mardi 28 décembre 2010

sutures

En fait, j'aime assez me faire opérer. Je trouve, dans l'idée que quelqu'un intervienne à l'intérieur de mon corps pendant que je suis endormi, quelque chose de troublant, à la limite de l'érotisme. 
En tout cas c'est toujours une aventure avec, dans cet autre monde, les petits jeux de rôles bien réglés : les médecins toujours pressés, l'infirmière gentille et la salope, ceux qui sont invités aux réunions de staff et les autres pas, l'aide soignante qui vous parle comme à un sourd... Voilà pourquoi l'impression de voir des acteurs de série télé vient si facilement à l'esprit...

Bon ! alors quoi, c'était comment, ça s'est bien passé ce découpage de poumon ?

Oui, tout s'est très très bien déroulé, avec beaucoup de bonnes surprises et peu de mauvaises, et je suis rentré à la maison samedi midi, soit cinq jours et quelques heures après avoir été ouvert. Impressionnant timing. Mais d'abord, avant d'en dire plus, deux événements qui ont bornés pour moi ce voyage.

Arrivé chez moi (en taxi conventionné, clin d'œil au livre de Marie-Dominique Arrighi) j'étais assez crevé et j'ai attendu le soir pour allumer l'ordi. À ma grande surprise, dans la boîte mail se trouvait une quantité impressionnante de commentaires de ce blog. Dont celui que j'ai lu en premier, que voici, 
J'ai reçu la carte postale royale hier. J'ai trouvé le texte lisse. Trop lisse. Comme une urgence, j'ai tapé ton nom dans Google. J'ai trouvé ton blog et quelques informations qui complétaient mon intuition ; quelque chose ne va pas. D'où m'est venu ce pressentiment ?
publié sur le billet "en campagne". Il s'agit de Christophe, que j'ai évoqué dans le billet "des joies" du 07/09/10, à qui j'avais effectivement envoyé une carte postale de Thaïlande, image de la famille royale, forcément kitsch, mais à la chromie délicate. La qualité de son intuition, plus ses commentaires en eux-mêmes, tout cela m'a beaucoup émotionné, dans des registres différents. Et j'ai enfin fait le lien avec un sms reçu à l'hôpital, dont je n'avais su identifier l'expéditeur.

À l'opposé chronologique, c'est-à-dire dans les premières heures passées dans ma chambrette d'hôpital, j'ai reçu la visite de mon frère les bras chargés de présents. Mon frère qui, avec son air de parler de la pluie et du beau temps, extirpe soudain de la poche de son pardessus un souvenir de notre enfance, un petit fermier de fer blanc, pour veiller sur moi. Je ne m'attendais tellement pas à une telle marque de tendresse que ça m'a balancé un petit coup de poing dans l'estomac. 
Question poing d'ailleurs, il y a quelque chose de subtil dans le choix de cet objet que je n'arrive pas à cerner mais qui pourrait être de l'ordre de : le personnage ne fait pas seulement lien, il fait tiers ;  ce qu'il tenait à l'origine dans la main (une fourche ?) a disparu et dans ce vide laissé il y a un appel, un geste possible, attendu.

jeudi 16 décembre 2010

en campagne

Je suis content d'avoir pris le temps de poster ce petit extrait de Kureishi, ouvrage qui tombe un peu en ruine et que j'ai acheté à Bangkok, dans l'une des nombreuses échoppes de livre "second hand" du quartier des touristes, Khao San Road.
En réalité, j'avais vu "Suite française", d'Irène Némirovsky, dans la micro boutique de bouquins de l'embarcadère. Et quand j'ai voulu l'acquérir, je me suis aperçu que le livre était en anglais, bien qu'ayant conservé son titre originel ce qui m'avait trompé. Dans le rayon français il y avait "La Possibilité d'une île", à 200 bahts (env. 5 euros), ce que j'ai trouvé vraiment trop cher pour un Houellebecq. Et un Gavalda, un peu meilleur marché (180 bahts), "La Consolante". 
J'ai hésité car je n'ai jamais rien lu de cet auteur décrié (ou déprécié je ne sais donc quel est l'adjectif approprié), mais ses interventions sur France Culture lors des émissions spéciales Françoise Sagan m'ont beaucoup touché. Ce qu'elle disait de son rapport à Sagan, ce qu'elle racontait de son allocution bafouilleuse lors des obsèques de l'écrivain et la façon dont elle lisait mal les textes en tentant maladroitement de rendre le ton des dialogues, c'était horrible et extrêmement sympathique.
Finalement, c'est donc au rayon anglais que j'ai trouvé mon bonheur avec ce Buddha of Suburdia que j'ai à peine commencé.

Les images qui "illustrent" en contrepoint les deux billets "l'autre monde 1" et "l'autre monde 2" sont prises à Nakhon Pathom, ville dont le chédi géant renfermerait les reliques de Bouddha.
Le bouddha dharmachakra, en métal sombre, est dans l'enceinte intérieure et regarde le chédi ; l'autre, blanc, est à l'extérieur tourné vers la ville.
Le caractère très saint de l'édifice n'étant pas un argument suffisant pour attirer les touristes, l'infrastructure hôtelière s'en ressent... C'est évidemment un euphémisme, on le voit sur les photos ci-dessous, et la ville a une ambiance presque indienne.



J'ai commencé à faire un choix de podcast en prévision des journées d'hospitalisation où, à cause du drain, je ne serais pas si mobile que cela. C'est lundi le grand découpage du poumon, et je rentre à l'hôpital, dans l'autre monde, la veille.

Avec toujours en tête cet oxymore : faut vraiment avoir une santé de fer pour supporter l'hôpital.
L'énergie déployée pour contrer la déshumanisation est tout de même énorme. Michel, dont j'ai déjà parlé ici, un ami psychanalyste qui intervient auprès de médecins, m'écrivait dans un mail après la lecture du billet "des choses" (du 26/11/10) :
ce que tu dis est presque mot pour mot ce que je dis chaque fois que je suis amené à parler, pour le Balint ou la relaxation, de la relation médecin-malade.

Chacun sur son île.

Tout à l'heure, ma maman, a qui j'ai caché pour l'instant cette histoire d'opération (et qui va donc m'incendier quand je lui révélerai après les fêtes) me propose malheureusement de venir déjeuner avec elle ce dimanche. Pris au dépourvu, je réponds : Ah non, ce n'est pas possible, ce week end je vais à la campagne.
Elle aurait pu répondre : à la campagne, toi , mais tu détestes ça!! ?
Ç'eût été de circonstance.



Buddha

"...When she came to our house to pick up Dad to drive him to the Writer's Circle, she always ran up to my bedroom first thing to sneer at my pictures of Marc Bolan. 'What are you reading ? Show me your new books!' she'd demand. And once, 'Why ever do you like Kerouac, you poor virgin ? Do you know that brilliant remark Truman Capote made about him ?'
'No.'
'He said, "It's not writing, it's typing !"'
'But Eva –'
To teach her a lesson I read her the last pages of On the Road. 'Good defence !' she cried, but murmured – she always had to have the last word : ' The cruellest thing you can do to Kerouac is reread him at thirty-eight.' Leaving, she opened her goody bag, as she called it. 'Here's something else to read.' It was Candide. 'I'll ring you next Saturday to test you on it!'..."
The Buddha of Suburdia, Hanif Kureishi

mercredi 15 décembre 2010

l'autre monde 2

Donc si vous avez bien suivi je suis là, dans cet environnement tout blanc, assis torse nu, en slip, le pantalon a demi baissé sur les cuisses (pour que le bouton ne gène pas le scanner), comme si, frappé par la foudre en train de me déshabiller,  je m'étais retrouvé subitement projeté en l'état au paradis (je sais, je rêve) et découvrant que le paradis est pavé de mauvaises intentions.

- Une injection, de quelle injection parlez-vous ?...
S'ensuit une âpre discussion où il apparaît que le radiologue, que je n'ai pas vu et ne verrais pas, a donc décidé que ce serait un scanner avec injection. Balancements dans ma tête entre partir, convaincre, tout annuler, accepter...
Explications avec elle, la belle femme et lui, le joli garçon, qui visiblement sont tout de même ennuyés. Moi je tempête calmement : je suis décidément mal informé, non je n'ai pas le temps de revenir un autre jour j'ai curieusement autre chose à faire, mais pourquoi on ne téléphone pas une bonne fois pour toute au docteur Gé, oui si on ne peut pas faire autrement qu'on le fasse ce putain de scan...  Finalement ils acceptent d'aller en parler au radiologue pour qu'il téléphone au docteur Gé pour que etc.
Résultat des courses, scanner sans injection. Moi cela ne me paraît pas étrange quand j'ai pris une dose de produit radioactif dans les veines la veille de ne pas vouloir récidiver le lendemain avec une dose de produit iodé.

