mercredi 29 juin 2011

les otages

Comme beaucoup d'internautes j'ai visionné Debtocracy, film militant réalisé par Katerina Kiditi et Aris Chatzistefanou. (Il y a un site mais j'ai l'impression que les sous-titres ne fonctionnent pas alors qu'en passant par un moteur de recherche on déniche des versions avec des sous-titres en anglais, en espagnol ou en français).
On peut lui trouver mille défauts, il a au moins le mérite de poser la question de la dette des états, en rappelant le principe de "dette odieuse" qui permet d'effacer celle-ci d'un revers de main, ou presque. 

Les auteurs de Debtocracy, image sans crédit photo
prise sur le site owni.fr

Intéressant rappel sur le coup d'éponge qui a annulé la dette odieuse de Saddam Hussein, et sur l'action du président Correa en Équateur : celui-ci a créé une commission d'audit pour vérifier les conditions de création des emprunts à l'origine de la dette. La plupart du temps les circonstances révèlent des irrégularités qui permettent de déclarer la dette irrecevable.
C'est ce que réclament nombre de Grecs aujourd'hui.

Sacré zoom aussi sur le FMI. Je n'ai pas vérifié l'information mais il est dit que dans les pays en développement où le FMI passe, l'espérance de vie chute de cinq ans!... (J'ai peine à croire que ce soit à ce point mais je ne vois pas non plus comment confirmer ou infirmer cette information ?...). En tout cas l'exemple de l'action du FMI en Argentine n'est un bon souvenir pour personne. Mais "le FMI est comme un zombie, il ne meurt jamais!" 
C'est Christine Lagarde qui mène maintenant le cortège funèbre.


Parmi les remaniés du jour, Laurent Wauquiez devient secrétaire d'État. J'ai trouvé des données très variables sur le salaire d'un secrétaire d'État, mais il devrait toucher entre 28 et 40 RSA par mois. Le contribuable est forcément un peu un otage.

(C'est le 200e message de ce blog !)

histoires de fesses

Ce matin sur la selle de mon vélo je trouve ce petit bonhomme. Quel bras cassé, il a perdu son parachute (pas de chocolats en perspective). Je me demande si je vais lui faire rejoindre la petite cohorte d'handicapés qu'Alain et moi prenons plaisir à ramasser de part le monde : soldats, super héros, sportifs ou extraterrestres en plastique trouvés au hasard de nos vacances. En tout cas je ne vais pas m'assoir dessus.


Plus tard dans la journée, une subite impulsion d'achat me conduit vers un magasin où j'ai quelquefois acheté des maillots de bain, dans le passage du Grand-cerf. Je choisi un modèle bleu et jaune mais la taille 1 me paraît microscopique.
- Non, c'est ce qu'il vous faut. C'est ma taille, dit le vendeur qui est beaucoup plus grand que moi. Et j'ai des air bags ajoute-t-il avec un beau sourire.
- Vous êtes sûr?... Je me demande si mes cuisses rentrent là-dedans. 
- Je vous assure, insiste D. (j'apprends son prénom plus tard) en tendant la jambe pour me montrer l'épaisseur de sa cuisse. Je les fais sur moi. Tout rentre. La taille 2 sera trop grande. 
Au moment de payer j'avise qu'effectivement il a un joli fessier rebondi.
- Oui en effet vous avez des air bags... C'est de naissance ou vous les avez fabriqués ?...
- Des années de pointes et demi-pointes, ça aide...

lundi 27 juin 2011

diversité

La semaine dernière, par deux fois on a qualifié mon blog d'éclectique. J'ai toujours une petite gêne vis-à-vis de cet adjectif qui me colle un peu trop bien à la peau.
Ce matin je regarde la liste des biens nouvellement inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco (dont ces deux-là, ci-dessous). Ce n'est pas moi, c'est l'univers tout entier qui est éclectique.


