mardi 10 mars 2020

Vessel, de Damien Jalet

A la fin du spectacle, on découvre, surpris, les corps des danseurs
et des danseuses que l'on a vus pliés en deux et sans tête pendant une heure.
Vu Vessel, samedi soir, au Palais de Chaillot. Un spectacle de danse tout à fait fascinant, signé de Damien Jalet, danseur chorégraphe qui a collaboré avec Sidi Larbi Cherkaoui, Marina Abramovic ou Madonna, c'est dire...


J'ai cherché une vidéo qui restituerait ce qui m'a impressionné, mais je n'ai pas trouvé. J'ai été saisi d'émotion pendant l'heure entière du spectacle. Certains commentateurs vous diront : on ne voit jamais le visage des danseurs.
C'est plus fort que cela en réalité, on ne voit jamais leur tête, dissimulée derrière leurs bras. Si bien que l'on perd la notion du corps en lui-même, de son orientation, et que, lorsque deux danseurs sont enchevêtrés ou positionnés l'un derrière l'autre, on ne sait plus à qui appartiennent les jambes ou les bras. Les duos deviennent d'inquiétantes compositions de chair mouvante, souvent symétriques, comme de gros insectes ou de gros organes avec appendices s'agitant ça et là. Et c'est malheureusement ce que ne montre pas la bande-annonce officielle (ci-dessus).

La scénographie évoque quelque chose d'avant l'apparition de l'homme. Une étendue d'eau, au milieu de laquelle flotte une sorte d'iceberg, qui bouillonne en son centre. Autour, ces formes vivantes et indéchiffrables, bactéries géantes ou amibes copulant, qui parfois se figent semblant figurer un masque fétiche ou une idole païenne.

C'est troublant et corporellement engagé comme un spectacle de butoh, et d'une beauté délicieusement dérangeante. Dans la troupe presque exclusivement japonaise, on reconnait Aimilios Arapoglou, l'un des danseurs fétiches de Damien Jalet.

Vessel, de Damien Jalet et Kohei Nawa, avec Aimilios Arapoglou, Nobuyoshi Asai, Nicola Leahey, Ruri Mitoh, Jun Morii, Mirai Moriyama et Naoko Tozawa.
Jusqu'au 13 mars.

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