Ensuite j'ai un peu de temps avant le rendez-vous de l'anesthésiste. Je vais prendre un café à la cafet' de l'hôpital, je me renseigne pour les possibilités de connexions Internet (Wi-Fi dans le hall, cable dans les chambres, tout payant avec forfait à carte).

Je suis déjà depuis un petit moment devant la porte du docteur Ef quand celui-ci vient chercher sa patiente de 14 heures j'imagine. Moi j'ai rendez-vous à 14h20. L'homme passe et ce qui frappe sur cet homme en blouse et à cheveux blancs ce sont ses sabots rose tyrien. Plutôt marrant. Entre temps je vois arriver des personnes qui, comme moi, ont des feuilles de circulation entre les mains et n'ont pas très bien l'air de savoir où aller, parlent toutes seules, hésitent, se trompent, repartent.
Moi qui pensais expédier le rendez-vous avec l'anesthésiste en un quart d'heure je commence à douter. Finalement c'est à 14h30 que monsieur Ef libère sa patiente et vient me chercher.

Il s'installe à son bureau sans me regarder, sans me convier à m'asseoir et en me disant "fermez la porte derrière vous". Silence de mort. Je suis assis en face de Ef qui tourne les pages de mon dossier au ralenti. Pas un mot, surtout pas un regard. Puis il commence à questionner, aussi à me regarder, le tout me semble interminable. Il y a un nouveau temps mort où il ne dit rien et reste le nez sur ses pages, la tuyauterie du chauffage (?) commence à faire des clong clong clong à intervalles réguliers et je retrouve les mêmes sensations qu'enfant, dans la maison de mes grands-parents, en Creuse, où mon arrière-grand-père avait une petite pièce de prédilection dont il n'allumait la lumière que la nuit vraiment tombée, il y restait la journée dans un fauteuil dont les accoudoirs se terminaient en tête de chien et à part sa respiration le seul bruit était celui d'une horloge à balancier : clong clong clong.

Puis le docteur Ef parle de l'après opération et voilà qui m'intéresse car je n'ai pas eu l'occasion de questionner beaucoup le docteur Gé là-dessus. Je ne sais pas quel sort on m'a jeté mais je trouve aussi que Ef a un look télévisuel. On ne l'imagine pas autrement que dans sa blouse, le genre d'acteur qui toute sa vie aurait des rôles de pharmacien, chimiste etc. Bref.
Ce que j'apprends c'est que je vais avoir tout de même assez mal pendant les premiers jours (le drain) et être sous morphine (avec pompe à actionner moi-même), que je vais être essoufflé et gêné pendant au moins un mois. Pas très marrant.

L'entretien s'éternise à nouveau, je regarde ma montre car je dois rejoindre le journal pas trop tard tout de même. Je glisse un "on n'a pas autre chose à se dire ?" sans effet pour clore le rendez-vous. Et voilà qu'au moment où je crois ma libération proche, docteur Ef annonce :
- Vous allez faire faire des prélèvements...
- Des prélèvements, comment ça, maintenant ?
- Oui, des prélèvements en prévision de l'opération...
- Mais est-ce que je peux les faire en ville ?
- Oui, mais il vous faudra aller voir un cardiologue aussi car je demande un electrocardiogramme...
(J'imagine déjà les files d'attentes dans les secteurs cardio et prélèvements de l'hôpital, les bras m'en tombent)
- Ce n'est vraiment pas pratique de ne pas en être prévenu à l'avance, moi je n'ai pas du tout prévu cela, j'ai pris ma matinée et à priori je dois retourner bosser cet après midi.
- Ah mais vous pouvez partir si vous voulez.
- Oui je sais mais il faudrait tout de même que l'hôpital prenne en compte la réalité des malades
- Ah, ponctue le docteur Ef avec un petit rire, c'est vrai que nous sommes monstrueux.
- Il n'est pas question d'être monstrueux mais informer les patients ne me parait pas très compliqué.
- Mais pourquoi vous êtes-vous inscrit en consultation de l'après-midi alors, me fait Ef en saisissant et en agitant dans l'air sa liste de patients à voir.
- Je ne suis pas inscrit en consultation de l'après midi, j'ai un rendez-vous d'anesthésie à 14h20, pas plus, c'est tout. En revanche je me serais organisé différemment si on m'avait dit il y a trois mois quand j'ai pris le rendez-vous qu'il fallait prévoir un temps pour des examens dans la foulée.
- Mais on ne pouvait pas vous le dire il y a trois mois puisque c'est moi qui décide quels examens il faut faire, suggère Ef d'un air de César prédestinant à la vie des gladiateurs mais commençant à s'énerver sur son siège.
- On ne pouvait sans doute pas me dire lesquels mais apparemment je ne suis pas un cas particulier, il y en a à faire chaque fois et donc il aurait suffi de m'en informer. Une seule phrase suffit, c'est extrêmement simple.
Inutile de préciser que Ef fulmine. Et que quand je prends sa feuille d'examens à faire et lui demande où aller, il me fait : "le couloir à droite en sortant et tout au fond" d'une voix furibonde. Inutile de préciser que l'information est inexacte. Dans ce couloir à droite rien ne ressemble à un endroit où je dois me rendre et une secrétaire que je questionne n'en sait pas plus et doit se faire aider par une autre pour m'indiquer où aller. C'est un autre couloir au fond à gauche.
Par chance il n'y a personne et je peux faire tous ces examens en trois secondes. Avec une bonne infirmière joufflue qui me pique sans que je ne sente rien, mais vraiment rien de rien. Et qui a un petit regard de fierté quand je le lui dis.

l'autre monde 1

C'est hier soir que j'ai vraiment ressenti le décalage horaire. Ou peut-être est-ce l'effet conjugué du jet-lag et de l'injection de produits radioactifs nécessaire au tep scanner passé le matin ?
En tout cas après plusieurs heures de téléphone sympas le soir (Françoise la mignonne, Alain puis Nelly), j'étais bien crevé. Et me suis couché avec un sentiment désagréable : celui d'avoir été mal informé au sujet de ce fameux scan. En fait, à part ce que m'en a dit l'opérateur, et ce que j'ai glané sur Internet (et c'est mauvais signe que j'ai dû aller sur la toile pour y chercher des informations), je savais très peu de choses. Ni ce qui allait se passer, ni à quoi ça sert vraiment... 
C'est plus qu'un scanner thoracique puisque le corps est balayé de la base du cerveau au milieu des cuisses. Et du coup j'ai eu l'impression, dans l'après-coup (j'ai souvent l'esprit d'escalier), d'une intrusion non autorisée.

Rebelotte ce matin en me réveillant : j'ai rendez-vous en fin de matinée pour un autre scanner dont j'ignore tout (et un rendez-vous à 14h20 avec l'anesthésiste). J'ai même un doute : devrais-je être à jeun ? Finalement je prends tout de même un café et deux biscuits. On verra.
La seule chose que je sais, c'est que ayant demandé au docteur Gé que ce soit un scanner sans injection, pour cause d'un assez mauvais souvenir du précédent (voir "scanomalies", billet du 20/09/10), celui -ci avait acquiescé : ça ne devrait pas être nécessaire. Lors de la prise de rendez-vous, il y a trois semaines, opérée par la secrétaire du doc, la question s'était à nouveau posée (car en cas d'injection il faut venir avec le produit à injecter) et j'avais précisé que ce devait en principe être un scanner sans injection.

Arrivé à l'hôpital assez tôt, je passe rapidement le premier accueil pour me retrouver vite à celui de l'imagerie.
"Faut-il vraiment que j'indique la date de mes dernières règles ? demande une grosse dame au comptoir qui remplit un dossier. Parce que je ne m'en souviens plus précisément, vous comprenez, ça fait bien 15 ans".
Puis c'est mon tour.
- Vous avez l'ordonnance ? me demande le secrétaire.
Non, c'est lui qui l'a, dans mon dossier.
- Vous avez le produit de contraste ? questionne-t-il encore.
- Ah non, je n'ai rien, ça devrait être un scanner sans injection.
- Il n'y a rien de mentioné sur l'ordonnance.
- Sans doute mais un scanner à injection j'en ai fait un hier au Val-de-Grâce, je ne vais pas en faire un tous les jours. Téléphonez au docteur Gé.
- Non, vous verrez tout cela avec le radiologue.
Ensuite le téléphone de la grosse dame se met à sonner de façon tonitruante tandis qu'elle regarde, amusée, de droite et de gauche d'où peut bien arriver cette sympathique fanfare qui nous régale joyeusement, puis soudain elle ne se jette sur son sac à main où ne trouvant pas le dit téléphone elle glapit "ce n'est pas moi" pour finir par saisir son manteau en criant "dans ma poche!", alors que la sonnerie s'éteint et que tout cela se déroule sous l'affichette qui montre un téléphone barré. La couverture d'un ancien "Psychologies magazine" qui traîne sur un guéridon clame "affirmez-vous" et rien n'indique que ce soit le bon endroit pour le faire.

