mercredi 6 juillet 2011

Athènes

"  Je vous avais dit qu'il fallait voir.
Que vers midi le silence qui se fait sur Athènes est tel... Avec la chaleur qui grandit...
   La ville se vide à l'heure de la sieste, tout ferme comme la nuit... 
   ...qu'il fallait assister à la montée du silence...


   Je me souviens, je vous ai dit : peu à peu on se demande ce qui arrive, cette disparition du son avec la montée du soleil...


   C'est là que cette peur arrive. Pas celle de la nuit, mais comme une peur de la nuit dans la clarté. Le silence de la nuit en plein soleil. Le soleil au zénith et le silence de la nuit. Le silence au centre du ciel et le silence de la nuit.


   Quand les autres sont arrivés, vers deux heures de l'après-midi, on est redescendus vers la ville, Athènes, et puis plus rien n'est arrivé.
   Rien.
   Rien d'autre que toujours, partout, ce manque d'aimer."

Extrait : les premières lignes du Navire Night, de Marguerite Duras, Mercure de France 1979

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