Ne faut-il pas en ce début d'année, un "post" de bonne résolution ?
Eh bien j'étais résolu à opérer quelques corrections, précisions ou enrichissements aux publications de l'année 2011..., et tout cela m'a jeté dans un tourbillon d'infos, de films, de liens, de blogs... si bien que je ne sais, tout en écrivant, ce que je vais vouloir ou pouvoir restituer.
Vous souvenez-vous du film Ata, réalisé par Guillaume Giovanetti et Çagla Zencirci (billet "Touchables" du 15/11) ? À la suite de mon commentaire, les cinéastes m'ont gentiment envoyé un mot dans lequel ils me signalaient leur dernier court-métrage, tourné au Japon et intitulé Six, disponible ici.
C'est un drôle de film, que j'ai regardé dans de mauvaises conditions (qui ne m'a pas beaucoup ému mais peut-être est-ce pour cette raison-là). Il a des qualités indéniables en tout cas : il fournit quelques instantanés du Japon et propose une forme de narration singulière. Une de ses particularités tient dans le personnage principal, Mama Kawai San, tenancière – absente, c'est l'Arlésienne nipponne – d'un bar (qui de façon métonymique finit par tenir son rôle) où se lit sa passion pour le cinéma et des fragments de sa vie. Gros plan sur une pile de CD : on devine l'Orchestre National de Barbès et la bande son de Crossing the Bridge!... Le bar est microscopique, tapissé d'affiches de ciné et il porte un nom français : la jetée, en hommage au film de Chris Marker.
- Jetée, jetée, c'est comme je t'aime ? demande une jeune fille.
C'est en cherchant des images de la Jetée (le film, 1962) que je tombe, via le site d'une librairie bretonne (oui, tout cela est étrange), sur un blog intéressant qui affiche la première partie d'un documentaire de Maurice Pialat sur la banlieue, daté de 1960, l'Amour existe, et en bonus le texte de la voix off du film, écrit par Pialat lui-même.
"Ce film a obtenu le prix Lumière 1961 et le Lion de Saint-Marc, Venise 1961", annonce un cartouche au début du générique (on trouve facilement la partie 2 sur youtube). Les premières images me font penser à Chronique d'un été, de Jean Rouch, que j'ai évoqué bien trop vite sur ce blog (billet du 23 juin 2011), et avec une erreur de poids, toutes choses qui nécessitent correction.
Je voulais mettre en ligne un extrait incroyable de ce film, ce que je ferai plus tard, vraisemblablement dans un "post scriptum 2" et rectifier ce que j'indiquais : "la prise de son est synchrone à la capture des images".
Cette rectification a deux buts. D'abord d'insister sur la nouveauté que représentait cette synchronisation (apparente nous verrons pourquoi), qui évitait le stratagème de la voix off et permettait donc cette dimension de cinéma vérité affirmée au début du film. Il fallait déjà pour cela disposer d'une caméra silencieuse, facilement transportable, et d'un équipement audio portatif. À ce titre ce long métrage a vraiment quelque chose d'historique, et il me semblait que mon explication lapidaire du premier billet ne le laissait pas comprendre.
Deuxième partie de cette rectification : en réalité, techniquement, la prise de son n'est pas synchrone. Il y a bien un équipement audio portatif, issu du matériel utilisé par la radio ; mais si la prise de son est directe (les acteurs se promènent avec un magnétophone de cinq kilos dans un sac !) l'appareil pour le son et l'appareil pour l'image (pas très léger non plus, 50 kilos !) fonctionnent indépendamment. Il a donc fallu un travail de montage considérable – trois monteuses pendant neuf mois !– pour ajuster bande son et images mobiles.
Toutes ces précisions m'ont été apportées au hasard de mes promenades sur la Toile par un article signé Séverine Graff (Techniques légères et cinéastes du direct : un cas de "Rouchéole" ?), dont on retrouve facilement le fichier format pdf si on le souhaite.
Bonnes balades à vous...
Eh bien j'étais résolu à opérer quelques corrections, précisions ou enrichissements aux publications de l'année 2011..., et tout cela m'a jeté dans un tourbillon d'infos, de films, de liens, de blogs... si bien que je ne sais, tout en écrivant, ce que je vais vouloir ou pouvoir restituer.
Tokyo, vue dans Six, court-métrage de Giovanetti et Zencirci |
Vous souvenez-vous du film Ata, réalisé par Guillaume Giovanetti et Çagla Zencirci (billet "Touchables" du 15/11) ? À la suite de mon commentaire, les cinéastes m'ont gentiment envoyé un mot dans lequel ils me signalaient leur dernier court-métrage, tourné au Japon et intitulé Six, disponible ici.