On vient me chercher pour le scanner, et après m'être à demi dévêtu je me retrouve dans la salle de la machine, tout est blanc et clean, il y a là une femme blonde et un jeune homme brun, les deux en blouse claire, plutôt jolis, ils ont des physiques de série télé et on croirait que tout va bien se passer. J'ai même le temps de penser que oui, finalement je suis zenifié à l'intérieur grâce à mon séjour en Thaïlande et que voilà, tout cela rend le monde calme et blanc.
Et le beau gosse me demande dans quel bras je préfère l'injection.

mardi 14 décembre 2010

exploration

J'ai passé des moments très agréables et cette joie me porte malgré la fatigue qui, maintenant, commence à brûler mes paupières et alourdir mes épaules.

Hier soir à 20 heures, après une première journée de travail depuis mon retour de Thaïlande je suis allé au cours de yoga que m'a fait découvrir Maria Lucia que je retrouve là-bas, double plaisir. Il était donc deux heures du mat' au fuseau horaire de Bangkok que j'avais quitté la veille. J'espérais que les nombreux massages thaïlandais auxquels je m'étais adonné auraient assoupli ma carcasse. Rien. Ce fut dur mais joyeux, comme toujours.

Ensuite Maria et moi avons dîné ensemble et elle m'a confié d'heureuses nouvelles concernant sa vie sentimentale que je n'ai pu m'empêcher d'associer aux bonnes nouvelles que j'avais reçues de Nelly ces derniers jours. C'est bon.

Ce matin était consacré au tep scanner prévu au Val-de-Grâce. À jeun depuis minuit selon les indications données lors de la prise de rendez-vous, j'arrive à cet hôpital militaire qui se trouve du côté de Port-Royal en passant à travers un marché dont les odeurs me mettent cruellement en appétit.
Là-bas je constate avec un plaisir mêlé de méfiance que les différentes personnes auxquelles je m'adresse (le poste de l'entrée, l'accueil dans le hall, l'accueil des consultations) sont précises, claires, efficaces, humaines. 
Dirigé au sous-sol vers la médecine nucléaire (c'est son nom), à part quelques bémols, même topo. L'infirmier qui m'installe dans un box pour me perfuser est rapide mais sans précipitation, prend le temps de répondre aux questions, explique clairement. 
Une de ses collègues, avec une très longue et belle natte dans le dos, se déplace avec une canne. Tiens! une amochée du côté des soignants aussi, c'est bête mais ça met en confiance. 
Trois box se jouxtent, du coup j'entends aussi les interventions des infirmiers avec les autres patients. Ils sont gentils, attentifs.

Il faut trois quart d'heure environ pour la perfusion. Ensuite c'est le passage dans le scanner en lui-même. Il y a en réalité deux anneaux, qui font chacun un type d'image différent, images qui sont ensuite combinées si j'ai bien compris. C'est une vingtaine de minutes dans la machine, du coup je m'y endors.

En sortant, ravi d'être débarrassé de cet examen-là, je découvre une lumière magnifique sur la ville. Il fait froid malgré le soleil éclatant, je me réfugie dans une brasserie pour prendre au comptoir un sandwich camembert avec un double café : retrouvailles avec la France.
C'est tout un petit monde à observer ici : les clients habitués qui  déjeunent au bar, les serveurs un peu machos, les ouvriers qui sont déjà au pousse café, le barman qui répond à un quidam que oui, ça fait 36 ans qu'il fait ça, que le comptoir ça ne le gêne pas, qu'il aime bien ça, qu'il est monté à Paris pour ça...

C'est lorsque je m'apprête à reprendre le RER que j'aperçois, au dessus de marronniers sans feuilles dont les branches semblent remplir un invisible cube de verre (ils sont taillés en marquise), une frise dentelée en brique frappée par le soleil. Je m'approche de ce bâtiment, de l'autre côté du square des explorateurs dont la fontaine est prise par la glace.






C'est amusant de découvrir chaque fois de nouvelles choses dans Paris : ce qui a attiré mon œil est l'institut d'art et d'archéologie (rue de l'Observatoire), création très singulière des années 20. Je prends des photos assez médiocres mais tout m'émerveille.

















































jeudi 9 décembre 2010

cosmos

Quel jour sommes-nous ? C est difficile a dire, il faudrait que je tripatouille ma montre pour qu elle affiche le cadran de l heure parisienne qui porte aussi la date... et j ai deja fort a faire avec ce clavier dont les lettres ont change de place et ou je n ai encore trouve ni les accents ni les apostrophes. (Faux, a l'instant je localise l'apostrophe)

C'est frustrant pour moi d'ecrire en sachant que je ne pourrais joindre une photo : c'est un niveau de lecture en moins. D'autant que des images, j'en ai plein la tete comme l'on dit.
Le premier jour a Bangkok, je suis retourne au Wat Po, l'un des celebres temples de la ville, qui est aussi une ecole reputee de massage. Je m'approche d'un imposant pot circulaire empli d'eau ou croit un nenuphar, avec l'intention de photographier la fleur en gros plan.
Penche sur la surface, j'apercois (desole, pas trouve la cedille non plus) un mini poisson noir qui se balade entre les feuilles, et sous elles. Un poisson, dans cette sombre poterie ? Non, pas un, plusieurs, et finalement a y regarder de plus pres, tout un monde qui respire en secret dans ce qu'on prendrait au debut pour l'habitacle de la plante.

Je me recule, je considere le bord circulaire du recipient ocre, et tout ce contenu qui vibre (et plus tard encore je verrai les insectes venir butiner cette fleur rosee), je touche le bord rugueux de la ceramique. La limite.
Un univers, un cercle, une fin. C'est vraiment simple.

lundi 6 décembre 2010

des minutes de taille

Il me reste quelques minutes dans ce cyber cafe de Prachuap Khiri Khan, Thailande,  pour dire aux lecteurs de ce blog qu il fait beau et que tout se passe bien.
Et voila.

vendredi 26 novembre 2010

des choses

Ceux qui me connaissent savent ces instants où j'écris : "je devrais être en train de faire ma valise (ou mon sac)"... et ceux qui me connaissent intimement savent que ces moments voient le salon encombré de la table à repasser, du sèche-linge, de piles et de montagnes de fringues etc.

Remettre à demain jusqu'au jour où il n'y a plus de demain et que c'est l'heure de prendre l'avion (les amateurs de métaphore apprécieront).

Aujourd'hui j'avais rendez-vous à 15 heures avec le chirurgien pulmonaire et ma convocation demandait d'être là 20 minutes avant l'heure de la consultation afin de pouvoir passer au secrétariat. J'ai pas mal bossé les jours précédents pour pouvoir terminer plus ou moins mon boulot à 13 heures et avoir le temps d'atteindre cet endroit du bout du monde, heureusement desservi par le RER (Cité Universitaire).

Ce que je n'avais pas anticipé et dont j'ai pris la mesure petit à petit, c'est que cet Institut mutualiste où je devais me rendre fonctionne exactement comme un hôpital. C'est-à-dire qu'une fois que vous avez mis le pied dans ce lieu, vous devenez une sorte de chose, capable de mouvements, susceptible de répondre par la parole, mais parfaitement déshumanisée. Vous êtes, devant chaque interlocuteur, quelqu'un qui n'existe que pour ce dont cet interlocuteur à besoin à ce moment précis. Et c'est tout. Toute tentative d'exister en dehors de ce code-là est perçue comme déplacée, absurde ou vaguement abusive. 

Dans la salle d'accueil A, je vois la lumière décroître lentement par la fenêtre. Ça fait déjà un moment que j'ai questionné la secrétaire du docteur Gé qui m'a annoncé un retard 
de 20 minutes. 

Autour de moi les gens qui attendent sont la plupart en duo : en couple, ou des femmes d'un certain âge avec leur mère, la fille est l'accompagnante ou l'accompagnée, c'est selon. Une de ces femmes se met à pleurer.
C'est bien de venir à deux car ça oblige le personnel à considérer que vous êtes une chose capable de mouvements, susceptible de répondre par la parole... mais aussi parfois en rapport avec d'autres choses capables de mouvements etc.

