"... Elle ne se leurrait pas en imaginant qu'il était parti pour un long voyage dont il reviendrait tôt ou tard. Si la perte et la peine étaient trop grandes pour être mesurées, la solitude apportait remède à ce qu'elles avaient d'insupportable. C'était un temps de décuplement de la conscience, de contemplation, duquel naîtrait une autre manière d'agir, au plus près de la perception qu'elle avait désormais de l'existence, de sa finitude et du mystère qui, par la porte de la mort, pénétrait la vie toute entière. Sa vie se poursuivait autrement, agrémentée de la présence forte, mais légère et bienveillante, de l'être aimé, en soi et hors de soi. Elle l'avait perdu, elle était descendue dans les ténèbres et elle l'y avait cherché. A l'inverse d'Orphée, elle ne s'était pas retournée puisqu'il la précédait sur le chemin. Et tandis qu'on la priait de faire le deuil de l'autre, elle aimait à faire le deuil d'elle-même."
Jeanne Labrune, Visions de Barbès, éditions Grasset.
C'est bouleversant quand, lisant ce texte, nous le relions à ceux que tu écris précédemment...
RépondreSupprimerTe connaissant un tout petit peu, il y a une double lecture entre les lignes qui donne une force et une profondeur aux sentiments qui t'habitent et que tu nous décris souvent sur le mode du tableau impressionniste.
Merci de cette trouvaille extraordinaire; mais où l'as-tu donc faite? Une de ces synchronicités?