Méroé, au Soudan, photo B. N.  Chagny
Usine Fagus, conçue par Walter Gropius,
photo de C. Jansen/M. Reiss
trouvée sur le site http://fr.structurae.de/index.cfm

jeudi 23 juin 2011

chronique d'un été

Je débute la journée en regardant des extraits de Chronique d'un été (Paris, 1960). Après les premiers tournages africains, Jean Rouch, à la demande d'Egdar Morin, détourne son regard entomologiste de l'homme noir pour le porter sur l'homme blanc, qui est aussi un sauvage. Il s'agit de questionner les Parisiens sur leur idée du bonheur. La prise de son est synchrone à la capture des images. 
Je regarde cela sur le Net, et la plus longue vidéo que je trouve est sous-titrée en espagnol. La première phrase du film s'affirme comme une forme de manifeste : "Ce film n'a pas été joué par des acteurs, mais vécu par des hommes et des femmes qui ont donné des moments de leur existence à une expérience nouvelle de cinéma vérité." Et le sous-titre espagnol indique "ciné-realidad". Sacrilège, confondre vérité et réalité (c'est du niveau de Luc Ferry) !

Plus tard, constatant que c'est le dernier jour pour découvrir l'œuvre de Anish Kapoor dans le cadre de Monumenta, je passe au Grand-Palais espérant que tout le monde aura oublié cet événement et que je serais seul à en profiter. Pas du tout : je suis parfois d'une naïveté confondante.




J'espère que ma cape d'invisibilité va me permettre de zapper la file d'attente, car j'ai un a-priori défavorable sur cette mega sculpture, je doute d'être emballé (subtile référence à Christo), et je peste d'avance contre cette mode de l'art contemporain qui amène les foules au musée comme au parc d'attractions.
Ma cape magique fonctionne, me voici devant la vilaine petite porte à tambour qui, hop!, me conduit directement dans la sculpture : impression désagréable de chaleur, d'étouffement, de foule. Idéal pour cultiver e-coli.
Dire que j'avais évité le jour du vernissage pour ne pas me taper les hordes de barbus néo-post-modernisés et les petites robes noires sur stilettos. Des gens debout, d'autres assis, beaucoup avec des appareils photos dont les displays lumineux créent de petites fenêtres trop vives dans l'ambiance rougeoyante. Comme tous, je tends le cou, lève la tête, laisse mon regard balayer cette structure de dirigeable redevenu terrestre. Je ne suis pas très intéressé, pas très ému : je le fus plus en me glissant entre les courbes métalliques de la Matière du temps, de Richard Serra, à Bilbao. 


Puis soudain le soleil éclate et, à l'intérieur de la sculpture, c'est le spectacle impressionnant des verrières du Grand-Palais projetant leurs ombres sur la surface de l'œuvre. La voici vivante – le dehors et le dedans existe bien – c'est la journée idéale pour la découvrir puisque le ciel par alternance nuageux produit du terne-lumineux, du vivant-mort, du mouvant-statique. Et la foule n'est plus gênante car la regardant regarder dans ce drôle d'espace aux références organiques (interne-externe, sang, peau...) j'ai le sentiment de participer à l'ensemble, moi aussi attendant le miracle de la lumière pour actionner mon appareil numérique. Rythmes, pulsations etc. Je ne boude pas mon plaisir.




En sortant, la bête d'Anish Kapoor montre son épiderme et ses rondeurs sous la nef, et on ne peut la prendre en photo sans prendre en photo d'autres gens qui la prennent en photo. C'est difficile d'imaginer que des visiteurs grouillent à l'instant dans cet énorme œsophage et que moi-même j'y traînais quelques instants plus tôt.
Je quitte le Grand-Palais et croise une femme qui crie dans son téléphone : "je ne te dis pas que tu mens je dis que la façon dont tu parles camoufle une partie de la réalité!" Le réel, encore. La face cachée.





Je passe devant le cirque des frères Forman,  ils ont monté à côté du théâtre du Rond-Point un petit chapiteau qui ressemble à une boîte à musique. Des artistes s'entraînent au trampoline. Il paraît qu'il n'y a plus de place pour leur spectacle Obludárium. Dommage. 
Je ne résiste pas au plaisir d'aller acheter du Michel Foucault (le tome I des Dits et écrits) au Virgin des Champs-Élysées bien que ma cape d'invisibilité ne fonctionne pas aux caisses du magasin. Et c'est long.

allées et venues

Hier midi je tombe par hasard sur Malika, pas loin du bureau : je sors de la banque, elle y entre, à peu de choses près. Du coup on déjeune ensemble dans un japonais du quartier que j'aime bien. Au cours du menu express à 13,50 elle me glisse une réflexion comme si je bloguais très peu ces jours-ci. Moi je suis dans l'idée que c'est vrai, donc j'acquiesce, mais je trouve qu'à la lecture cela ne se voit pas tant que cela.