Mais comme il est impensable de vouloir être considéré autrement, voilà pourquoi il est normal d'être reçu par le docteur Gé à 16 h 20 alors que vous êtes sur place depuis 14 h 45, et que celui-ci n'ait pas un mot d'excuse. (Le "lapsus" est vivifiant, j'avais tapé un "mort d'excuse".) 

De celui-ci je n'apprends pas grand chose de neuf puisque le pneumologue, le docteur Té, m'avait déjà bien détaillé mon cas et l'opération à réaliser. Le docteur Gé se veut calme, précis, rassurant, il réexplique quant il en a l'occasion que la tumeur n'est pas maligne. 

À un moment de la conversation, voulant préciser que la période post opératoire va dépendre aussi de l'état général de mes poumons il dit "puisque vous avez été fumeur vos poumons sont malades". Qu'il utilise le terme de malade, ça fait un petit déclic dans ma tête que je ne sais pas trop comment interpréter. Pourquoi n'a-t-il pas dit "vos poumons risquent de cicatriser moins bien que ceux d'un non fumeur", ou bien "les tissus risquent de répondre moins bien" ?...

En fait je crois comprendre un peu plus tard quand, alors même qu'il avait répondu à ma question "non il n'y aura pas d'examens complémentaires à faire", il annonce que je vais être convoqué pour un petscan, puis un scan ordinaire, puis... 
Pour lui une frontière nous sépare. Moi je suis le malade, lui il est le chirurgien. Voilà pourquoi ce n'est pas grave, et même logique, de me dire tout de go "vos poumons sont malades" plutôt que "on verra comment votre organisme réagit". De même que les examens à faire ne sont pas considérés de mes compétences, mais de ses prérogatives à lui. C'est un planning, une organisation qui lui revient à lui, moi je ne suis qu'un des éléments de cet agencement.
Tout de même, comme je suis donc un client chiant, que je m'absente deux semaines, quasi injoignable, qu'il y a aussi les fêtes de fin d'année, le planning est un peu serré à mettre au point. On décide d'une intervention pour le 20. La secrétaire, sympa et efficace par ailleurs, est très étonnée que j'ai envie prendre le temps de consulter mes proches sur les dates. Pour elle, me proposer le rendez-vous de l'anesthésiste et du scan le même jour relève presque de la faveur, ou de la mission impossible (cependant effectuée avec le sourire).

En sortant je passe au bureau d'admission pour préparer l'entrée qui se fera le 19 décembre. C'est le troisième secrétariat que je fais dans l'après-midi, pour lequel j'attends aussi un petit bout de papier numéroté dans la main : même questions, mêmes documents qu'a l'arrivée. On s'interroge : c'est une demande de la CNIL que le fichier des malades ne soit pas accessible par deux ordinateurs distants de 20 mètres, ou  bien on a fait des économies de cable ici ? Mais rien de tout cela n'est grave dans ce monde où le temps ne compte pas, pour vous, les choses capables de mouvements et susceptible de répondre par la parole. Malades de surcroît.

jeudi 25 novembre 2010

ouvertures

Voilà la drôle de photo que je citais la dernière fois comme évocatrice "d'image pornographique ou d'une variation charcutière, couleur foie gras, de l'"Origine du monde" de Courbet." C'est le passage des cordes vocales si j'ai bien compris.

Il est amusant de remarquer que le développement de la technique permet d'avoir des images de l'intérieur de son corps, alors que ce blog ne comporte aucune image de mon visage, ni d'une enveloppe corporelle qui permettrait de m'identifier.
Avec la radio publiée le 04/10 et les clichés de scanner publiés le 20/10, ça fait beaucoup de plongées dans mes profondeurs que je vous propose, non ? Récemment Wanda me confiait quelque chose comme "je lis ton blog pour te connaître mieux et tu restes finalement aussi mystérieux". Vous m'aurez pourtant pénétré du regard.

Mardi midi je discutais avec mon amie France dont la tante, Anne Ubersfeld, est morte à la fin octobre. Pour rendre hommage à cette femme de théâtre, il y eut une soirée organisée à La Cartoucherie. France me disait, avec une forme de joie, qu'à cette occasion elle apprit des choses inédites sur cette femme qu'elle avait pourtant connue et côtoyée des années.

mardi 23 novembre 2010

vu !

Aujourd'hui je suis allé voir l'exposition Michael Wolf. C'est à la Galerie particulière (16, rue du Perche, 75003 Paris), petite espace cubique sous verrière presque en face de la cathédrale arménienne Sainte-Croix.

Photo Michael Wolf
Deux séries de photographies sont présentées pêle-mêle : "Paris Street View", dont j'ai parlé ici ("entre les mailles", billet du 19/11) et Tokyo Compression, qui montre des portraits de passagers compactés dans le métro de Tokyo, visages perdus dans la buée, écrasés contre la vitre, abandonnés dans le sommeil ou la fatigue (je me demande d'ailleurs comment il s'en tire avec le droit à l'image de ces japonais anonymes???)...
Ces deux ensembles sont rassemblés sous le titre We Are Watching You... 

Est-ce que ça marche ce mélange ? Oui et non. 
Oui parce que les questions de l'identité, de l'intimité, de l'exposition, de la répétition, de la reproduction, de la conformité, de la différence, du regard... bref tout ce qui peut vous passer en tête en regardant l'une de ces séries est aussi présent à l'esprit quand on contemple l'autre : c'est bien le travail du même photographe. 

Non parce que les images de Street View nécessitent de grands formats, elles affichent la trame des images d'écran à des échelles différentes selon les photos, elles suscitent la comparaison, incitent à la vision de loin, puis de près (on voit fort bien les points rouge-vert-bleu de la synthèse chromatique, ça renvoit aussi à la tapisserie d'antan). La démesure et l'agrandissement sont intéressants.
Les images de Tokyo Compression en revanche sont fortes en tête à tête, avec les visages quasiment à taille réelle, confrontantes dans leur humanité, leur chaleur. De l'autre côté de la vitre, en face de moi.

Alors évidemment on peut trouver que ce contraste est malin. Ou imaginer à regret l'impact incroyable qu'aurait chaque série présentée seule.
En tout cas c'est bien. C'est jusqu'au 15 janvier..

lundi 22 novembre 2010

petit matin

Hier je citais un tableau de Gervex, "Rolla", inspiré du poème de Musset (donc rien à voir avec une scène de nuit de noces...). Le voici donc. Il est semble-t-il au Musée des Beaux Arts de Bordeaux (ce qui je l'avoue ne m'a pas frappé lors de ma visite de la ville). Aujourd'hui c'est difficile à imaginer qu'une telle œuvre ait fait scandale : les raisons invoquées sont à l'époque, la représentation de la nudité dans un décor contemporain ; ou encore les vêtements mélangés de l'homme et de la femme au premier plan. Pour un regard contemporain ce qui est marquant c'est la composition dont toutes les lignes de force mènent au sexe de la femme ; et la façon dont son corps à elle barre l'espace, comme oblitérant toute autre pensée que celle de sa nudité et qu'ainsi chaque élément devienne au final dépendance de cet être de chair. Rolla, qui donne pourtant son titre à l'œuvre, est à ranger au rang des accessoires : demi corps, simple diagonale, autre chiffonnade de tissu blanc. Ça date de 1878.

dimanche 21 novembre 2010

les yeux doux

Voilà, hier c'était le grand jour du mariage de Malika et de Thomas. Et moi, témoin de cela, lors d'une petite cérémonie que madame le maire tâche de rendre le moins "administratif" possible.

Deux fois 19 : ça se passe dans une petite salle très dix-neuvième siècle de la mairie du dix-neuvième.
Contrairement à toutes les prévisions météo le soleil fait des siennes, tant que l'adjoint au maire propose de fermer les rideaux. Les mariés et les témoins sont pris dans un faisceau de lumière et cela rend les photos parfois assez étranges, avec effet de contre jour ou cheveux auréolés.

Devant nous une immense toile de Henri Gervex représente un mariage, derrière une autre tout aussi grande (mais de Émile Blanchon je crois) montre le bureau de déclaration de naissance. Ça donne le ton. Il y a aussi l'école des adultes, le bureau d'aide sociale pendant l'hiver et je ne sais plus quoi.
Ce qui me frappe, c'est le plafond, lui aussi attribué à Gervex (il a une trentaine d'années quand il travaille à la décoration de la mairie, et qui s'est déjà fait sacrément connaître par un nu scandaleux, "Rolla"). En effet la scène, loin des tralalas nuptiaux, est, elle, en rapport avec l'activité économique (passée) du quartier. Nous ne sommes pas loin de La Villette, c'est donc une scène d'abattoir qui nous surplombe! 

