samedi 28 août 2010

limon

Le retour à Paris après trois semaines de formation intensive est assez étrange.
D'autant que Lisa, Philippe, Rula et moi (puis Fred qui nous a rejoints) avons été bloqués cinq heures au départ de Montpellier à cause d'incendies qui empêchaient la circulation des trains. Finalement la chance de pouvoir passer quelques heures avec eux aura été plus importante que le désagrément de l'attente.

Je regarde les quelques photos que j'ai prises au Hameau de l'étoile où se déroulait la formation. La plupart sont surexposées. Cela me fait sourire, moi qui questionne toujours ma présence en ces termes : sous exposé ou sur exposé ?
La montagne est là. Je me rappelle le premier practicum du séjour, avec Sandy, lorsque j'évoquais mes racines provençales, cette montagne, un peu aride, qui se tenait derrière la grange, barrant l'horizon : une force, presque un œil, une conscience.

Les quelques notes que j'ai prises pendant le séjour me paraissent lointaines déjà. J'ai besoin de laisser ces journées passées traverser l'eau de mon être, se dissoudre lentement en fines particules et enrichir ma terre intérieure.

Alain m'appelle au téléphone pendant que j'écris ce texte. Il est quelque part en Suisse, sur l'aire d'une station-service, avec John. Je lui dis qu'il m'a manqué. C'est la première fois.


vendredi 6 août 2010

fumées

"Un blog sur koi ?", m'a textoté mon ami quand je lui ai annoncé que je créais ce blog. "Sur l'amour je crois", ai-je répondu (comment allait-il prendre ce premier texte dédié à Lou ?) "mais ça ne parle pas encore de toi", ai-je ajouté pour l'y préparer.


La nuit qui a suivi mon premier post j'étais assez énervé. C'est-à-dire troublé, dans un kaléidoscope d'images, de souvenirs et de sentiments agréables. Des morceaux d'histoire se chevauchant, scintillant, mobiles comme des feuillages dans le ciel, des reflets de lumière sur l'eau...
Satisfait aussi par une forme de plénitude, content d'avoir saisi cette fenêtre numérique, de m'y être penché pour crier à la rue, aux passants, à la ville, au monde, aux nuages etc. (Se souvenir aussi de Michel Cressole et de sa rubrique dans "L'autre journal", une folle à sa fenêtre.)
Et en rage, du peu de traces de Lou sur la toile : qu'avaient donc fait ses proches et toutes ces veuves auto-proclamées qui s'étaient empressées de le faire disparaître sans même m'avoir passé un coup de fil (mais j'étais tout de même au crématorium du père Lachaise ce jour-là, grâce à MPS). Qu'ont donc fait toutes ces personnes qui ont partagé son quotidien les dernières années pour ne pas laisser trace digne de cet homme ?


Où sont les âmes mortes et les âmes vivantes, 
où sont les âmes soignantes et les âmes blessées ?


"Je vais exiger des droits si je suis sur ton blog", a encore ajouté mon ami Alain.
"je te paierai en petits baisers", ai-je annoncé.



les premiers

C'est le 4 août que j'ai écrit le premier texte de ce blog. Je l'ai posté plus tard.


Ce que j'allais écrire, je n'en savais rien. Et soudain, c'était l'évidence, transparente. 
Ce dont je voulais témoigner en premier lieu, c'est que je n'oublie pas Lou Goaco. 


J'étais ému que Lou revienne de cette façon, fluide comme le courant d'air qui balayait la pièce, me saisissant pour dire cette vérité-là, me saisissant de l'intérieur, comme remontant en moi, se révélant. En réalité, je ne m'y attendais pas, j'étais assez choqué.


Sidéré devant l'ordi, je me suis rendu compte que je ne savais pas quelles ressources il y avait le concernant sur le net. Je ne l'avais jamais "googlelisé". J'ai surfé et j'ai finalement trouvé très peu de choses. Puis j'ai voulu essayer la fonction "image" et là, avant de lancer la recherche, j'ai eu peur. Une peur connue, celle de l'amoureux, ce gouffre particulier au ventre. 


Donc ça devait être le premier texte de ce blog, une ligne qui dirait juste "je n'oublie pas Lou Goaco", et c'était finalement un miroir tendu à l'amour. 
Moi, Frédéric, toujours dans l'amour de Lou. Pour toujours, différemment, indifféremment. 


Je mettrai une photo de Lou plus tard sur ce blog. Pour lui, pour moi, pour l'amour.