Photo J. Sassier/Gallimard. |
"Je pense que c’est la poésie qui m’a amené à la politique, et pas les événements. C’est la conception poétique du monde qui m’a fait comprendre qu’il y avait une manière uniforme, unilatérale, fixe, et enfermée de concevoir le monde, et une autre manière, diversifiée et solidaire. C’est la poésie qui m’a enseigné ça. C’est l’imaginaire qui se met soudain à fonctionner, sur des paysages, des horizons, des cris, et on ne conçoit plus le monde à partir du nombril de sa propre identité."
Édouard Glissant (décédé le 3 février), entretien avec Nadia Khouri-Dagher, 2007, Afrik.com.
Et si cette même poésie pouvait inspirer un journalisme un peu plus vibrant ? Pour sortir de cet ânonnement bêta d'une rédaction à une autre, de ce conformisme ennuyeux qui est aussi un prisme déformant et qui rend toute la presse équivalente ?
Bon, la question n'est sûrement pas d'actualité ce jour de reprise de travail après six ou sept semaines d'arrêt maladie. Je retrouve, inchangés, les rites et les manies de chacun qui structurent à défaut d'autres choses la vie de bureau. Là c'est le théâtre de l'absurde plutôt que la poésie qui fait référence. Comme je n'avais pas fait publicité de mon intervention chirurgicale, certains pensaient que j'étais parti pour de longues vacances et m'accueillent avec la sympathie envieuse que l'on a pour les roublards qui ont bien profité de quelque chose : "alors, c'était bon ?"
Il faut reconnaître qu'à sa façon, la pompe à morphine proposait de jolis voyages. Il y a notamment ce jour où voyant le visage de Dieu se dessiner sur le mur de la chambre d'hôpital, je me résignai : "je suis obligé maintenant de croire en Dieu puisqu'il me manifeste sa présence..." Puis dans un sursaut de lucidité et d'humilité : "non, si demain sans morphine tu vois toujours Dieu sur le mur, alors seulement tu croiras..." Et bien le lendemain, j'étais seul avec moi-même.
Tu crois que Dieu se manifeste comme ça ? Il envoie -en principe - d'abord ses intercesseurs ; les anges, les saints, les archanges Raphael, Gabriel et Michel. La Vierge fait parfois le déplacement pour les cas graves... Mais Dieu directement non, c'est donc un coup de la pompe à morphine.
RépondreSupprimermerveilleux glissant,
RépondreSupprimerqui glisse et se hisse au parnasse des poètes,
homme de mots et de lien
sans conteste unique.
à lire "la philosophie de la relation" où l'universalité naît des diversités
biz
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