Par un curieux hasard lorsque je tente de prendre ce plafond en photo, le soleil joue sur l'objectif et crée comme un œil divin en plein milieu de l'image.
Sans doute un bon présage : les mariés ont, sans le savoir et quelques jours après l'Aïd, sacrifié un bœuf aux divinités d'en haut.
Après une balade revival au parc des Buttes-Chaumont (c'est là que les tourtereaux se rencontrèrent) et une collation délicieusement attentionnée façon Malika, je me laisse gagner par la flemme dans l'après-midi et ne vais pas voir l'expo Michael Wolf. C'est dommage. 

Le soir la fête bat son plein chez les jeunes mariés (ou plutôt chez la mère du marié). Patrick, puis Fadel, nous font le cadeau de jouer du Oud. Zora, la mère de Malika exécute la cérémonie du henné pour les deux stars de la journée puis pour tous les invités présents. Qui m'a soufflé "tu peux y aller, ça ne marque presque pas "? Je ne sais plus mais quelqu'un de mal informé. Quelques heures après avoir sacrifié au rituel (une boulette de henné écrasée et étalée dans la main) je me retrouve avec cet œil de Dieu sur la paume. Là aussi, signe de chance sans doute...

vendredi 19 novembre 2010

entre les mailles

Dans mes journées de travail, il y a régulièrement de petites périodes d'inaction (j'attends que le texte soit revu par les correcteurs, ou bien je demande une intervention à un maquettiste sur le fichier, ou bien l'imprimante n'imprime plus !... ou bien plein d'autres choses), moments dont je profite toujours avec plaisir, en particulier par des escapades sur la toile du Net. 

Photo de la série "Paris Street View",
Michael Wolf.
Hier donc, malgré des heures de boulot qui n'en finissaient pas, je me suis amusé à retrouver deux trois artistes dont j'avais entendu parler et qui utilisent Google Maps (voir billet "entracte" du 11/11). Parmi ceux-là j'ai retrouvé Nicolas Baudouin, dont les travaux m'ont finalement peu intéressé à les regarder de plus près (il tient un site hébergé par Orange), mais surtout Michael Wolf, photographe munichois d'origine, qui a grandi aux États-Unis et vécu en Asie.

Il faut faire un petit voyage sur son site (voir ci-contre). Il y a des séries d'images que j'ai rêvé moi-même de faire (ce qui n'est pas une raison suffisante pour aimer un artiste bien sûr...). Et en regardant ses "Corner Houses" de Hong Kong, je me suis rappelé maintes situations (la dernière fois en Sicile, à Catania) où prenant en photo un immeuble, je déclenche l'étonnement des passants qui s'arrêtent dans leur marche et se demandent ce qu'il y a vraiment à voir ici.

Photo Michael Wolf
Mais revenons à son travail sur les "Street
View" : l'image la plus représentative en est celle-ci, ci-dessus, et lorsque l'on sait qu'elle a été réalisée à Paris, le rapport avec le "Baiser de l'hôtel de ville", de Doisneau, (photo posée au contraire d'être "volée") est immédiat. Mais il y a aussi des compositions plus abstraites, fantomatique ou poétiques.

Par chance, Michael Wolf est exposé en ce moment à Paris, et j'en reparle quand j'aurais vu l'expo, ce week-end sûrement.

Le plus drôle pour moi, mais c'est un clin d'œil à une histoire de framboise que ne comprendront que les habitués de ce blog, c'est que cette fraise, à gauche, appartient à un ensemble portant le titre : "A serie of Unfortunate Events" !

jeudi 18 novembre 2010

instantanés

J'ai passé une journée peu intéressante. Et j'ai envie de dire que je ne dis pas.

Je comptais afficher ici l'image du passage des cordes vocales que je citais hier (voir "fruits et légumes" post du 16/10) mais je m'aperçois tout juste que c'est la seule que le docteur T. ne m'a pas envoyée par mail. J'en ai une version papier, je la passerai dans mon imprimante scanner même si je sais que le résultat sera assez médiocre.

L'autre jour j'ai scanné avec cette machine un document pour une amie et dans la foulée j'ai numérisé des photos de Fred (Lou Goaco). Je possède très peu d'images de lui sur papier car à cette époque je faisais encore des diapositives Kodak 64. Le scann s'est révélé tellement pitoyable que je n'ai pas osé les publier ainsi. À suivre donc.

Tout à l'heure le téléphone sonne : c'est Nelly qui, de son balcon, me fait écouter les bruits de la rue au Caire, beaucoup d'aboiements de chiens. C'est l'Aïd (el kebir). Il y a quelques jours Nelly écrivait : " Ici, les moutons ont fait leur apparition. Ca bêle dans les rues. Ca bêlera moins d’ici à 2 jours." C'est précieux ces petites vignettes. 

Je lutte contre l'envie de dire ce que je ne veux pas dire. Possible que ce genre d'attitude créé des framboises pulmonaires.

mardi 16 novembre 2010

fruits et légumes

Finalement tout à ma joie de proclamer ma bonne humeur hier, j'ai passé le butternut sous silence. Il paraît que cette courge se nomme aussi doubeurre.

Le serveur qui me proposait cette soupe et à qui j'avouais mon ignorance concernant ce légume me l'a décrit avec les mains de telle sorte que j'ai cru à un melon d'eau. En réalité cette courge a une forme de bite, plus ou moins, mais ce n'est pas l'image qu'il a souhaité faire naître en mon esprit à l'heure du déjeuner. 
J'ai piqué cette image sans
copyright sur un blog intitulé
le panier de Pauline.
Et donc comme son nom l'indique, le butternut a un goût beurré.


Aujourd'hui à quatorze heures c'était le grand jour des résultats de la biopsie de la fibro. Le pneumologue, le docteur T., avait donc identifié une tumeur framboisée, assez peu photogénique. 

Globalement les photos issues de la fibroscopie sont un peu dégoûtantes, sauf le passage des cordes vocales, évocateur d'image pornographique ou d'une variation charcutière, couleur foie gras, de l'"Origine du monde" de Courbet. On revient dans l'image sexuelle décalée.

L'analyse histologique est sans appel : tumeur carcinoïde. Plus sympa elle précise : absence de signe de malignité. Je traduis : en très gros, ça veut dire tumeur cancéreuse, pour l'instant localisée et solitaire, pas du genre à métastaser partout. 

"C'est de quelle taille cette tumeur ?" 
"Un ou deux centimètres", me répond le docteur T. Tout de même. Plutôt une cerise qu'un petit pois donc. Et qu'il faudra enlever. Découpage de poumon à prévoir, avec l'aide d'une équipe bien connue du docteur T. et apparemment sans séquelle sur mes capacités pulmonaires. On profite d'ailleurs de la consultation pour faire un bilan de mes capacités actuelles. 

C'est marrant, il y a un truc qui me fait du bien, c'est d'entendre que ce n'est pas une tumeur en lien avec le tabagisme. Je n'aurais pas aimé que mon plaisir de fumer, même ancien, même passé, soit ainsi pénalisé.

hier

C'est le Garde-robe le nom du bar à vins où je suis passé lundi, 41 rue de l'Arbre-Sec, 75001 Paris.
C'est ouvert le midi du lundi au vendredi (jusqu'à 15 heures seulement, cela veut dire qu'il ne faut pas arriver plus tard que 14h15) et le soir jusqu'au samedi je crois.

lundi 15 novembre 2010

c'est tout naturel

Dimanche soir en rentrant de la Sarthe en voiture, je suis surpris que la nuit tombe si vite. Il faut dire que depuis quelques semaines, à l'heure où le soleil se couche, absorbé que je suis par le boulot je ne suis pas attentif aux modifications du ciel.


Là en revanche, à l'arrière du véhicule, j'ai toute latitude de profiter du spectacle du soleil qui se couche. Anne, qui conduit en douceur, prend la mesure de la débauche de couleurs dans le rétroviseur, au moment où je tente une photo que je sais d'avance approximative.

Je ne peux m'empêcher de la trouver intéressante malgré tout cette image, ça doit être mon amour des paysages pixelisés dont j'ai déjà fait étalage ici, ou peut-être mon intérêt pour les photos ratées (oui, ça aussi j'aime bien)...
Voyez les teintes, le bleu ciel quasiment italien à droite en bas du ciel, regardez les petites loupiotes blanches au centre qui sont d'autres voitures qui nous suivent sous l'immensité (oui, encore) de la voûte céleste. Et puis le cadre, qui indique le point de vue, l'habitacle.

Je découvre aujourd'hui (dans un tout autre registre) la courge butternut, sous forme de soupe, dans un resto où je suis entré par hasard il y a plusieurs années, rue de l'Arbre-sec (75001), plutôt bar à vins version bio que resto d'ailleurs (tendance Amap et bouteilles naturelles). Un lieu que j'ai de suite aimé mais où mes pas ne m'ont pourtant pas reconduit.

