Voici, pour ceux qui ne connaissent pas la ville, et pour illustrer cette vision saisissante dont je parlais (billet du 16 novembre), une des vues "cartepostalesques" que l'on peut avoir sur Marrakech : les immeubles ocre jaune et ocre rouge, baignés de soleil, surmontés du massif montagneux enneigé. Le tout hérissé de palmiers et de minarets.
Cette image est prise depuis la terrasse élevée du musée de la photographie qui s'avère un endroit charmant : petit riad sans prétention, sans décoration arabisante kitsch, animé par un personnel adorable et, du moins lors de ma visite, presque vide. La restauration proposée sur place n'est pas honteuse, loin de là, et profiter tranquillement du panorama sur la ville, au-dessus des toits, à une heure où toutes les mosquées appellent à la prière comme cela m'est arrivé, est vraiment un privilège enchanteur.
En regardant ces photos anciennes, on fait le constat réalisé facilement par ailleurs : l'impression qu'ici le temps s'est par endroit figé, sentiment qui vient en collision avec l'effet de flash-back que j'évoquais hier. Similaires, légèrement modifiées ou inédites, les images se superposent alternant l'idée d'un éloignement irréversible et celui d'une proximité éternelle.
En écrivant cela me reviennent en tête les images d'un photographe des années quatre vingt (dont le nom en revanche m'échappe) qui travaillait sur des superpositions de visages, un peu à la manière de Jason Salavon.
La perception des strates ici est d'autant plus troublante qu'elle se redouble d'une forme d'empilement transparent du langage. Moi je croyais naïvement qu'avec la réarabisation de l'enseignement et l'après protectorat, les mots français auraient été grattés des vitrines et des enseignes, recouverts de peinture et abandonnés. Pas du tout. À la bonne grillade voisine l'Hôtel de Nice et le restaurant La cheminée...
Le passé sédimente partout, sans complexe, et parfois en haut de l'affiche. Ainsi, au-dessus de la porte d'un bar surmonté d'un immense drapeau anglais peut-on lire : English Pub, La Daurade. (J'en ris encore).
La Medersa ben Youssef. À gauche cliché de vacances, à droite photo venue du petit musée de la photo. |
La fontaine Chrob n chouf ("bois et regarde"). La photo de gauche vient aussi du musée. |
En écrivant cela me reviennent en tête les images d'un photographe des années quatre vingt (dont le nom en revanche m'échappe) qui travaillait sur des superpositions de visages, un peu à la manière de Jason Salavon.
La perception des strates ici est d'autant plus troublante qu'elle se redouble d'une forme d'empilement transparent du langage. Moi je croyais naïvement qu'avec la réarabisation de l'enseignement et l'après protectorat, les mots français auraient été grattés des vitrines et des enseignes, recouverts de peinture et abandonnés. Pas du tout. À la bonne grillade voisine l'Hôtel de Nice et le restaurant La cheminée...
Le passé sédimente partout, sans complexe, et parfois en haut de l'affiche. Ainsi, au-dessus de la porte d'un bar surmonté d'un immense drapeau anglais peut-on lire : English Pub, La Daurade. (J'en ris encore).
Là encore, des situations et sensations croisées. (J'y étais avec un groupe d'amis français et marocains). Pour les français qui n'avaient jamais mis les pieds au Maroc, il y avait, devant les bâtiments anciens, une perte de leurs repères : "À quelle époque, tel bâtiment a-t-il été construit ? " Si on leur répondait XVIe, XVIIe ou XVIIIe siècle, ils doutaient et répondaient invariablement ; "Alors sérieusement restauré !" Ce n'est pas l'habileté des restaurateurs qui était mise en cause mais bien l'environnement qui brouille les pistes et "cette perception des strates". Aujourd'hui, on assiste au Maroc, à la berbérisation du pays. Une nouvelle couche que j'ai découverte très présente.
RépondreSupprimerJe vais aller de pas voir ce qu'il en est en Jordanie.
LSDA