Comme j'ai réservé pas mal de soirées à l'écriture d'un "plus-ou-moins" mémoire, je ne sors pas, je ne lis rien d'autre que des écrits qui peuvent me servir à ce boulot et tout cela n'est pas palpitant à relater.
Les moments agréables, déjeuners avec Anne, ou Maud, ou Véronique, parfois avec des découvertes de nouveaux lieux, je ne sais pourquoi dans cette économie studieuse des dernières semaines je ne trouve pas cela pertinent de le restituer ici. D'ailleurs, je n'ai même pas fait de photo de ce bon restaurant, au fond du passage des Panoramas, l'autre jour.

HR fêtait ses trente ans samedi soir et au dernier moment j'ai renoncé à y aller, fatigué à l'avance de devoir me lever le lendemain matin pour aller à Malakoff, mais aussi terrassé à l'idée de me retrouver entouré de jeunes gens qui, s'ils avaient suivi la consigne, auraient été déguisés selon le thème 1981, année de naissance de HR donc, mais année de mes vingt ans. C'est raide, non? Je crois que, depuis, elle me fait la gueule. Ou peut-être est-ce trop tôt pour le dire.

Ma bonne résolution internetienne de la semaine, c'était de mettre en lien certains blogs que j'avais visités autrefois avant de me rendre à l'étranger. Je recherche l'un d'eux qui m'avait fourni de bonnes adresses à Istanbul : je m'aperçois qu'il n'est plus actif depuis quelques années. 
C'est étrange le "lien" : j'ai goûté certains cafés, en Turquie, conseillé par une jeune fille que je ne connais pas, et des années plus tard, je suis presque à m'inquiéter pour elle.
Je l'ai contactée. Elle vient juste de se réinstaller en France, avec "sa petite famille".
Le village global ?

lundi 20 juin 2011

salmigondis

Avais-je déjà croisé Jean-Pierre Vernant comme le suggère mon ami anonyme dans son dernier commentaire ? La question mérite d'être posée, ou bien une approchante : ce qui est suggéré ici est que j'aurais vraisemblablement lu des articles de Vernant dans une revue pour laquelle travaille cet ami et pour laquelle j'ai, moi-aussi, très épisodiquement, collaboré.
C'est possible, mais la question approchante est celle de l'apprentissage.
Comment se fait-il que tel ou tel fait, telle ou telle figure prenne soudain sens ou me fasse soudain signe dans le brouhaha des informations d'aujourd'hui et d'hier ? 

Je suis comme l'Ernesto des Enfants, de Marguerite Duras : je crois qu'il est vain de tenter de m'apprendre quelque chose que je ne sais pas.

Pour que le savoir ne disparaisse pas dans le trou noir de ma caboche, il faut qu'à l'intérieur de moi quelque chose l'ait reconnu et accepte de le recueillir. C'est une adoption.
Lorsque Cécile me parle de Jean-Pierre Vernant, elle n'évoque pas le spécialiste de la Grèce antique, elle évoque avant tout le grand-père qu'il était, la transmission, les mythes grecs racontés le soir aux enfants, évidemment la figure du père et du beau-père. Ça c'est l'accrochage affectif mais je pense que malheureusement il faut que cela réponde à quelque chose de déjà saillant en moi (ici la figure du grand-père) pour que cela s'y pose, s'y dépose, sédimente. Comme si le savoir ne pouvait toujours être qu'un "savoir en plus". Un croisement de regards.

Un p'tit coin d'Malakoff (sur l'air d'un p'tit coin d'paradis),
un dimanche.

Bon, je ne sais pas ce que cette réflexion vaut à cette heure-ci, une heure du mat', après une journée de travail psy de l'autre côté du périphérique (j'ai fait flop auprès de mes collègues avec ma salade de trois riz au saumon sauvage frais, sauce à l'aneth, tomates cerise, fonds d'artichauts et olives noires, c'était bien la peine de zigouiller un poisson en plein Atlantique pour ça mais moi j'ai trouvé cela bon).
Sinon ce soir : Grèce, Maroc, Tunisie, Libye, Syrie... ça continue. Cette époque est incroyable. Je n'en crois pas mes yeux.

vendredi 17 juin 2011

eva vue

Eva Ionesco a tourné un film inspiré de sa vie et de celle de sa mère, Irina (interprétée par Isabelle Huppert).
Eva par Irina.