La jeune femme derrière le comptoir a un petit accent, ce qui me trouble car la dernière fois il y avait une serveuse avec qui j'avais un peu discuté, qui venait de Nouvelle-Zélande et parlait donc avec un accent aussi : je me demande si ma mémoire est a ce point défaillante et si ces deux femmes que j'imagine distinctes sont une seule et même personne.
Finalement en amorçant la conversation j'ai la réponse, car je me souvenais que la précédente faisait une formation d'oenologie. C'était Robin son prénom, me rappelle l'actuelle tenancière qui a une mine un peu boudeuse qui la rend curieusement séduisante.
Du coup, j'apprends que Robin a terminé avec succès sa formation, et, c'est idiot, mais ça me rend heureux.

jeudi 11 novembre 2010

entracte

Mercredi, 20 heures 25. Encore au journal. Ces dernières journées ont été presque exclusivement occupées par le boulot, voilà pourquoi j'ai si peu publié sur le blog. Et demain matin, je file pour quatre jours de formation dans la Sarthe. J'imagine quatre jours de pluie et de boue, mais il y aura peut-être de joyeuses éclaircies, qui sait ? En tout cas, quatre jours sans "post" vraisemblablement.

Un peu plus tard. Rentré finalement à la maison vers 21 heures 20. Pas tellement l'énergie d'avoir de l'énergie.

Quelques heures plus tard encore, je regarde sur Internet où se trouve le lieu de rendez-vous pour le départ en voiture demain matin. J'adore me balader avec Google maps et repérer les endroits où je dois me rendre, ça me fascine. Je comprends les artistes contemporains qui utilisent les vues de Google maps comme matière première (même si parfois cela semble un peu "facile").

Maintenant, c'est l'heure de faire son sac.

mercredi 10 novembre 2010

persan

"Ne te dépense pas en tristesse insensée,
mais sois en fête.
Donne, dans le chemin de l'injustice, 
l'exemple de la justice,
Puisque la fin de ce monde est le néant,
Suppose que tu n'existes pas, et sois libre."

Omar Khayyâm, Quatrains (CL), 
dans la traduction parue aux éditions Mille et une nuits.

mardi 9 novembre 2010

le cours de la vie

Ce midi j'ai déjeuné avec mon frère, au restaurant Le petit riche, rue Peletier.

L'autre jour je m'étais questionné à propos de mon cancer (j'en parle comme si c'était certain, c'est plus simple, mais je n'aurai les résultats de la biopsie que le 16 novembre)  : est-ce que le fait d'être touché à des organes jumeaux (les poumons) avait un sens ou non ?...

C'est un genre d'acacia dont j'ai déjà photographié et posté
les feuilles ici (billet "Fatigue du 09/09) : elles ont
la particularité de conserver sur elles les gouttelettes brillantes
comme des pierreries.  Ce week-end je note que sur les branches
aussi la pluie a tendance à perler comme s'il existait
une complicité particulière entre l'eau et cette plante.
J'ai immédiatement associé la paire avec les frères (hi, hi, hi!), signe que j'aime bien les histoires de famille. Et avec la paire de pères qu'a eu mon père (certains suivent ?), double filiation qui a permis deux identifications possibles.
Alors quoi, Rémus et Romulus, Abel et Caïn ? Faut-il que l'un succombe ?
Ou dois-je revenir à Janus et ses deux visages perdus dans la contemplation des contraires ?

En tout cas j'ai passé d'agréables moments en la compagnie de mon frère que je vois fort peu en tête à tête (Janus, encore ?). On échange au sujet de notre mère, je le questionne pas mal sur sa famille. Ses inquiétudes sur les choix de vie ou d'études de ses enfants me renvoient à des questions toujours vivantes pour moi et j'ai le sentiment pénible, que je dissimule, d'être un individu ballotté au gré des flots. Qui, en plus, risque de sombrer à pic sans même avoir navigué.

On parle aussi de "maître Eolas", avocat anonyme qui tient un blog passionnant. Mon frère (lui-même avocat) connaît son identité mais comme je sais son implacable sens de la confidentialité, je ne tente même pas de la lui faire divulguer : mon meilleur ami ferait-il appel à mon frère pour une affaire quelconque que je ne serais pas informé.

On se quitte sous une pluie insistante.

lundi 8 novembre 2010

consommation

Lorsqu'il est arrivé à la maison avec plein de petits cadeaux pour moi, Alain avait aussi dans ses valises des magazines gratuits distribués à l'aéroport et parmi eux, un exemplaire de "Bulletin", édité par la banque Crédit Suisse.
A priori, rien de sexy, si ce n'est que le graphisme, propre et choc, très helvète donc, incite à ouvrir le dit magazine et on ne le regrette pas.

Vus en passant : un article sur Colin Beavan qui a tenté pendant un an avec sa famille l'aventure du "zéro impact sur l'environnement" (il a un site mais le mieux et de lire l'article de "Bulletin"), ainsi que la chronique du livre de Sara Bongiorni, "Une année sans Made in China", dont le projet est facile à comprendre et qui serait édité en français par Les Éditeurs Réunis (LER). Ai lu ce matin sur le Net une interview d'elle où elle signale que le plus dur c'est de résister au rayon jouet. Et son fils de quatre ans de gémir : "it's too long without China!"

Une curiosité apprise là aussi : il y a un autre 11 septembre que le 11 septembre.  C'est en effet cette date, en 1932, qui marque la première exposition Picasso organisée par un musée. Et c'était à Zurich, au Kunsthaus qui réunit aujourd'hui 70 des 225 toiles de l'ensemble d'origine.

Et aussi, tout droit sorti de la bouche d'un éminent professeur de marketing : "90% des nouveaux biens de consommation proposés font un bide. Les entreprises le savent mais n'en parlent pas volontiers." Ce qui signifie que le consommateur, entre vigilance active et conservatisme passif, ne se fait pas refiler n'importe quoi .
We got the power !

Dans un genre moins powerful : cet instantané de très mauvaise qualité pris dans le métro ce soir, en rentrant de mon cours de yoga.
Sur le quai d'en face, une femme SDF, plutôt bien mise, organise sa couche pour la nuit sous une affiche débordante de coussins qui vente le sur mesure du linge de maison.
C'est vrai, pourquoi s'en priver ?

man dies

Alain est venu ce week-end à Paris, de Zürich.
Occasion de m'apercevoir que j'avais besoin de tendresse.

Nous sommes allés à l'exposition Jean-Michel Basquiat et à celle de Larry Clark. Ça fait beaucoup d'héroine, les deux expositions côté à côte.

Encore une sacrée boucle dans le temps. Ces derniers jours je repensais aux années quatre-vingt pendant lesquelles je continuais à peindre. À la fois en me disant que je pourrais mettre quelques reproductions de ces peintures sur le blog, à la fois en me remémorant la sottise de ces gens des galeries que j'ai rencontré quelquefois.  
Je me souviens de peintures que j'avais faites et que j'aimais bien (ce qui n'était pas toujours le cas et me les rendait chères) sur lesquelles on voyait un crâne. Il faut dire qu'à l'époque la représentation de crâne n'était pas la tarte à la crème qu'elle est aujourd'hui et que la plupart des interlocuteurs de ces galeries ignorait jusqu'au terme de "vanité". Mais peut-on imaginer que l'un d'entre eux m'a tout de même dit que ce n'était pas possible de vendre une peinture avec un crâne parce que ce n'était pas gai !!!?...

J'ai piqué cette image sur un écran mais je n'ai pas
encore identifié de quel documentaire elle est issue :
donc crédit à venir....
Donc en 1988 j'ai vu l'exposition Basquiat chez le séduisant Yvon Lambert, le peintre était encore en vie et ses toiles n'avaient pas encore subi l'outrage de finir en foulards, porte-clefs et tee-shirts à la librairie du musée d'Art moderne. Voilà pourquoi après toutes ces années de relatif silence autour de Basquiat c'est étrange de constater cette stèle érigée  au génie incontournable et à l'artiste-peu-collectionné-en-France-à-découvrir-d'urgence-pour-le-grand-public-qui-ne-sait-pas-quoi-faire-de-ses-week-ends. Moi je me rends compte que j'avais fantasmé sa mort : je pensais qu'il était décédé du sida alors qu'il a succombé à une overdose. L'ai-je assimilé à Keith Haring? Avais-je encore en tête les rumeurs de séropositivité qui couraient autour de lui?  Je ne sais.

