de mes poumons, le paysage incompréhensible de mon aorte... Tant de plis et replis, tant de formes, de volumes, de chair en moi. Plusieurs fois, l'un des opérateurs échographe écoute les bruits de cet intérieur : bruits métalliques de salle de machine, de tuyauteries géantes bridant des geysers intermittents, réverbération de pulsations, saccades, chuintements... Une autre ville ici.
Détail d'une devanture de pharmacie (eczane) photographiée à Istanbul. |
Quand pour finir je quitte l'hôpital, la chaleur m'impressionne. Dans le ciel pas de planète menaçante mais le ballon Air de Paris flottant comme toujours au-dessus du parc André Citroën.
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