Moi je me souviens encore du numéro du magazine Photo dans lequel j'ai découvert pour la première fois ces images, je devais avoir dix-sept ans. C'était d'un érotisme inouï pour l'époque, ça le reste aujourd'hui. Presque un Pierre Molinier au féminin. La bande annonce du film est déjà visible sur le Net mais revoir les photos c'est déjà bien (et peut-être suffisant). 

jeudi 16 juin 2011

Grèce et muscle

Voilà, j'ai planifié quelques jours de vacances à Athènes en septembre. J'ai le sens de l'actu.

Comme chaque fois que je projette d'aller dans une ville étrangère, je jette un coup d'oeil sur les blogs des Français qui vivent sur place. C'est toujours très très instructif. Les leitmotivs : austérité, morosité, indignés... Sur l'un d'eux il y a cette photo que j'aime bien.

Photo Menis Tselentis

D'ici septembre, j'aurai le temps de relire Jean-Pierre Vernant. Je l'ai découvert il y a quelques années seulement : l'inconvénient et l'avantage d'avoir une culture limitée (toujours des découvertes à venir). J'avais fait un bilan de compétence avec une jolie femme, Cécile, très séduisante, qui s'est avérée être sa belle-fille : c'est elle qui m'en a parlé.

Hier soir je suis allé en salle de gym, faire travailler mes poumons. Toujours le même régime : vélo, tapis de course. Il n'y a pas beaucoup de gens comme moi. Les sportifs en salle sont jeunes, les hommes veulent plus de muscles, les femmes veulent moins de poids. 
Un jeune garçon avait un air grec, c'est du moins ce que je me suis dit : petit gabarit, fin, une peau de marbre, des muscles dessinés, en tout cas pour ceux que je pouvais voir, c'est-à-dire les bras, et les épaules, rondes à souhait ; des cheveux de jais, bouclés. Lui, comme moi, me paraissait un peu atypique : il avait un physique de sportif, de lutteur, alors que sur les autres hommes ont voit le travail des machines.
Dans le vestiaire, il est resté des heures à se déshabiller sans quitter des yeux son reflet dans le miroir : sidéré par lui-même. Quand je suis parti il se regardait toujours.

« "Ce que je ne puis toucher, qu'il me soit permis d'en repaître mes yeux, et d'en nourrir ma misérable folie!" Et, tout en se lamentant, il écarta, depuis le haut, son vêtement et frappa son sein nu de la paume de ses mains de marbre. Sous les coups, sa poitrine se teinta de rose, tout de même que font les fruits qui, en partie blancs, rosissent en partie, ou comme, sur les grappes tavelées, le grain, encore vert, se colore de pourpre. Quand il le vit dans l'eau revenue limpide, il n'en put supporter davantage."
Ovide, les Métamorphoses, éd. GF Flammarion.

mardi 14 juin 2011

une coupe de shamp

Le coiffeur a un enfant. Il s'appelle Salah et d'après la prononciation, j'imagine que cela s'écrit avec un h à la fin. Le petit à quarante jours maintenant. 
Il est vraiment gentil ce coiffeur. Il dit : "c'est incroyable, ça change la vie, ce n'est plus pareil." C'est banal, mais cette banalité là me réjouit, c'est ainsi.



Je m'aperçois en discutant qu'il pense que j'habite toujours dans la rue du Faubourg-Saint Denis. 
- Non, j'ai changé, avant j'habitais devant le Monoprix.
Je lui annonce que je vais devoir déménager à nouveau, car l'appartement est mis en vente. Je me rend compte qu'il connaît bien les prix du marché, il sait me donner le prix de vente d'après la superficie, chose que je suis tout à fait incapable de faire. Du coup j'imagine qu'il est propriétaire de son appartement, chose que je suis là encore tout à fait incapable de faire.

En sortant de chez ce coiffeur-là, je me souviens d'un temps où j'allais dans le marais chez un merlan qui avait un nom à consonance asiatique (que j'ai oublié), et qu'une jeune fille s'occupait du shampooing : elle me massait le crâne avec la mousse, longuement. C'était bon. La première fois que j'y étais allé, je portais un pull de pompier et elle m'avait pris pour un locataire de la caserne d'à côté. 

samedi 11 juin 2011

philoso-fion

Le jour où je partais pour mes vacances espagnoles, DSK se faisait arrêter aux États-Unis. Pendant ces journées ensoleillées, je me sentais presque loin de tout, l'affaire Georges Tron éclatait.
Inutile de préciser que, à mon retour à Paris, je n'ai pas prêté beaucoup d'attention aux déclarations fanfaronnantes de Luc Ferry, ayant en tête d'autres ambitions que celle de polluer mon esprit bronzé avec de  pâles inepties.

