Parce que j'ai promis à une ancienne connaissance, revue dimanche soir, de lui prêter le DVD des arrivants, j'ai pris le temps de le regarder à nouveau. Histoire de vérifier aussi que le film en ma possession, copie pirate venue des trottoirs de Marrakech, était tout bonnement utilisable. La deuxième vision n'émousse pas le choc et l'impression de tension extrême que j'avais ressentis la première fois au cinéma.
Documentaire de Claudine Boris et Pascal Chaignard (2010), le long métrage est tourné presque exclusivement dans les locaux de la Cafda (Coordination pour l'accueil des familles demandeuses d'asile). Arrivants et accueillants se partagent presque toujours l'écran, saisis dans le même plan, dans le même cadre : celui de la législation auxquels ils sont tous soumis, ceux qui demandent de l'aide et ceux qui demandent à en donner.
Pas d'angélisme. La balance ne penche ni d'un côté ni de l'autre, exaspérants et touchants ils le sont tous tour à tour : le fléau est au centre. C'est Babel. La salle d'attente semble un radeau de naufragés. Certains viennent juste d'apprendre qu'ils sont en France, d'autres peinent à faire comprendre d'où ils viennent. On suit les péripéties d'une jeune Érythréenne enceinte de huit mois, d'un couple arrivé de Mongolie, d'une famille tamoule et d'un Éthiopien avec femme et bébé... Problème de traduction, pétage de plomb, paperasserie, mensonge et ignorance, tout s'imbrique, c'est parfois Kafka chez les Marx brothers.
Pas de démonstration. Ce qu'il en reste, c'est l'impression d'une immense énergie vitale qui balaye tout.
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