« Les hommes du village découvrent la situation tragique qui les condamne à fuir dans la nature à chaque ratissage. Ils sont contraints de laisser les femmes affronter seules les soldats. Retenant leur souffle, à l'écoute du moindre bruit, ils ne peuvent que serrer les poings dans leur trou. Le travail de la terre ne se fait plus et la famille en subit les conséquences. C'est encore plus de misère. Mais leur vie ne tient qu'à un fil. S'ils se cachent et qu'ils sont découverts, une rafale ou une grenade les attendent. S'ils ne se cachent pas, ils risquent de se faire tirer dessus, ou s'ils sont arrêtés d'être torturés, car l'armée française va les prendre pour des "fellaghas". Mais si, par chance, l'homme est libéré et revient au village, il devient suspect aux yeux de nos chefs. Le raisonnement de ces derniers est simple : si l'homme est libéré, c'est qu'il a parlé. Il se voit infliger un premier avertissement. S'il réchappe une seconde fois des griffes de l'armée, alors c'est le risque d'une grave suspicion. Il n'y a pas beaucoup de solutions pour rester en vie... »
Extrait de La Temesguida, une enfance dans la guerre d'Algérie, de Aïssa Touati avec Régis Guyotat, éd. Gallimard, coll. Témoins.
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