J'étais prêt pour la fête.
En stéréo depuis 21 heures, un ordi diffusant en anglais, un autre en français, dans une cacophonie qui me rapprochait symboliquement du brouhaha de la place Tahrir. Déroulant dans ma tête tous les articles lus ces dernières heures qui prédisaient qui un bain de sang, qui un durcissement, qui une intervention de l'armée... et me réjouissant, hélas trop à l'avance, d'un dénouement inattendu et joyeux qui contredirait ces funestes Cassandre.
Donc Hosni Moubarak ne quitte pas le pouvoir, il le délègue (quoi, comment ?) à Omar Souleimane. Le tout annoncé lors d'une allocution télévisée, étrange mélange de sirop patriotique, de tentative de récupération de la jeunesse et de ses "martyrs", de moi-je moi-je moi-je, de bras d'honneur aux Américains, de deux ou trois vraies annonces (la constitution, la loi d'état d'urgence) et d'un paternalisme doucereux et doucement menaçant (en gros, rentrez chez vous sinon on change de ton).
Surdité, ennui, immobilisme, intimidation... Ce n'est pas le rendez-vous historique espéré.
On dit déjà que certains manifestants, déçus, se dirigent vers le palais présidentiel alors que soudain Omar Souleimane est annoncé lui aussi à la télévision (environ 22h30 heure française).
Idem. Pas plus précis sur le partage du pouvoir, et toujours l'injonction au retour à la normale (rentrez chez vous) au nom de l'ordre, de l'économie, du travail etc. Et quelques piques en direction des médias étrangers.
Si c'était pour renforcer la colère de la rue, c'est réussi. "Pourquoi devraient-on les croire, entend-on dire sur place (selon Al Jazeera), cela fait des années qu'ils nous mentent."
De quoi seront fait les jours à venir ?
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