C'est un drôle de film, que j'ai regardé dans de mauvaises conditions (qui ne m'a pas beaucoup ému mais peut-être est-ce pour cette raison-là). Il a des qualités indéniables en tout cas : il fournit quelques instantanés du Japon et propose une forme de narration singulière. Une de ses particularités tient dans le personnage principal, Mama Kawai San, tenancière – absente, c'est l'Arlésienne nipponne – d'un bar (qui de façon métonymique finit par tenir son rôle) où se lit sa passion pour le cinéma et des fragments de sa vie. Gros plan sur une pile de CD : on devine l'Orchestre National de Barbès et la bande son de Crossing the Bridge!... Le bar est microscopique, tapissé d'affiches de ciné et il porte un nom français : la jetée, en hommage au film de Chris Marker.
- Jetée, jetée, c'est comme je t'aime ? demande une jeune fille.
La banlieue parisienne, vue par Pialat dans l'Amour existe. |
C'est en cherchant des images de la Jetée (le film, 1962) que je tombe, via le site d'une librairie bretonne (oui, tout cela est étrange), sur un blog intéressant qui affiche la première partie d'un documentaire de Maurice Pialat sur la banlieue, daté de 1960, l'Amour existe, et en bonus le texte de la voix off du film, écrit par Pialat lui-même.
"Ce film a obtenu le prix Lumière 1961 et le Lion de Saint-Marc, Venise 1961", annonce un cartouche au début du générique (on trouve facilement la partie 2 sur youtube). Les premières images me font penser à Chronique d'un été, de Jean Rouch, que j'ai évoqué bien trop vite sur ce blog (billet du 23 juin 2011), et avec une erreur de poids, toutes choses qui nécessitent correction.
Toujours la banlieue, mais filmée par Rouch, Chronique d'un été. |
Je voulais mettre en ligne un extrait incroyable de ce film, ce que je ferai plus tard, vraisemblablement dans un "post scriptum 2" et rectifier ce que j'indiquais : "la prise de son est synchrone à la capture des images".
Cette rectification a deux buts. D'abord d'insister sur la nouveauté que représentait cette synchronisation (apparente nous verrons pourquoi), qui évitait le stratagème de la voix off et permettait donc cette dimension de cinéma vérité affirmée au début du film. Il fallait déjà pour cela disposer d'une caméra silencieuse, facilement transportable, et d'un équipement audio portatif. À ce titre ce long métrage a vraiment quelque chose d'historique, et il me semblait que mon explication lapidaire du premier billet ne le laissait pas comprendre.
Deuxième partie de cette rectification : en réalité, techniquement, la prise de son n'est pas synchrone. Il y a bien un équipement audio portatif, issu du matériel utilisé par la radio ; mais si la prise de son est directe (les acteurs se promènent avec un magnétophone de cinq kilos dans un sac !) l'appareil pour le son et l'appareil pour l'image (pas très léger non plus, 50 kilos !) fonctionnent indépendamment. Il a donc fallu un travail de montage considérable – trois monteuses pendant neuf mois !– pour ajuster bande son et images mobiles.
Toutes ces précisions m'ont été apportées au hasard de mes promenades sur la Toile par un article signé Séverine Graff (Techniques légères et cinéastes du direct : un cas de "Rouchéole" ?), dont on retrouve facilement le fichier format pdf si on le souhaite.
Bonnes balades à vous...
Interessant, sûrement, mais je préfère tout de même tes promenades gourmandes...
RépondreSupprimerClaude
Oui je conçois que mes subits intérêts pour ceci ou cela puissent laisser de marbre... Mais as-tu eu la gourmandise de regarder le film de Pialat ? Ce qui est intéressant, en dehors du contenu, c'est le décalage qui s'opère avec le texte. À la vision et à l'écoute du film, la diction façon années soixante et le ton quasi grandiloquent en font une chose presque désuète alors que la lecture du texte seul donne un autre éclairage. Même petit décalage quand après avoir vu le film on prend conscience de son titre... Non ?
RépondreSupprimerÇa m'a plutôt ennuyé de retrouver "l'ennui, principal agent d'érosion des paysages pauvres." Les images doivent certainement parler aux gens qui sont nés dans les années 60.
RépondreSupprimerClaude n'est pas le seul à préférer les promenades gourmandes, colorées, insolites et toujours exotiques...
Mais avec un total respect, l'espère-je, pour les natifs du millésime 60 ! (Ou 61, ou 59, ou 62...) Merci pour moi !
RépondreSupprimerAnnées qui n'ont pas été marquées (que) par l'ennui et l'érosion des paysage, mais aussi par le rock, le jazz et la java ! Par l'installation du téléphone sur tout le territoire grâce aux effort des PTT... Et aussi par la guerre d'Algérie (ça c'est moins drôle) et les prémisses de l'Europe, d'abord des 6.
En considérant tout de même l'intérêt pour le film de Pialat, découvert à cette occasion et qui fait regarder la banlieue, même d'aujourd'hui, avec un regard "d'artiste"
Claude.
(Qui attend le Post-sriptum 2. Non, je ne suis pas pressée, mais il sera le bienvenu !)