Le premier plaisir, je n'en ai pas parlé dans le billet d'hier, ça a été d'être réveillé le mardi matin, à cinq heures, par un chant d'oiseau inconnu.
Je suis resté un moment incrédule, goûtant ce moment d''entre le sommeil et le réveil, la conscience du poids du corps sur le matelas, une vision un peu réduite, simplifiée, à cause de l'obscurité et des facultés perceptives encore endormies : et puis là-bas, dans cette pochade à la fois lumineuse et sombre du ciel matinal au-dessus des toits, loin derrière la fenêtre sans rideaux, ce chant d'oiseau transparent, tendu comme un ruban, qui semble pourtant se déployer dans tout l'espace, être partout et nulle part. Le confinement n'était annoncé que depuis la veille, mais les rumeurs persistances avaient déjà chassé nombre de citadins au loin. Avant de me rendormir j'ai pensé simplement : "Déjà !"
Je suis resté un moment incrédule, goûtant ce moment d''entre le sommeil et le réveil, la conscience du poids du corps sur le matelas, une vision un peu réduite, simplifiée, à cause de l'obscurité et des facultés perceptives encore endormies : et puis là-bas, dans cette pochade à la fois lumineuse et sombre du ciel matinal au-dessus des toits, loin derrière la fenêtre sans rideaux, ce chant d'oiseau transparent, tendu comme un ruban, qui semble pourtant se déployer dans tout l'espace, être partout et nulle part. Le confinement n'était annoncé que depuis la veille, mais les rumeurs persistances avaient déjà chassé nombre de citadins au loin. Avant de me rendormir j'ai pensé simplement : "Déjà !"
J'ai dit tout de même mon incrédulité. J'imagine que chacun d'entre nous a vécu de semblables instants, où un tout petit rien nous sommes gorgé de sens, d'esthétique, de plaisir. J'ai le souvenir de la surprise d'être sorti du sommeil par ce chant si léger, l'impression que ce chant m'est destiné tout en sachant qu'il n'en est rien. La conscience de moi dans ce lit et d'un petit quelque chose de vivant, très éloigné, qui me rejoint en me restant inaccessible.
Delphine Horvilleur. Photo Philippe Dobrowolska, prise sur le site du Républicain Lorrain |
J'aime bien les paradoxes, les polarités opposées qui cohabitent. Voilà pourquoi sans doute j'ai été sensible à cette vidéo découverte sur les réseaux sociaux, dont je parlais dans mon post précédent. C'est Delphine Horvilleur qui s'exprime sur la crise d'aujourd'hui. Elle donne une définition de la santé que ceux qui me connaissent savent que je partage : en hébreu, la santé n'est pas un état stable, mais c'est une capacité, celle de faire surgir du neuf.
Plus loin elle cite Hillel l'ancien ("Si je ne suis pas pour moi, qui est pour moi ? Mais quand je ne suis que pour moi, que suis-je ?"), passe par John Donne ("Aucun homme n'est une île") pour terminer avec Amos Oz ("Chacun d'entre nous est une presqu'île"). Il s'agit, on l'aura compris, d'illustrer le titre de la vidéo qui fait référence au confinement : "Séparés mais ensemble". Le lien de la vidéo est ci-dessous (sinon on peut la trouver sur le site tenoua.org).
Lumineuse, comme à chaque fois!
RépondreSupprimeréclairante comme toujours ! SdA
RépondreSupprimerTenoua est une magnifique "magazine" parfois dense parfois moins. J'ai la chance de l'avoir livrée gratuitement à domicile grâce à une âme généreuse suite à un échange en séance à propos de l'expo Freud. Il y a eu un très bel hommage rendu à celui-ci dans cette revue
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