Un pied d'anthémis. |
Je vois que le 19 mars, je parlais de "savourer les surprises que nous réserve cette crise sanitaire". Mais quelle mouche m'avait donc piqué ! J'ai aujourd'hui le sentiment que la surprise, c'est qu'il y en ait si peu... Sans doute cette épidémie est un révélateur, mais de choses que l'on savait déjà si bien.
Allez, j'avoue que c'est peut-être sur l'intensité des phénomènes que je peux encore écarquiller les yeux. Par exemple, j'ai des collègues que je ne trouvais pas malins : je découvre qu'ils sont stupides. Parfois cela se traduit dans la réalité physique. Dans mon quartier, au début du confinement, personne ne respectait le mètre ou mètre cinquante de distance sanitaire : ils étaient à touche touche dans les magasins pour acheter du PQ, et, soudain, ces derniers jours, les voilà qui s'égrènent sur les trottoirs espacés de deux mètres cinquante ou trois mètres, pas moins. Mystère de la constipation ? (Quel temps on aurait gagné si tous ces gens avaient adopté la scatophagie.)
Allez, j'avoue encore une autre chose. Je déteste les applaudisseurs de balcon. J'éprouve une gêne réelle, qui m'empêche même de m'approcher des fenêtres à 20 heures quand leur spectacle commence.
Dans ma rue, qui est toute petite et absolument pas passante (mais le qualificatif de passante, en plein confinement, est de toute façon obsolète), certaines personnes ont déroulé une grande banderole verticale, sur deux étages. Je ne sais plus ce que ça disait exactement, le vent l'a heureusement déchirée très vite, mais on voit l'idée, avec de gros cœurs rouges. Ça me fait le même effet que les personnes qui sortent un drapeau bleu blanc rouge au moment des finales ou demi-finales de football. Une forme d'opportunisme émotionnel, faussement solidaire et communautaire, qui va s'effacer quelques heures après la fin de l'événement (ou quelques jours après la fin du pic de l'épidémie).
Dans ma rue, qui est toute petite et absolument pas passante (mais le qualificatif de passante, en plein confinement, est de toute façon obsolète), certaines personnes ont déroulé une grande banderole verticale, sur deux étages. Je ne sais plus ce que ça disait exactement, le vent l'a heureusement déchirée très vite, mais on voit l'idée, avec de gros cœurs rouges. Ça me fait le même effet que les personnes qui sortent un drapeau bleu blanc rouge au moment des finales ou demi-finales de football. Une forme d'opportunisme émotionnel, faussement solidaire et communautaire, qui va s'effacer quelques heures après la fin de l'événement (ou quelques jours après la fin du pic de l'épidémie).
La première fois que j'y ai assisté, c'était sans le vouloir, j'étais sur mon balcon, et j'ai vu toutes ces personnes s'applaudirent entre elles et se trouver formidables d'applaudir. Oui, une petite gêne, comme de surprendre quelqu'un en train de se masturber (ce qui ne m'est jamais arrivé, mais j'imagine).
Évidemment je m'en veux un peu de tant de misanthropie. Suivant vaguement le fil de mon billet du 27 mars, j'ai, à de très rares moments perdus, commencé à chercher le nom des plantes qui poussent, presque seules, sur le balcon. J'ai découvert que des fleurs au look de petites marguerites se nomment anthémis, que des succulentes un peu rachitiques dû au manque de soleil sont des sedum palmeri. Et avec étonnement, que ces plantes ultravivaces qui se resèment allègrement et colonisent tout sont des giroflées. Ma recherche sur ces dernières m'a cependant mis en face de phrases du genre : "elles sont toujours associées au jardin de curé" ou "très présente dans les jardins de grand-mères ou les jardins de curé" ou encore "que l'on trouvait dans les jardins dits de curé".
Voilà. Trahi par mes plantes. Je dois avoir une âme de vieil ermite ronchon.
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