Jeudi 9 juin pourtant, un long article de Luc Ferry attire mon regard dans le Figaro, pages débats/opinions. Il est titré "Quelle vérité ? Entre omerta et diffamation." Comme je m'intéresse aux questions foucaldiennes de la vérité et de l'aveu, je jette un coup d'œil sur ce texte. 

Luc Ferry affirme qu'en terme de révélations, il ne faisait que citer une affaire connue de tous, qui s'affichait la veille même de son intervention télévisée "dans le Figaro Magazine : non pas au conditionnel, comme une fiction, mais bel et bien comme un récit véridique" précise-t-il. Fichtre. Un scoop. Mon intense curiosité me pousse à chercher cet article sur le Net. 

Le voici :
La loi du silence peut aussi couvrir des crimes à l'étranger. Il y a quelques années, des policiers de Marrakech effectuent une descente nocturne dans une villa de la palmeraie où une fête bien spéciale bat son plein. Les participants, des Français, sont surpris alors qu'ils «s'amusent» avec de jeunes garçons. Comme il se doit, la police embarque les adultes pris en flagrant délit. Parmi eux, un personnage proteste avec véhémence. Au commissariat, son identité est confirmée: il s'agit d'un ancien ministre français.
Le consul de France local est aussitôt avisé, qui informe à son tour l'ambassade à Rabat. L'affaire est rapidement arrangée et «l'excellence», libérée sur-le-champ, peut embarquer dans un avion pour la France. Aucune procédure ne sera engagée contre quiconque au Maroc. Et, bien que le tourisme sexuel soit, en principe, poursuivi par la justice française, cet homme n'aura aucun ennui à son retour.
Notre source marocaine craint pour sa carrière, l'affaire a été étouffée. Faute d'éléments de procédure ou de témoignage, la loi nous interdit légitimement de nommer le personnage.
F. M.

Il s'agit donc, dans un lieu non identifié de la palmeraie de Marrakech, d'une fête dont on ne sait rien. Il y a des participants français, ou bien tous les participants sont français — le texte est ambigu —, qui font on ne sait quoi (le "s'amusent" entre guillemets laisse entendre qu'il s'agit d'une activité plaisante mais on fait rarement une fête pour le contraire) avec de jeunes garçons, dont on ne sait pas s'ils doivent être entendus comme faisant partie des "participants, des Français" ou non. La police embarque les adultes, on ignore pourquoi, mais l'utilisation du mot adulte insinue, par contraste, que les jeunes gens pourraient être des ados ou des enfants mais s'il l'étaient, des enfants, je pense que ce serait précisé dans le texte, je ne vois pas ce qui empêcherait l'auteur de l'article de l'indiquer. 
De la même façon, l'expression "flagrant délit" peut être entendue comme signalant un délit, mais lequel : tapage nocturne, usage de drogue, consommation d'alcool ?... Parmi ces personnes embarquées sans motif indiqué, l'une d'elles proteste. Il s'avère qu'il s'agit d'un ministre. 
Cet embarquement policier ne débouche sur rien, ni côté marocain, ni côté français. Il semble que le tourisme sexuel ne soit pas la cause de la descente nocturne de la police car ce délit est puni par la justice française et que cet homme n'est pas inquiété à son retour.
Voilà en tout cas ce qu'une personne censée est susceptible de lire dans cet article.

Revenons à celui de Luc Ferry. Il y est question de "coupure entre le peuple et ce que les sociologues appellent 'l'élite'". De "microcosme". De choses qui doivent être portées "à la connaissance des citoyens". De "savoirs réservés au small word, au 'petit monde'". De "myriades d'informations à bien des égards crédibles". Du "discrédit terrifiant qui touche les élites".

On comprend que Luc Ferry se prend pour une élite, qu'il vit dans un tout petit tout petit monde, bombardé de rumeurs qu'il pense être des savoirs, qu'il imagine que crédibilité et vérité sont des concepts identiques et qu'il souffre, d'un façon terrifiante, d'être discrédité.

