lundi 8 novembre 2010

man dies

Alain est venu ce week-end à Paris, de Zürich.
Occasion de m'apercevoir que j'avais besoin de tendresse.

Nous sommes allés à l'exposition Jean-Michel Basquiat et à celle de Larry Clark. Ça fait beaucoup d'héroine, les deux expositions côté à côte.

Encore une sacrée boucle dans le temps. Ces derniers jours je repensais aux années quatre-vingt pendant lesquelles je continuais à peindre. À la fois en me disant que je pourrais mettre quelques reproductions de ces peintures sur le blog, à la fois en me remémorant la sottise de ces gens des galeries que j'ai rencontré quelquefois.  
Je me souviens de peintures que j'avais faites et que j'aimais bien (ce qui n'était pas toujours le cas et me les rendait chères) sur lesquelles on voyait un crâne. Il faut dire qu'à l'époque la représentation de crâne n'était pas la tarte à la crème qu'elle est aujourd'hui et que la plupart des interlocuteurs de ces galeries ignorait jusqu'au terme de "vanité". Mais peut-on imaginer que l'un d'entre eux m'a tout de même dit que ce n'était pas possible de vendre une peinture avec un crâne parce que ce n'était pas gai !!!?...

J'ai piqué cette image sur un écran mais je n'ai pas
encore identifié de quel documentaire elle est issue :
donc crédit à venir....
Donc en 1988 j'ai vu l'exposition Basquiat chez le séduisant Yvon Lambert, le peintre était encore en vie et ses toiles n'avaient pas encore subi l'outrage de finir en foulards, porte-clefs et tee-shirts à la librairie du musée d'Art moderne. Voilà pourquoi après toutes ces années de relatif silence autour de Basquiat c'est étrange de constater cette stèle érigée  au génie incontournable et à l'artiste-peu-collectionné-en-France-à-découvrir-d'urgence-pour-le-grand-public-qui-ne-sait-pas-quoi-faire-de-ses-week-ends. Moi je me rends compte que j'avais fantasmé sa mort : je pensais qu'il était décédé du sida alors qu'il a succombé à une overdose. L'ai-je assimilé à Keith Haring? Avais-je encore en tête les rumeurs de séropositivité qui couraient autour de lui?  Je ne sais.

En tout cas le temps passe et Basquiat demeure. Les œuvres montrées à l'expo exhibent leur force, leur sincérité. Leur émouvant mélange de puissance picturale et de notations intimes à la limite du journal d'adolescent (je remarque que la sexualité est peu montrée, peu dite). Le désir de devenir célèbre n'y est jamais cynique, il pulse, il traverse, il donne l'énergie. On retrouve la fougue des années quatre-vingt justement, avec cet attrait pour la réussite qui portait tant de choses.
Seule consolation : mourir jeune aura sans doute évité à Jean-Michel Basquiat de customiser un sac Vuitton ou un jogging Chanel.

Je repense aussi à cet ami photographe qui, dans les mêmes années quatre-vingt, signait du pseudonyme Roméo et avait tant de points communs avec Basquiat... Qu'est-il devenu?

2 commentaires:

  1. T'as des insomnies ou tu fais la fête à pas d'heures? A moins que tu ne prennes tes pinceaux pour finir gaiement tes journées?
    Si tu nous préparais une petite galerie perso de tes oeuvres d'art rien que pour nous, tes lecteurs-blogger?
    Bacci

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  2. En effet, des points communs.
    L'héroine de Larry me fait moins d'effet que l'autre et ce n'est pas qu'une question d'images.

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