Que dire ? Hier, lorsque le pneumologue, le docteur T., est revenu vers moi après mon réveil suite à la fibro, il m'a parlé d'une anomalie, c'est son expression. D'ailleurs, je n'ai pas eu le loisir de le questionner plus, car il s'est de suite énervé avec son histoire de rendez-vous : il avait décidé sans me concerter que nous aurions rendez-vous le mercredi car il s'était aussi soi-disant décarcassé pour avoir les résultats d'analyses ce jour-là.
Il se trouve que moi je n'avais rien demandé de tout cela, que cette semaine et la suivante je n'ai pas le loisir de m'absenter en plein après-midi (je bosse même le premier novembre), mais tout cela l'a mis en colère de façon irrationnelle. C'est tout de même la deuxième fois cette semaine que je me faisais engueuler par un médecin (voir billet du 25/10) : merci du soutien.
Ce soir, coup de fil de EMA, ma chère doctoresse, avec laquelle j'avais pris cette semaine un rendez vous pour le 17 novembre. Surpris de l'entendre, je me dis qu'elle devait se souvenir de la date de la fibroscopie et qu'elle appelait pour prendre des nouvelles.
En réalité, non. Elle avait eu le docteur T. au téléphone, qui l'avait mandaté pour me décider à accepter le rendez-vous du mercredi.
(Le docteur T. me prend visiblement pour quelqu'un qui refuse ses rendez-vous par caprice mais qui a tout son temps de libre, et qu'une personne bien intentionnée va pouvoir faire changer d'avis. Le docteur T. me prend pour un crétin. Je me pince.)
Moins sympa pour elle et pour moi, le docteur T. s'est déchargé sur elle - sans le lui dire clairement je pense -, de m'annoncer que mon cas est grave et nécessite une intervention. De l'anomalie du vendredi soir annoncée entre deux rideaux en plastique vert pâle, on passe à des euphémismes variés qui ne disent pas le nom cancer mais ne disent que ça (il faut dire que nous parlons sans les résultats d'analyses). Avec une pression, un stress, une injonction à prendre les choses en main comme s'il fallait que dans une semaine je sois sur le billard (je me pince une deuxième fois, ça doit être l'image du crabe qui fait son chemin).
Je suis assez mal à l'aise car je suis habité par deux sentiments contraires : l'exaspération, très forte, due aux manières du docteur T. (entre temps, j'apprends que l'urgence du rendez-vous du mercredi est aussi liée au fait que le doc parte en vacances le jeudi...), et la volonté de lutter contre le stress de tous ces médecins (ce n'est pas le calendrier médical qui va rythmer ma vie, ce sont les actes médicaux qui vont se caler entre mes projets).
Du coup j'élève pas mal la voix et j'en suis désolé pour EMA (surtout que vraiment, je pense qu'elle n'a pas pris la mesure du mauvais tour que lui a joué le docteur T.).
Mais il ne faut pas lutter contre le malade au prétexte de lutter contre la maladie. Pour la suite c'est moi qui décide. Moi moi moi.
D'ailleurs, je pense que leurs mâchoires vont se décrocher quand ils vont savoir que je pars deux semaines en Thailande avec Alain à la fin novembre...