Les personnes en souffrance ont souvent besoin de se confier, de s'épancher.

vendredi 10 juin 2011

sérendipité

La "Web life" réserve autant de surprises que la "vraie" vie.
 
Pris d'un remords (comment, je n'ai pas indiqué d'où provenaient les photos de "Touche pas à la femme blanche" ?!) je recherche le site où je les ai saisies, sans succès : impossible de remettre le curseur dessus alors que je retombe sur plusieurs blogs (j'en reparlerais peut-être plus tard) rencontrés à l'occasion de cette recherche.

En revanche, maintenant, la recherche d'images de "Touche pas à la femme blanche" sur Google affiche en cinquième page le projet des Halles photographié sur la palissade des travaux et publié sur ce blog... De quoi pallier à ce deuxième remords (aïe, que de morsures), indiquer les noms des architectes en question...
C'est David Mangin qui a initialement gagné le concours des Halles, mais pour la partie jardin seulement, son bâtiment n'ayant pas séduit ; la structure pompeusement et abusivement nommée La canopée est signé Pascal Berger et Jacques Anziutti. Mangin conserve toute la partie urbanisme.

Des quatre finalistes du concours, moi j'aimais bien le projet de Rem Koolhaas, très iconoclaste, qui avait le mérite de proposer une circulation dehors/dedans, sous-sol/surface, inédite.

Le projet de Rem Koolhaas.
 


Fus-je inconsciemment impressionné par ces grands monolithes dressés vers le ciel ? Ou simplement par les réflexions qui habitent mon mémoire : l'homme descend du singe, l'homme descend du signe,  l'homme descend du songe... ?


En tout cas quelques clics de souris plus tard je me trouve par hasard face au projet de réfection du zoo de Vincennes, sites et pétitions à l'appui. 
Après une proposition de nouveau zoo du cabinet TN+  jugée trop ambitieuse (en style et en coût), la réalisation d'une alternative est passée dans les mains de Bouygues via un ppp (partenariat public-privé), avec bataille de chiffres en arrière plan.
En début d'année (25 janvier), l'architecte des Bâtiments de France a vivement critiqué les futures installations imaginées, d'une pauvreté de "bungalow". Principale récrimination des amoureux du lieu : tous les anciens faux rochers, à l'exception du très grand restauré il y a quelques années, seront détruits. Ci-après quelques liens pour se faire une idée : 
le site d'où est tirée la photo ci-dessus (en anglais), un autre d'une association française, un article du Parisien.
À suivre...

mercredi 8 juin 2011

l'affaire du trou

J'ai un petit coup de mou côté rédaction du blog. Il faut dire qu'hier je suis allé acheter les "Dits et écrits" de Michel Foucault (le tome deux, dans l'édition en deux volumes) et cela donne envie de lire plutôt que d'écrire, en tout cas dans un premier temps.


J'avais tellement envie de l'avoir qu'au lieu de le commander dans une librairie de quartier (commerce de proximité, déconcentration de l'argent, blablabla), j'ai foncé en vélo jusqu'à la Fnac, au Forum des Halles. J'avais oublié que les travaux étaient en cours déjà, et ça m'a fait un drôle de choc.



Saut dans le passé : quand était-ce cette projection de "Touche pas à la femme blanche", de Ferreri, devant Saint-Eustache, dans le cadre du Cinéma au clair de lune ?... 2006 après vérification sur le Net. On faisait vraiment de drôle de films dans les années soixante dix. Celui-ci m'a paru avoir pas mal de charme quand je l'ai découvert quelques trente-trois ans après sa création.

Donc il était question du trou des halles dans cet ovni cinématographique, et je photographie sur les palissades une image du projet à venir. Mince, on dirait qu'il date des années quatre-vingt ! Qu'est-ce qu'il se passe ici, y'a une brèche spatio-temporelle ?! C'est le triangle des Bermudes parisien ?...

Un peu plus tard dans l'après-midi espérant une bonne surprise, je tente de trouver des  images plus alléchantes sur Internet. Je tombe sur une vidéo guère rassurante (http://www.projetleshalles.fr/exposition-les-halles-le-nouveau-coeur-de-paris-08-12-2010/). Je ne fais pas de lien, je trouve ça trop moche mais je me force à me persuader qu'en vrai ça doit être mieux, sinon je vais avoir l'air d'un vieux ronchon réac sur ce blog (autocensure, j'avoue). 
Et puis je me demande : j'ai pris en photo tant de grues à Ibiza (le projet Nouvel qui finalement avance, le Parador qui se construit puis s'interrompt, les vestiges puniques sous le parking...), à quoi va ressembler ce blog si je les publie ? À un catalogue de BTP ?