En tout cas le temps passe et Basquiat demeure. Les œuvres montrées à l'expo exhibent leur force, leur sincérité. Leur émouvant mélange de puissance picturale et de notations intimes à la limite du journal d'adolescent (je remarque que la sexualité est peu montrée, peu dite). Le désir de devenir célèbre n'y est jamais cynique, il pulse, il traverse, il donne l'énergie. On retrouve la fougue des années quatre-vingt justement, avec cet attrait pour la réussite qui portait tant de choses.
Seule consolation : mourir jeune aura sans doute évité à Jean-Michel Basquiat de customiser un sac Vuitton ou un jogging Chanel.

Je repense aussi à cet ami photographe qui, dans les mêmes années quatre-vingt, signait du pseudonyme Roméo et avait tant de points communs avec Basquiat... Qu'est-il devenu?

vendredi 5 novembre 2010

rectif (2)

Il faudrait qu'en quelques lignes j'adoucisse ce qui s'est dit sur ce blog concernant le docteur Té et même l'insupportable docteur du centre d'imagerie Beaurepaire (voir billet "si t'es sage t'auras une image", du 25/10) . Dimanche dernier au téléphone déjà, avec une amie, je me faisais l'avocat de ces diablotins : je pense sincèrement que ces deux maladroits ont voulu bien faire et j'avais l'intention de relativiser l'impression que mes billets ont pu donner d'eux.

Un ami cher, M. (qui m'a offert dans le passé un exemplaire du "Boring Postcards" que je citais le 03/11), médecin de son état, m'écrit : 
Ton pneumo me rappelle pas mal de médecins rencontrés dans mes études et qui n’avaient pas l’air d’avoir compris qu’ils avaient quelqu’un en face d’eux et pas seulement un organe ou une maladie…

Cela me gène un peu car je pense que c'est en partie inexact. Ils ont voulu être efficace et dans le désir de bien faire et de faire rapidement, ils n'ont pas pris soin de moi, ce qui est paradoxal certes, mais ne démontre pas pour autant un oubli total de la dimension humaine. En tout cas pour le docteur Té, j'en suis sûr, en ce qui concerne l'autre doc, je mesure mal la pression commerciale qui pouvait s'exercer sur elle (vendre un scanner de plus) et s'additionner au stress (laisser un patient partir sans lui conseiller le bon examen à faire). 
Reste que ce n'est pas au patient de gérer l'inconfort du médecin, ses énervements ou ses déceptions. Les partager, oui, les supporter, non.

jeudi 4 novembre 2010

ciel !

Parfois cela me plairait d'aimer la même chose que tout le monde, me dis-je en refermant "Extension du domaine de la lutte", de Michel Houellebecq (gros soupir). 
Là, on sent le premier roman (?), le collage assez maladroit de chapitres disparates, les tentatives (appuyées donc ratées) de faire rire, de choquer, d'être philosophico-quelque-chose, de dérouter. Le tout sans profondeur. C'est proprement ennuyeux, pas tout à fait prétentieux mais vaniteux. Même pas déprimant, juste rien. Je passe sur l'épisode "dépressif" de la fin, il fallait bien le terminer ce bouquin. Le plus énervant je crois, c'est la posture : un bon écrivain serait un écrivain désespéré. Mais ce n'est pas parce qu'on cherche à être désespérant que l'on devient un bon écrivain, si ?

J'ai reçu aujourd'hui par mail une photo sans prétention (en revanche) que je trouve très poétique. 
Le message de l'expéditeur indique : "voici une vue de Montréal la nuit et notre première neige". De fait, elle évoque pour moi des images de conte de Noël et les petites boules à secouer pour faire virevolter une neige en polystyrène.
Une photo réalisée par Jean-François Laforte.

mercredi 3 novembre 2010

american pixel

J'ai déjà évoqué la représentation visuelle des différents pays d'où l'on lit ce blog (voir billet "drôle de planète" du 22/10) : une petite carte dont les pays se teintent en vert, de plus en plus foncé au fil des lectures. La voici.
J'ai un peu forcé les couleurs, plus pâles à l'affichage sur mon mac.

Mais qui consulte mon blog depuis l'Alaska ???!!! 

Seule hypothèse possible : on s'emmerde tellement en Alaska que tous les blogs possibles inimaginables sont friandises quotidiennes. 
Pour me faire une idée de cette terre d'ennui, je clique sur Google Maps et décide de me balader dans les rues d'Anchorage. L'hypothèse se confirme. Toute les rues se ressemblent, à la réserve que certaines sont bordées par de sombres forêts de résineux.












On se croirait dans le livre "Boring Postcards", de Martin Parr (éditions Phaidon ), ouvrage dont je suis très jaloux car j'ai moi-même une petite collection de cartes postales ennuyeuses mais une notoriété moindre que celle de ce photographe.

En me baladant dans ces rues virtuelles (mais bien réelles pour leurs habitants), je découvre des paysages numériques intéressants nés de l'étirement des images, avant qu'elles se stabilisent pour l'affichage. J'en capture quelques uns, conscient, en utilisant le mot capture, de rendre justice à la tradition de chasse du pays.















romances

"Le libraire au lecteur

Le respect que l'on doit à l'illustre nom qui est à la tête de ce livre et la considération que l'on doit avoir pour les éminentes personnes qui sont descendues de ceux qui l'ont porté m'oblige de dire, pour ne pas manquer envers les uns et les autres en donnant cette histoire au public, qu'elle n'a été tirée d'aucun manuscrit qui nous soit demeuré du temps des personnes dont elle parle. L'auteur ayant voulu, pour son divertissement, écrire des aventures inventées à plaisir a jugé plus à propos de prendre des noms connus dans nos histoires que de se servir de ceux que l'on trouve dans les romans, croyant bien que la réputation de Madame de Montpensier ne serait pas blessée par un récit effectivement fabuleux. S'il n'est pas de ce sentiment, j'y supplée par cet avertissement qui sera aussi avantageux à l'auteur que respectueusement pour moi envers les morts qui y sont intéressés et envers les vivants qui pourraient y prendre part."

Avertissement qui figure sur les versions imprimées de La Princesse de Montpensier (1662). 

En 1999, dans "L'inceste", de Christine Angot, on peut lire à propos des personnes (et personnalités du cinéma) citées dans l'ouvrage :

"Je n'ai pas le droit de mettre les vrais noms, l'avocate me l'a interdit, ni les vraies initiales. (...) D'autres personnes voient également l'intimité de leur vie privée étalée au grand jour, avec force détails, notamment Marie-Christine Adrey, l'amante de l'auteur et "personnage" principal de l'ouvrage, la comédienne Nadine Casta, etc. "
Et presque cent pages plus loin : 
"(Ça m'ennuie d'avoir changé les noms. Ça rend le livre moins bon. Mais je préfère, plutôt que de payer des dommages.)"

mardi 2 novembre 2010

flammes


Hier soir, dîner avec H. R. chez Jeannette (je ne donne que ses initiales pour faire croire que j'ai des entrées chez Helena Rubinstein). Concentré de vivacité, de drôlerie, d'intelligence, de sincérité. Touché du cadeau qu'elle me fait et agréable soirée malgré le bruit infernal dans ce café resto. Encore un meurtre à faire (celui de sa mère) et elle sera parfaite cette jeune H. (oui, je sais, c'est tranchant).








En rentrant, après avoir discuté au téléphone avec Alain qui est rentré d'Espagne, je suis tenté de réaliser un petit résumé, avec extraits, de la princesse de Montpensier, pour le "poster" ici. Mais c'est une tâche insensée : la langue est si belle que j'ai envie de tout recopier.
Peut-être me laisserais-je aller à recopier le passage où le duc d'Anjou et le duc de Guise, perdus dans les bois, rencontrent fortuitement la princesse de Montpensier au bord d'une rivière. Une scène de rougissement, entre autre.
Enfin, tout cela pour dire : relisez cette nouvelle!


lundi 1 novembre 2010

des fins

Lundi. C'est complexe pour moi cette période et je relis le billet "contrastes" daté du 28/10 où j'exprimais ma difficulté à écrire sur le blog pour des raisons assez semblables à aujourd'hui (bien que les causes en soient bien différentes maintenant). En le parcourant des yeux, évidemment au lieu de lire "j'ai même troussé mon petit billet" j'ai lu : "j'ai même toussé"... 

Donc je suis là avec tellement de choses en tête que je ne sais pas où commencer. Je suis là, par ailleurs au bureau, et une amie malicieuse qui connaît bien le journal me "textote" qu'y travailler le jour de la fête des morts c'est de circonstance. Ce qui me fait ricaner bien que en réalité, la fête des invisibles ce soit demain seulement.

