C'est le courrier de Y., daté du 02 octobre.
j'ai bien reçu tes courriers avec du retard car j'ai déménagé mon cabinet sur Paris depuis quelques semaines .
bien sûr, je suis étonnée de tes questions si longtemps après la mort de Frédéric.
Je raconte ma version des faits: Frédéric a commencé à être très malade l'été précédent sa mort, il avait beaucoup maigri , était épuisé, a eu une extension d'un sarcome de Kaposi difficilement maitrisable avec les piqûres d'interféron.
Il a passé une partie de l'été chez sa mère dans sa maison de campagne, j'y suis allée avec lui , j'y ai passé 3 semaines , il souffrait , passait la plupart de son temps à dormir ,mangeait peu , parlait à la fois de sa mort et de ses projets ..était dans une espèce de régression...
et puis l'automne , l'hiver ont passé il allait un peu mieux .
Fin février son état s'est aggravé , il a été hospitalisé , sa mère est venue s'installer dans l'hôtel le plus proche , j'ai "profité " d'une accalmie de son état de santé pour partir à un congrès annuel sur le Vih à Milan et il m'a appelé lui même une nuit le 18 mars pour me dire de rentrer à Paris car il allait mourir bientôt..il avait attrapé une aspergillose.
J'ai pris le premier avion , je l'ai vu une journée, il était calme , il a demandé à ce que tu ne sois pas prévenu de sa mort et que tu n'assistes pas à sa crémation. et il est mort le 19 mars.
son incinération a été longue , sa mère a emporté l'urne avec elle.
je ne sais pas si ces lignes vont t'apporter quelque chose, on a une mémoire de notre histoire avec Frédéric différente pour chacun et les faits ont finalement peu d'intérêt....je respecte cependant ton désir de connaitre les derniers éléments de la fin de sa vie.
cela fait bizarre d'écrire cela...et coincidence sa mère que je n'ai plus eu envie de revoir après sa mort a appelé à mon secrétariat pour me parler il y a quelques semaines, je n'ai pas réussi à la rappeler.
Je suis contente que tu soies ....vivant, j'ai eu l'impression de te voir l'été 99 dans la rue un soir en train de boire un verre avec des gens dans la ville espagnole Fontarrabie face à Hendaye...
pas réussi à m'approcher pour vérifier..
Le courrier se termine par une simple signature, le prénom de Y. Pas de je t'embrasse, pas de formule particulière.
Je trouve qu'il y a beaucoup de choses très marquantes dans cette lettre, mais je ne vais pas en faire une explication de texte, je la trouve finalement assez parlante comme cela.
Ce qui me frappe pourtant, c'est que j'ai clairement exprimé que j'avais besoin de connaître la réalité des faits pour accomplir mon deuil, et que Y. n'a pas l'air de le comprendre vraiment :
" je ne sais pas si ces lignes vont t'apporter quelque chose", "les faits ont (...) peu d'intérêt", "je respecte cependant ton désir".
J'ai regardé sur google : aspergillose. Les aspergilloses sont des mycoses cosmopolites dues à un champignon du genre aspergillus. Ce sont des champignons filamenteux saprophytes que l'on trouve le plus souvent au niveau pulmonaire.
Je tousse, ça vous étonne?...
Je suis prise "à coeur", "au coeur", "à contre coeur" pour finalement en être "écoeurée"!
RépondreSupprimerAprès tout cela, puisses-tu te laisser porter par les bras large et généreux de la vie qui t'accueille "ici et maintenant"!
Tu es précieux à mon coeur. Tendresse