Bon, pour le plaisir, les Halles, 1973, avec cowboys et indiens...



lundi 6 juin 2011

lettres d'excuse

Je n'ai rien écrit sur ce blog depuis plusieurs jours car j'ai trop écrit ailleurs.
Maintenant à cette heure-ci je suis un peu fatigué et j'aimerais bien relire du Rimbaud.

A   E   I   U   O

vendredi 3 juin 2011

en travaux








Petit voyage virtuel, ci-dessus, qui ne dira pas grand chose j'imagine aux amis qui ne connaissent pas le lieu... Pour les autres, voici donc un exemple de la névrose "pavante" dont est saisi la municipalité d'Ibiza. Devant l'ancien couvent (aujourd'hui la mairie) la bande de palmiers est rentrée dans le rang (bacs en métal rouillé qui feront vraisemblablement office de bancs)... Quand au petit jardin qui se trouvait au flan du bâtiment, côté mer, et qui entourait le gisant... il n'en reste pour l'instant que deux petits carrés de terre battue... Les travaux sont encore en cours. Ce n'est pas moche, mais pas très gai. 

Je crois que c'est quelque chose dans ce goût-là que va subir la place Vara de Rey, comme je l'indiquais précédemment. L'ancien dallage coloré, si espagnol, va disparaître au profit d'un sol façon cailloux, les bancs de pierre et le monument central vont être conservés mais je crains que la végétation fasse les frais de l'urbaine modernité. Dernier coup d'œil avant liquidation.









mercredi 1 juin 2011

une grâce lumineuse

Marie-Claire Pauwels est morte le dimanche 22 mai. Une amie du journal m'a prévenu dans la semaine, assez tard, la veille de la cérémonie religieuse qui a eu lieu à Paris. Deux jours avant ce coup de fil, je pensais précisément à Marie-Claire et à sa malice si particulière.


C'était une femme très singulière, assez double, qui aimait l'intelligence et la légèreté, aimante et coupante. Son livre, Fille à papa, donne une assez bonne image d'elle : un ton vif et rieur qui se méfie de l'émotion, et un récit intime, peu complaisant, presque impudique par moment. C'est son portrait et celui de Louis Pauwels entremêlés, et celui d'une époque, un certain âge d'or de la presse. À lire sa drôle de vie, on saisit pourquoi Marie-Claire était finalement très atypique, jamais là où on l'attendait.

"Ma mère et moi vivons dans un charmant appartement, dont Louis paie le loyer. Quartier bourgeois, moulures, cheminée. À mes yeux d'alors, le comble du luxe. Louis en fait son pied-à-terre parisien. Il y reçoit ses collaborateurs, organise des déjeuners, accroche ses tableaux préférés, place les meubles et les objets qu'il a souvent choisis avec moi. Il y accueille aussi, avec la complicité de Maman, ravie, celles que nous appelons entre nous, à cause de la chanson de Bécaud, les 'tantes Jeanne'. C'est-à-dire les belles amies de mon père." (p. 84)

"[...] 'Je suis enceinte'. Il marque un temps. Ne me pose aucune question du style : de qui, pourquoi, comment ? Il ne sait presque rien de ma vie actuelle. C'était fou en effet. Mon divorce n'était pas réglé. J'avais quarante ans, je vivais seule avec mon fils de quinze ans. J'étais à la tête du 'magazine des valeurs sûres', ainsi que Louis l'avait défini. Cet enfant, arrivé alors que je ne pensais plus pouvoir être mère, m'apparaissait comme une grâce lumineuse. Peu m'importait l'avis des autres, peu m'importait même l'avis de mon père. Dans ce bureau qui m'intimidait tant, devant cet homme qui pesait si fort sur ma vie, je me suis sentie pour la première fois adulte. 'J'ai décidé d'avoir cet enfant', lui dis-je. En détachant les mots. Un long silence. 'Tu as raison', répondit-il sans plus d'émotion — puis il replongea dans ses papiers." (p.125-126)

Extraits de Fille à papa, Marie-Claire Pauwels, éditions Albin Michel.