« Thésée se tourne maintenant vers les cimes des montagnes, vers le bleu sombre du lac qui reflète le ciel ; il ouvre puis referme les yeux et laisse entrer en lui les cris roulants des guêpiers comme si ces vibrations reliées au monde étaient une part entière de sa peau ; il inspire, expire et, chaque fois, c’est l’intégralité du monde qui entre en lui ; quel sens y a-t-il à rester là, il se demande, dans ce champ de pierres du cimetière? ne faudrait-il pas plutôt délaisser les morts et se replonger dans le flot de la vie? en accueillant cette voix du frère d’outre-tombe, il pense aux autres corps sous les pierres, à cette façon que nous avons de rendre hommage à ceux qui ont été nos proches en oubliant l’immensité des liaisons qui forment le tout du vivant, en nous recroquevillant sur nos deuils humains ; au lieu que nos morts nous relient à la Terre... »
Extrait de Thésée, sa vie nouvelle, de Camille de Toledo, éditions Verdier.
Cette série « immensité » présente des extraits de livres lus récemment dans lesquels le mot immensité apparaît.
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