jeudi 12 novembre 2020

à quoi servent les livres...

Grâce à ce deuxième confinement, effet paradoxal, j'ai découvert les librairies de mon quartier. Il faut dire que j'aime beaucoup acheter les livres d'occasion, soit sur un mode "trouver une édition particulière" (j'ai déjà détaillé mon symptôme ici) , soit sur un mode "décroissance". Et que du coup j'en commande beaucoup en ligne, sur les sites de deuxième main.

J'ai donc fait une petite provision d'ouvrages un jour sur parislibrairies.fr, choisissant plusieurs boutiques selon celles qui pouvaient me procurer les articles le jour même, boutiques que j'ai rejointes d'un coup de vélo aussitôt. "Vous avez fait vite", m'a dit le premier libraire chez qui je me suis rendu, interloqué, il venait à peine de préparer mon bouquin à emporter.

Les trois librairies dont j'ai ainsi fait la connaissance limitée m'ont parues très agréables. Pour autant, en entendant l'autre jour (l'insupportable) Emmanuel Carrère défendre (bien mal) sur France Inter l'ouverture de ces commerces, je me suis aperçu que je n'avais pas forcément comme lui l'expérience de la "table du libraire", pleine de savoureuses découvertes ; ou plutôt que je la vis aussi bien sur Internet cette même expérience, découvrant par hasard des auteurs ou des livres au gré de mes recherches. 
Sans compter que "libraire" n'est pas synonyme de "personne imparablement sympathique"; j'ai l'affreux souvenir d'un professionnel de mon quartier qui, un jour, au moment où je réglai en liquide nombre de bouquins, fit envoler maladroitement la pile de billets que j'avais posée sur son comptoir. L'un de ces billets était passé derrière le meuble, du côté où il se tenait, mais il refusa de le chercher au prétexte que vraisemblablement le billet perdu n'existait pas, comprendre : que je mentais. Quelques heures plus tard une de ses employées me téléphonait piteusement pour annoncer avoir retrouver ces pauvres petits cinq euros de papier. Depuis j'évite toujours cet endroit, bien que je pense qu'il ait changé de direction depuis.

Mes commandes de livres du samedi.


Bref, ces courses, c'était ce samedi, le jour où l'élection de Biden a été confirmée, et quelques jours plus tard, après tous ces articles au sujet de Kamala Harris, apprenant que le futur président nommerait sans doute Stacey Abrams au gouvernement (les plus audacieux chuchotent à la justice), j'ai regardé la couverture du bouquin de Toni Morrison avec émotion, voyant dans cet objet le symbole de l'engagement de cette belle artiste qui a produit une oeuvre politique dont on peut penser sans risque d'erreur qu'elle a contribué, en prenant sa place dans la littérature américaine, à faire de la place aux femmes noires dans l'Amérique d'aujourd'hui. Que son fantôme nous accompagne !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire