Je me suis dit (bêtement), Ah, c’est fort, toute la planète est préoccupée par une pandémie virale, en complet désastre social, et voilà des gens qui nous sollicitent pour une maladie qui touche des arbres, ce n’est pas le bon timing, ils ne vont pas récolter beaucoup d’argent sûrement.
Et puis, entre le courrier plié et une enveloppe pour réponse se trouvaient trois cartes postales de format long également, avec des vues du canal du Midi. Ces images m’ont happé d’une façon particulière, comme si elles me parlaient de quelque chose de familier. J’ai cherché quels étaient ces lieux représentés, mais les images n’étaient pas légendées, et je suis allé sur le site replantonslecanaldumidi.fr voir si ces photos y étaient reproduites avec des informations supplémentaires. En vain.
Cette attraction singulière qu’exercent parfois sur moi les images, souvent des photos anciennes plutôt, je la connais : le sentiment d’être lié avec elles de façon archaïque, inconsciente, quasiment organique, comme une mémoire transmise, moléculaire. Un souvenir qui ne m’appartient pas et qui m’habite, qui s’est créé dans un autre cerveau que le mien mais qui est familier à ma rétine. Avec un agréable sentiment de lassitude (il était tard, il faut dire, et j’étais fatigué d’une longue journée de travail), j’ai comme accepté que c’était mes racines méridionales qui s’exprimaient ici, et que je pouvais m’y soumettre. Une façon inédite d’honorer la mémoire du père de ma mère, et ce qui reste de cette femme modifiée par la folie.
J’ai résolument décidé que sauver des arbres n’était pas moins pertinent que de sauver des vies humaines, et que j’allais payer mon tribut au sauvetage de ce patrimoine végétal.
C’était un ou deux jours avant d’apprendre que, contrairement à ce qui était d’actualité dans le post du 8 novembre, ma mère venait d’être déclarée positive au Covid. Merci aux mesures sanitaires qui nous ont tenus éloignés de la maison de retraite mais n’ont pas empêché que le virus y pénètre et y fasse des dégâts... D’autres jours encore ont passé, pendant lesquels je me suis fort inquiété, avant de recevoir des nouvelles plus rassurantes. J’étais dans l’idée d’une synchronicité magique qui m’inciterait à enraciner des platanes au moment où il faudrait porter ma mère en terre. Il n’est est rien, pour l’instant.
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