Ce blog m'aura vraiment fait faire une immense boucle dans le temps. Avec le souvenir vivant de Fréd, les confirmations recherchées autour de son décès. Maintenant, c'est l'attente des résultats de la biopie opérée l'autre jour par le docteur Té (qui seront vraisemblablement : "tiens, vous avez un cancer du poumon") qui m'oblige à me demander "ça fait combien d'années que je n'ai pas eu peur de mourir" et aussi "est-ce que cela fait date avec des événements semblables" ? Je pense, entre autres réjouissances, au cancer de mon père, père auquel j'ai pensé en débutant ce blog pour des questions de dates justement.

Excellente transition pour livrer ce que j'ai pensé de "Aïe! mes aieux" (de Ann Ancelin Schützenberger) : pas aimé du tout. Je n'avais aucune attente particulière de ce livre, juste la curiosité de lire ce qui fait plus ou moins figure de "bible" pour le transgénérationnel. Si on est novice en la matière, c'est sûrement formidable : plein de références, des exemples, les symboles utilisés pour construire un génogramme etc. Pour moi en revanche ce fut assez pénible : brouillon, répétitif, pas très bien écrit, parfois peu convaincant.

Donc pour chasser loin toutes les déconvenues, j'ai remis le bout du nez dans "Histoire de la princesse de Montpensier", de Madame de Lafayette (dont une adaptation ciné vient de sortir) : plaisir garanti, renouvelé. Cruauté, passion, amour-propre, jalousie... Il y a tellement à en dire...
Voilà au moins qui est éternel.

dimanche 31 octobre 2010

dragons

Est-ce que j'ai anticipé que les résultats de la fibroscopie puissent être mauvais ? Non, je ne crois pas. Sinon, j'imagine que j'aurais passé cet épisode sous silence. Me voilà, une première fois, piégé par ce blog, en tout cas par l'exposition de moi sur ce blog.

Que dire ? Hier, lorsque le pneumologue, le docteur T., est revenu vers moi après mon réveil suite à la fibro, il m'a parlé d'une anomalie, c'est son expression. D'ailleurs, je n'ai pas eu le loisir de le questionner plus, car il s'est de suite énervé avec son histoire de rendez-vous : il avait décidé sans me concerter que nous aurions rendez-vous le mercredi car il s'était aussi soi-disant décarcassé pour avoir les résultats d'analyses ce jour-là. 
Il se trouve que moi je n'avais rien demandé de tout cela, que cette semaine et la suivante je n'ai pas le loisir de m'absenter en plein après-midi (je bosse même le premier novembre), mais tout cela l'a mis en colère de façon irrationnelle. C'est tout de même la deuxième fois cette semaine que je me faisais engueuler par un médecin (voir billet du 25/10) : merci du soutien.

Ce soir, coup de fil de EMA, ma chère doctoresse, avec laquelle j'avais pris cette semaine un rendez vous pour le 17 novembre. Surpris de l'entendre, je me dis qu'elle devait se souvenir de la date de la fibroscopie et qu'elle appelait pour prendre des nouvelles.

En réalité, non. Elle avait eu le docteur T. au téléphone, qui l'avait mandaté pour me décider à accepter le rendez-vous du mercredi.
(Le docteur T. me prend visiblement pour quelqu'un qui refuse ses rendez-vous par caprice mais qui a tout son temps de libre, et qu'une personne bien intentionnée va pouvoir faire changer d'avis. Le docteur T. me prend pour un crétin. Je me pince.)

Moins sympa pour elle et pour moi, le docteur T. s'est déchargé sur elle - sans le lui dire clairement je pense -, de m'annoncer que mon cas est grave et nécessite une intervention. De l'anomalie du vendredi soir annoncée entre deux rideaux en plastique vert pâle, on passe à des euphémismes variés qui ne disent pas le nom cancer mais ne disent que ça (il faut dire que nous parlons sans les résultats d'analyses). Avec une pression, un stress, une injonction à prendre les choses en main comme s'il fallait que dans une semaine je sois sur le billard (je me pince une deuxième fois, ça doit être l'image du crabe qui fait son chemin).

Je suis assez mal à l'aise car je suis habité par deux sentiments contraires : l'exaspération, très forte, due aux manières du docteur T. (entre temps, j'apprends que l'urgence du rendez-vous du mercredi est aussi liée au fait que le doc parte en vacances le jeudi...), et la volonté de lutter contre le stress de tous ces médecins (ce n'est pas le calendrier médical qui va rythmer ma vie, ce sont les actes médicaux qui vont se caler entre mes projets).
Du coup j'élève pas mal la voix et j'en suis désolé pour EMA (surtout que vraiment, je  pense qu'elle n'a pas pris la mesure du mauvais tour que lui a joué le docteur T.).

Mais il ne faut pas lutter contre le malade au prétexte de lutter contre la maladie. Pour la suite c'est moi qui décide. Moi moi moi.

D'ailleurs, je pense que leurs mâchoires vont se décrocher quand ils vont savoir que je pars deux semaines en Thailande avec Alain à la fin novembre...

vendredi 29 octobre 2010

broncher

Après une matinée de travail plutôt sobre (d'autant que je suis à jeûn depuis huit heures du matin) mais efficace, je pars à la clinique.


Là-bas, attente un peu longue avant qu'un ressortissant étranger, qui n'a pas d'assurance en France, accepte de faire les chèques de caution demandés par la secrétaire de l'accueil. 

L'obsession avec moi, apparemment, c'est "vous êtes bien à jeûn?," que toute personne rencontrée me demande (secrétaire, anesthésiste, médecin, infirmier). 

Le début se passe bien : les gens sont courtois, le personnel est plutôt décontracté, mon infirmier n'arrive pas à sortir le lit roulant de la chambre et reste bloqué dans le couloir ("je n'ai pas l'habitude de brancarder") ce qui est l'occasion d'une fausse partie de voiture tamponneuses avec les brancards.
Le pneumologue regarde la dernière radio sur l'écran lumineux et finit par trouver lui-aussi que vraiment, ça ne s'arrange pas, ça devient inquiétant. Il parle pas mal de cancer ce qui ne me fait pas trop plaisir, et signale que ce qui sera prélevé partira dans deux labos, un pour les bactéries, l'autres pour les cellules suspectes.
L'anesthésiste est moins Laspalès que la dernière fois, il a dû se raser, mais il est encore plus jovial que je l'avais identifié, entrant en braillant qu'il ne trouve pas son masque (moi je l'imagine avec un truc de mardi gras sur le visage genre Winnie l'Ourson), on ne s'entend presque plus parler avec le pneumologue, en réalité il cherche le petit masque en papier qui couvre nez et bouche, il chantonne pom-pom-pom pendant qu'il me pique le bras.
Ensuite c'est le moment magique de l'endormissement. Puis presque aussitôt le réveil. 
Je ne sais pas si j'ai rêvé ou non mais j'ai le sentiment d'avoir eu avec  l'infirmer de la salle de réveil une conversation bizarre. Observant un livre qu'il aurait eu avec lui, je lui aurais demandé ce que c'était et il m'aurait révélé : "Au bonheur des  dames ", de Zola. Je lui aurais demandé de me le prêter et il aurait fait la sourde oreille (comme on ferait la sourde oreille à un malade qui divague...). Mais j'aurais tout de même insisté pour l'avoir, sans succès.

Plus tard nous est servi, à moi et mes collègues d'endormissement allongés dans des box à côté, un petit déjeuner qui fait du bien.

La où ça se gâte : c'est l'arrivée du pneumo, assez content j'ai l'impression, d'avoir trouvé une anomalie dans une bronche. Il me montre une image qui ressemble à un anus dilaté en précisant, dieu merci, que c'est un zoom. Il ajoute qu'il a insisté pour avoir les résultats mercredi (et insisté à cause du premier novembre) et que donc je dois venir le voir mercredi à 17h00. Jour où bien évidemment je ne suis pas libre. Là s'ensuit un dialogue assez ahurissant. J'avais déjà eu le sentiment de l'agacer un peu mais là...

Je lui rappelle que je travaille dans un hebdo avec bouclage mardi mercredi jeudi et que jusqu'au 15 novembre précisément j'avais déjà indiqué que je n'avais aucune disponibilité et que j'ai déjà fait des pieds et des mains pour avancer la fibro. Mais lui est furieux, vraiment, et il avance des arguments à la con comme quoi c'est ma santé, c'est important etc. A tel point qu'à un moment je lui signale qu'on peut aussi s'engueuler et se fâcher et ne plus se voir si c'est sa méthode à lui. Encore plus énervé quand je lui signale qu'entre discuter des résultats le 3 ou le faire le 17, ça ne devrait pas changer la face du monde. Il est parti tout renfrogné. 
Est-ce qu'ils vont me lâcher tous ces gens-là, à la fin ?